Cannes 2025 | Que ma volonté soit faite de Julia Kowalski : plantage total chez les vachers

Cannes 2025 | Que ma volonté soit faite de Julia Kowalski : plantage total chez les vachers

Dix ans après Crache cœur (présenté à l’ACID), Julia Kowalski est de retour à Cannes avec Que ma volonté soit faite à la Quinzaine des Cinéastes. Un drame fantastique particulièrement raté.

Confusion et clichés

La jeune Nawojka, qui vit avec son père et ses frères dans la ferme familiale, cache un terrible secret : un pouvoir monstrueux, qu’elle pense avoir hérité de sa mère, s’éveille chaque fois qu’elle éprouve du désir. Lorsque Sandra, une femme libre et sulfureuse, revient au village, ses pouvoirs se manifestent sans qu’elle ne puisse plus rien contrôler.

Mais où va Julia Kowalski ? Telle est la question que l’on est en droit de se poser – et que l’on s’est posée – tout au long de Que ma volonté soit faite. Un drame qui se veut fantastique car il présente le désir sexuel et les pulsions de son héroïne comme un pouvoir surnaturel. Mais une fois que cela est dit, que reste-t-il ? Un enchaînement de scène plus affligeantes les unes que les autres et un portrait peu flatteur de la classe ouvrière en France.

Nawojka grandit dans une famille de fermiers. Cela ne surprendra donc personne – malheureusement – que ses deux frères et son père soient des hommes rustres, au sexisme très ancré et au vocabulaire plus que réduit, passionnés de tuning et très portés sur l’alcool et la violence gratuite. Pour des éleveurs de vache, l’animalité dont ils font preuve est bien dure à avaler ! Alors autant le dire simplement : les hommes du film n’ont peu que de profondeur et quand ils en ont, elles est bien crasse.

Où sont les femmes – bien écrites ?

Du côté des personnages féminins, l’essence même de Que ma volonté soit faite, nous avions beaucoup d’espoir. Voilà sans doute pourquoi nous en sommes ressortis particulièrement déçus. Sans jamais vraiment expliquer si Nawojka est possédée par un démon, le diable, une véritable sorcière ou si elle est juste un peu folle sur les bords, Julia Kowalski nous balade au point de penser que l’on est encore face à un récit de diabolisation des lesbiennes… Pas chouette pour un film en lice pour la Queer Palm !

Maria Wrobel a beau donner de sa personne en Nawojka et disposer d’un physique magnétique, on a détesté l’utilisation de Roxane Mesquida dans ce récit. On commence à croire qu’elle ne peut jouer que l’éternelle rebelle facile à détester soit par jalousie, soit par envie. Quant aux autres personnages féminins, ils ne manquent pas d’illustrer deux catégories vues et revues : l’épouse trahie et la vieille soularde. Tu parles d’une écriture originale !

On notera tout de même la cohérence esthétique au niveau de cette photographie constamment brumeuse et saupoudrée d’un grain presque vintage « façon Instagram ». Mais on aime beaucoup moins l’absence de sens dans un scénario confus, parfois incohérent et des personnages aussi caricaturaux qu’agaçants.

Que ma volonté soit faite est la preuve que même la plus grande volonté du monde n’empêche pas les plantages complets.

Que ma volonté soit faite.
Cannes 2025. Quinzaine des Cinéastes.
Réalisation : Julia Kowalski
Scénario : Julia Kowalski
Son : Olivier Pelletier, Yannis Do Couto - Fabien Bellevaire, Xavier Thieulin
Musique : Daniel Kowalski
Photographie : Simon Beaufils
Montage : Isabelle Manquillet
Décors : Anna Le Mouël
Distribution : New Story
Avec Maria Wróbel, Roxane Mesquid, Wojciech Skibiński, Kuba Dyniewicz, Przemysław Przestrzelski, Raphaël Thiéry, Jean-Baptiste Durand, Eva Lallier Juan