
Adam, 4 ans, est hospitalisé pour malnutrition à la suite d’une décision de justice. Lucy, l’infirmière en chef, autorise la mère d’Adam à rester auprès de son fils au-delà des heures de visite fixées par le juge. Mais la situation se complique quand celle-ci refuse une nouvelle fois de quitter son fils. Dans l’intérêt de l’enfant, Lucy fera tout pour venir en aide à cette mère en détresse.
Le film démarre directement en suivant l’infirmière Lucy dans l’hôpital, son lieu de travail. Ici pas de scène d’exposition qui présente un aspect du personnage. On est immédiatement avec elle, dans son quotidien. C’est l’étage du service pédiatrique, et Lucy va d’une chambre à une autre pour divers soins à des enfants. Elle s’occupe du petit Adam qui est collé à sa mère. Il a eu une fracture du bras mais surtout il est fragile, en état de dénutrition.
La cinéaste belge Laura Wandel avait déjà fait sensation à Cannes (à Un Certain Regard en 2021) avec son premier long-métrage Un Monde qui a remporté l’année suivante 7 récompenses aux Magritte (les César wallons). Sa caméra à hauteur d’enfant observait le harcèlement et les violences dans une cour d’école, à l’insu des adultes.
« Préserve-toi. »
Son deuxième film, L’intérêt d’Adam, est encore une histoire autour d’une problématique liée à l’enfance, mais ici la souffrance du petit garçon est la conséquence du comportement de sa mère. La caméra suit au plus près l’infirmière, qui comprend en même temps que le spectateur, qu’il y a quelque chose de malsain et complexe dans cet amour maternel. Certes Adam est malade, mais sa maman est également dans une situation de détresse.
L’hitoire est centrée sur ces trois personnages : l’infimière (Léa Drucker), le petit Adam et sa mère (Anamaria Vartolomei). Le spectateur est un témoin des événements.
Tendresse et tensions
On se retrouve en immersion dans le quotidien d’un service pédiatrique. D’autres enfants subissent aussi des pathologies, souvent liées aux parents ou à la famille. Chacun d’entre eux soulève des questions sur son entourage.
Ce film dardennien est mis en scène de façon immersive. On suit les déplacements et les hésitations de l’infimière dans cet hôpital, huis-clos avec ses couloirs, ses chambres et ses bureaux. L’intérêt d’Adam est contitué de nombreux plans-séquence qui accentue l’impression de réalisme.
« Elle est dangereuse pour cet enfant. »
Ce dispositif contraignant permet un tour de force aux deux actrices: Léa Drucker en infirmière très expérimentée et un peu fatiguée et Anamaria Vartolomei en jeune mère obsessionelle et surprotectrice.
Cette façon de tourner (et de monter) le film, même si elle n’a rien d’original, permet de ressentir cette montée en tension autour d’un cas particulier à travers le regard et le devoir d’une infirmière. Et comme dans Dossier 137, Drucker se fait le devoir d’aider au mieux, de faire son métier de manière irréprochable, de trouver la bonne solution, tout en s’impliquant bien au delà des règles posées par sa hiérarchie et par la justice.
En 73 minutes chrono, Laura Wendel signe un drame où l’intime de chacun s’entremêle aux intérêts de l’autre. Mais incontestablement, c’est Léa Drucker qui nous bouleverse en infirmière prête à tout pour aider Adam, même à désobéir. En gros plan, son visage montre à la fois sa tendresse et son trouble. C’est elle qui permet au film de dégager l’humanité nécessaire pour que le film ne sombre pas dans un pathos parfois excessif.
L'intérêt d'Adam
Cannes 2025. Semaine de la Critique
1h18
En salles : 10 septembre 2025
Réalisation : Laura Wandel
Scénario : Laura Wandel
Image : Frédéric Noirhomme
Distribution : Memento
Avec : Léa Drucker, Anamaria Vartolomei, Jules Delsart, Alex Descas, Laurent Capelluto