
Le 37e Festival Cinélatino de Toulouse, festival des cinémas d’Amérique latine qui invite à découvrir des oeuvres en provenance d’Argentine, Brésil, Chili, Mexique, Colombie, Panama, Pérou, Venezuela…, propose environ 140 films (fictions, documentaires, courts-métrages) à Toulouse du 21 au 30 mars, et plus largement durant tout le mois de mars en région Occitanie.
Cette année, CinéLatino va mettre plus particulièrement en lumière deux cinéastes iconoclastes : le réalisateur algéro-brésilien Karim Aïnouz, et la cinéaste argentine Albertina Carri, dont un ensemble de films sera projeté en leur présence. À découvrir également, un Focus spécial Voix et regards des cinéastes autochtones, constitué de films récents, venus par exemple du Mexique ou de Patagonie, qui promeuvent la défense de leurs traditions et de leurs langues en voie de disparition.
Deux films à découvrir en salle dès aujourd’hui
En parallèle, une touche de CinéLatino est à l’affiche de plusieurs dizaines de cinéma un peu partout en France avec la sortie en salle ce 19 mars de deux films :
Sariri de Laura Donoso Toro ; Dans un petit village minier, au cœur du désert dans le nord chilien, les femmes sont soumises aux diktats des hommes. Dina (16 ans), confrontée à une grossesse non désirée, prévoit de partir à la ville, fuyant le machisme. Sa jeune sœur Sariri vient d’avoir ses premières règles et selon la tradition, doit quitter le village pour un parcours solitaire dans le désert…
J’ai vu trois lumières noires de Santiago Lozano Álvarez ; En Colombie, sur la côte Pacifique, vit une population noire oubliée. Là, un monde s’achève, celui de José de Los Santos, un vieux sage féru de rituels mortuaires hérités des esclaves africains. Dans une jungle hostile, un périple chaotique entre le monde des vivant·es et celui des mort·es. Comment ces coutumes ancestrales peuvent-elles résister à la barbarie ? Le film, qui a reçu le Grand Prix Coup de Cœur Cinélatino en 2024, était également passé par la Berlinale. C’est une oeuvre envoûtante et onirique qui aborde par le prisme du rituel et du mystique la situation impossible d’une région si enlisée dans les conflits armés que même les défunts ne parviennent plus à trouver la paix.
Un Festival qui s’inscrit dans un contexte politique complexe

Le contexte politique international, avec le retour de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, provoque des inquiétudes dans divers pays d’Amérique Latine, comme en particulier le Mexique et la Colombie pour les questions des migrants (et leur expulsion) et de l’agriculture (et les droits de douanes).
Pour Marion Gautreau (présidente de l’association organisatrice de CinéLatino) « Il nous semble plus que jamais indispensable que la défense des cinémas latino-américains soit un outil de connaissance fine des réalités culturelles, sociales, politiques et économiques des pays d’Amérique latine. Que ce soit en termes de biodiversité, de résistances populaires, de luttes féministes et écologiques ou de création artistique, chacun des pays du détroit de Magellan au désert du Sonora a toujours beaucoup à nous enseigner… Nous sommes donc prêts à offrir à nouveau à notre fidèle public toulousain, haut-garonnais et occitan un large panorama des derniers films réalisés outre-Atlantique. Soucieux·euses de constituer un pont entre le travail de nos invité·es cinéastes et les fervent·es spectateurs·trices qui se donnent rendez-vous tous les ans à la fin du mois de mars, nos équipes de programmation ont à nouveau conçu un programme varié, où chacun·e trouvera de quoi s’interroger, s’émerveiller et voyager. »

Karim Aïnouz est l’invité d’honneur de Cinélatino, avec 11 de ses films à (re)découvrir. Après avoir travaillé à différents postes sur plusieurs films indépendants américains (notamment pour Todd Haynes) il a été révélé à Cannes avec Madame Satã (en 2002), puis confirmé avec La Falaise argentée (en 2011), La Vie invisible d’Eurídice Gusmão (en 2019), Le Jeu de la reine avec le casting international Jude Law et Alicia Vikander (en 2023) et Motel Destino (en 2024). Plusieurs de ses autres films ont aussi été sélectionnés aux festival de Venise et de Berlin.
Par ailleurs, Karim Aïnouz a continué au fil des années à travailler sur des projets de films en collaboration avec d’autres cinéastes. I a été scénariste par exemple pour Walter Salles, Marcelo Gomes ou encore Sérgio Machado. Son prochain film, Rosebush Pruning, est déjà très attendu, avec au générique Riley Keough, Elle Fanning, Jamie Bell, Elena Anaya, Pamela Anderson…
On pourra aussi découvrir six films de la cinéaste Albertina Carri, dont le premier Los Rubios (2003) et le dernier ¡Caigan las rosas blancas! (2025), qui est sélectionné dans la compétition internationale. Plusieurs de ses courts-métrages avaient déjà été réunis durant le festival CinéLatino de 2012. Cette année, ce sont ses longs-métrages qui permettront au spectateur de mieux connaître celle qui, à travers différentes formes, s’impose comme une nouvelle voix du cinéma d’Argentine.
Pour débuter cette 37e édition, le festival CinéLatino propose 4 films d’ouverture : México 86 en présence du réalisateur César Diaz et de l’actrice Bérénice Béjo (sortie à venir le 23 avril) ; Manas en présence de la réalisatrice Mariana Brennand (sortie le 26 mars) ; Fanon de Jean-Claude Barny en présence de son acteur Alexandre Bouyer (sortie le 2 avril) et La chute du ciel de Eryk Rocha et Gabriela Carneiro da Cunha (passé par La Quinzaine des Cinéastes à Cannes).