Cannes 2025 | Splitsville : les jeux de l’amour et du bazar

Cannes 2025 | Splitsville : les jeux de l’amour et du bazar

Alors que sa femme Ashley vient de demander le divorce, Carey court chercher du soutien auprès de ses amis, Julie et Paul. Il découvre alors que le secret de leur bonheur est qu’ils sont en couple libre… du moins jusqu’à ce que toutes leurs relations plongent dans le chaos.

Tour commence dans une voiture. Carey conduit et Ashley, avec qui il est en couple depuis 14 mois, le taquine. Ils chantent en chœur une chanson : bien que manifestement très complice et sur la même longueur d’onde, on commence à percevoir tout de même une petite incompréhension entre eux. Un accident improbable et la lecture d’une lettre révèle que leur union n’est pas si solide que ça. Et puis, il a cet autre couple, les meilleurs amis de Carey, Paul et Julie, qui semble bien plus pérenne. Est-ce parce qu’ils ont misé sur un mariage ouvert, sans exclusivité ni fidélité sexuelle ?

Splitsville se lance ainsi à toute allure avec une série de gags spectaculaires et inattendu. Le spectateur est vite conquis par cette comédie de mœurs aux allures « woody alleniennes ». Splitsville ressemble à un joyeux vaudeville où les disputes comme les alliances sont poussées à l’excès pour faire rire.

« On n’est plus monogame. »

À l’image de cette dispute qui va dégénérer en une bagarre sauvage durant laquelle il y aura beaucoup de casse. Au burlesque, se mêle l’ubuesque, comme cet arrangement où différrents amants passés et présents vont se retrouver à cohabiter ensemble.

Michael Angelo Covino a mis six ans à réaliser son deuxième film, après The Climb (Un certain regard). Comme dans son précédent film, il y a deux héros masculin qui jouent de leurs différences : l’un a beaucoup d’assurance quand l’autre est très maladroit. Mais aussi deux femmes aux tempéraments opposés :celle qui affirme franchement ses désirs et celle qui doute de ce qu’elle attend. Chacun a ses secrets, les choses qu’on dit (et ce qu’on ne dit pas) et les choses qu’on fait (et ce qu’on ne fait pas). Tout cela créé des quiproquos et des problêmes qui vont s’enchaîner les uns aux autres. C’est exactement la même spirale qui conduisait The Climb de la situation comique à l’intime dramatique.

« Ça veut dire quelque chose pour moi aussi »

Le duo Michael Angelo Covino et Kyle Marvin ne sont pas inconnus à Cannes : leur premier long-métrage ensemble The Climb avait déjà été sélectionné à Un Certain Regard au Festival de Cannes 2019 où il avait reçu un Prix Coup de cœur du jury (et aussi ensuite un Prix du jury au Festival de Deauville). Si c’est Michael Angelo Covino le réalisateur ils ont tout les deux à la fois co-scénariste et acteurs des rôles principaux. Il jouaient alors deux meilleurs amis qui vont s’embrouiller car l’un avoue avoir couché une fois avec la fiancée de l’autre.

Avec ce film suivant Splitsville c’est une recette semblable : ils écrivent le scénario ensemble et ils jouent les personnages eux-mêmes. De nouveau il y a donc encore l’un des deux amis qui va coucher avec la femme de l’autre, toutefois l’angle est différrent : dans The Climb c’était un secret perçu comme une trahison interdite alors que dans Splitsville c’est plutôt un élan de désir avec un accord implicite qui sera remis en cause.

« Ne me laisse pas partir. »

Ce qui est réjouissant c’est que Splitsville redynamise le genre de ‘screwball comedy’ américaine, et sa cascade de catastrophes suite à ses multiples malentedus. Covino apporte une dynamique nouvelle aux comédies (extra)conjuguales avec ou sans (in)fidélité dans la veine de Humpday de Lynn Shelton, Crazy Amy de Judd Apatow, The overnight de Patrick Brice, How to plan an orgy in a small town de Jeremy Lalonde…

Et comme souvent au Etats-Unis, dans ce type de film, si on s’amuse avec différentes variantes autour du sexe – dont on parle beaucoup et qui engendre les gags (le bodycount de partenaires, parler ou pas de ses liaisons, comment gérer une rupture, comment reconquérir ou pas l’autre…) ) le sous-texte reste tout de même le même, avec une morale pas si anticonventionnelle. La grande question reste l’Amour, et, par conséquent, la quête ultume est de trouver LA bonne personne. Sexe, mensonges et gags rigolos : à la fin, on comprendra que dans ce film plus conformiste qu’il n’en a l’air, on peut encore croire que l’amour triomphera de tout.

Splitsville
Cannes 2025. Cannes Première
1h44
En salles : 10 septembre 2025
Réalisation : Michael Angelo Covino
Scénario : Michael Angelo Covino, Kyle Marvin
Image : Adam Newport-Berra
Distribution : Metropolitan filmexport
Avec : Dakota Johnson, Adria Arjona, Michael Angelo Covino, Kyle Marvin