Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Quand je vois le soleil


France / 2003

16.07.03
 



LES AMANTS TRISTES





"- Quand je vois le soleil, je me vois comme lui, vivante."

Dès le générique, nous entrons dans un film qui nous surprendra. Ce générique se glisse dans un mélange de mouvements saccadés, de couleurs numérisées, et de musique sacrée ("Lacrimosa", du requiem de Mozart). Nous sommes dans le cpeur du film : la beauté, la folie et la mort qui rôde.
D’ores et déjà, le parti pris de la mise en scène - caméra à l’épaule, image numérique - qui aurait pu être agaçant se révèle ingénieux. L’image semble parfois irréelle, et capte une réalité en proie avec son sujet. Le grain, les flous rajoutent alors une dimension psychologique aux faits. Cortal a voulu, avec l’image mais aussi les sons et les chorégraphies, illustrées le voyage intérieur de ce drôle de couple.
Mentionnons d’ailleurs qu’il ne faut pas se fier aux préjugés. Pagny, bon chanteur au répertoire désastreux, 10 ans après son dernier film, prouve que son jeu n’a pas perdu de son intensité. La vraie révélation est évidemment Marie-Claude Pietragalla, danseuse célèbre. Son physique, la noirceur de ses cheveux, cette allure de tragédienne grecque collent parfaitement à son personnage. Sans tomber dans l’excès type Meryl Streep, sans crane chauve ou maigreur forcée, elle ne fait que refléter la douleur, exhiber sa souffrance, cette descente aux enfers. Leurs fantasmes, leur univers propre se traduit avec leur passion artistique : la BD pour lui, la danse pour elle. Nous sommes alors dans la pure allégorie.
Les comédiens sont à l’image du film : tout en subtilité et en sensibilité. Nous voyageons à l’intérieur de ces âmes perdues, à travers des actes pulsionnels et déments. C’est la vie qui se bat contre la mort, c’est l’inacceptable qui lutte contre l’inévitable. Cortal trace alors une ligne sinueuse de doutes, d’erreurs, de remises en question, de jeux; les métastases sont absentes mais nous hantent. Car la peau est obsessionnelle dans ce film. Elle se maquille, se nettoie, se protège, se flagelle...
Quand je vois le soleil est un film masochiste. On n’en sort un peu ébranlé par cette autodestruction en règle. Les gens cherchent plutôt à se faire du mal qu’à simplement s’aimer. Par certains moments, cette détresse est poignante. Parfois, elle dérange, inexplicable, trop gratuite. Cortal sauve ces moments voués aux enfers avec la grâce d’une chanson de Ferré ou par la magie des chairs, du sexe, de la vie.
Profondément émouvant, très sobre, le film n’est jamais pathétique, pitoyable ou sordide. Tout juste déprimant. Cette histoire, fatalement tragique, quelques fois excessive, conduit à la fin d’un amour a priori éternel. S’il n’y avait pas les intermèdes vidéos, superflus et tellement peu inspirés, le film aurait gagné en densité. Ces séquences trop dramatiques ajoutent un poids inutile à un film qui, au contraire, cherche un rayon de lumière jusqu’au bout. Mais quand on voit cette danseuse demeurer inerte dans son lit, nous vivons le cauchemar d’un corps incapable de bouger.
Alors, en effet, le soleil n’existe plus. Il est noir. Et ce poème dédié à la quête d’absolu nous laisse un peu déseouvré.
 
vincy

 
 
 
 

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