Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 22

 
Perhaps love


Chine / 2005

22.11.2006
 



CHANTONS SOUS LA NEIGE





"- Souviens-toi de Pékin."

Ce qu'il y a de formidable avec la comédie musicale, c'est qu'elle peut absolument tout se permettre. Grands sentiments, ritournelles dégoulinantes et costumes improbables sont même les ingrédients indispensables du genre. Une fois cette convention acceptée, et à condition de n'être que très moyennement allergique aux scènes de danse, on peut donc prendre un plaisir réel au tournage mouvementé de la bluette sentimentale qui est au cœur de Perhaps love et apprécier à sa juste valeur l'intrigue parallèle qui nous ramène à Pékin, dix ans auparavant. On préférera d'ailleurs ces flash-back, tant le passé est à tout point de vue plus émouvant et captivant qu'un présent de carton-pâte. Autrefois, Li Jian Dong et Sun Na étaient pauvres, mais ils étaient vivants, plein de rêves, de désirs et d'humour. Dix ans plus tard, devenus riches et célèbres, ils sont comme glacés, rendus indifférents à eux-même et aux autres.

Poétiques et précieuses années
Peter Ho-sun Chan s'est attaché à rendre poétiques et précieuses les années de galère tandis que les années de gloire, avec leur lot de paillettes, sont tristement terre à terre et prosaïques. C'est que la nostalgie n'est jamais loin, et ce passé perdu semble aux yeux des protagonistes la meilleure époque de leur vie. Les trois histoires (celle de Li Jian Dong et Sun Na dans le passé, celle du film qu'ils tournent et celle qui les réunit sur le tournage) ne parlent finalement que d'une seule et même chose : l'amour et la perte de l'amour, l'innocence et la perte de l'innocence. C'est pourquoi les histoires se font écho avec autant d'acuité et se combinent en une sorte de parabole. Mais prises séparément, toutes sont assez sombres. Ni l'innocence, ni l'amour, ne l'emporte dans l'univers de Peter Ho-sun Chan. Seule la raison, froide et calculatrice, s'en sort renforcée. Et le spectacle, bien sûr, qui continue, perpétuellement renouvelé par le sang et les larmes des jeunes amoureux broyés pour son seul plaisir.

Car Perhaps love n'est pas dépourvu d'un ton épique, tragique, qui le dépasse. Il en a en tout cas l'esthétisme apprêté et l'iconographie outrancière qui déborde de couleurs vives, de décors délirants et de neige factice tombant avec une lenteur majestueuse sur le sol. Tout est factice, kitsch et excessivement romantique, directement hérité d'une longue tradition de comédies musicales américaines. Les ballets époustouflants rappellent un Américain à Paris, l'univers du Music Hall fait penser à Moulin-Rouge, la séquence dans les bas-fonds de Shanghai évoque West side story… pas une référence ne manque, toutes habilement mêlées avec des éléments plus typiquement asiatiques comme la langue ou le contexte historique. Jusqu'aux chansons qui pourraient devenir de véritables standards tant elles sont entraînantes et adaptées à un public occidental. Plus qu'à l'intrigue, évidemment très secondaire, c'est à elles que le film sert d'écrin, et sur elles qu'il se referme avec un long soupir passionné.
 
MpM

 
 
 
 

haut