Le producteur Miyu ouvre la première galerie d’art dédiée aux artistes de l’animation

Le producteur Miyu ouvre la première galerie d’art dédiée aux artistes de l’animation

En plein Marais, à Paris, la galerie d’art Miyu a ouvert ses portes le 23 avril. Elle est (pour l’instant) unique en son genre. Miyu accueille des artistes issus du cinéma d’animation dont les œuvres tissent un dialogue avec l’art contemporain.

L’objectif est double: proposer un espace de valorisation du travail plastique des cineastes d’animation et inscrire les techniques animées dans l’histoire de l’art contemporain au moment où les plasticiens et plasticiennes sont de plus en plus nombreux et nombreuses à s’emparer des possibilités offertes par ces techniques dans leur travail. On y retrouvera ainsi du dessin, de la sculpture, de la peinture, de l’installation et de la vidéo art usant des techniques d’animation…

Sous la direction artistique de Delphine Duroy, la galerie exposera des cinéastes réputés internationalement comme Boris Labbé, Sawako Kabuki, Vergine Keaton, Florent Morin, Marie Larrivé, ou encore Sébastien Laudenbach, réalisateur du long métrage d’animation acclamé La jeune fille sans mains.

Aux confins du monde avec Simon Rouby

Pour son inauguration, elle accueille Simon Rouby, à qui l’on doit Adama (2015), primé à Annecy et nommé aux César et aux European Film Awards. A la croisée de l’art et de la science, l’exposition Pangea, du nom du premier continent terrestre, se décline en photos retouchées pour en faire des tableaux hypnotisants, des maquettes 3D comme autant de petites sculptures et d’une vidéo animée qui revisite notre conception de l’espace et notre perception de la nature. Initié à la Villa Médicis lors de sa résidence en 2016-2017, et poursuivi aux îles Kerguelen en 2018 où Simon Rouby a débarqué comme lauréat de l’Atelier des Ailleurs pour mener un travail sur le paysage préservé de l’archipel, Pangea est un kaléidoscope de paysages numérisés, symbolisant poétiquement la « dérive des continents ».

« Le point de départ du projet Pangea se trouve entre art et science. En 2016, lors d’une rencontre avec les géologues du GeoForschungsZentrum (GFZ) de Potsdam, j’ai découvert un point commun inattendu entre nos pratiques respectives : la “photogrammétrie, une technique de scan 3D à partir de photographies » explique Simon Rouby. L’année suivante, il a passé cinq mois dans les hostiles et sauvages îles Kerguelen, territoire français paumé entre l’Antarctique, l’Afrique du sud et l’Australie.

Pangea est une œuvre protéiforme et évolutive à la croisée du cinéma, des arts plastiques et des sciences naturelles, composée de scans tridimensionnels, de numérisations par photogrammétrie et de captations d’espaces géographiques. Cela produit un univers fictif autour de vestiges d’une civilisation évanouie.

Manchots et missiles

Là on y croise manchots et galets tranchants, missiles testés par les russes plantés dans le sol et maisons de fortune pour les quelques dizaines de permanents (scientifiques, etc.). L’archipel est presque vierge de toute civilisation humaine, à l’écart du monde. Outre les œuvres exposées, Simon Rouby a réalisé un court métrage adapté au sous-sol vouté de la galerie, où s’enchaînent de manière fluide différentes modélisations pixélisées qui nous font comprendre les paysages (et les sons) étranges de ce bout du monde.

De cette aventure, Simon Rouby nous confie qu’il en tirera un long métrage d’animation, avec un récit autour d’une planète en proie à de multiples séismes et une dérive des continents. Une fable écologique et fantastique qui sera produite par Miyu.

Avec cette nouvelle galerie, Miyu construit un pont entre le cinéma d’animation et les arts visuels et plastiques.

« Les différents formats, du long à la série en passant par le court métrage, nous permettent de travailler avec des virtuoses de l’image animée, or, ils ne sont que peu reconnus par le milieu du cinéma, et encore moins par celui de l’art contemporain. Il y a très peu de passerelles entre ces univers. » explique Emmanuel-Alain Raynal. « Tout comme j’ai envisagé Miyu comme une aire d’expression ouverte aux cinéastes pour créer dans le moins de contraintes possibles, j’ai pensé la galerie à la manière d’un terrain de jeu d’expression plastique pour ces réalisateurs et réalisatrices qui ne disposaient pas de lieu où exposer et mettre en valeur leur travail ».

De Cannes aux Oscars

Miyu Productions est une sociéte de production audiovisuelle fondée par Emmanuel-Alain Raynal en 2009, spécialisée en animation qui produit des courts métrages, longs métrages et séries, et qui dispose de trois studios (Valence, Angoulême et Arles). La société développe et produit actuellement plusieurs projets d’envergure, notamment le long métrage Saules Aveugles, Femme Endormie, de Pierre Földes, adapté de plusieurs nouvelles de Haruki Murakami (en coproduction déléguée avec Cinema Defacto) actuellement en fin de production et qui devrait être présenté à Annecy en juin. Fin 2021, deux nouveaux longs métrages sont entrés en production : Linda Veut Du Poulet ! de Chiara Malta et Sébastien Laudenbach (en coproduction déléguée avec Dolce Vita Films) ainsi que Planètes de Momoko Seto (en coproduction déléguée avec Ecce Films).

Miyu développe également les prochains longs métrages de Ru Kuwahata et Max Porter, Marie Amachoukeli (Caméra d’or à Cannes) et Vladimir Mavounia-Kouka, ou encore celui de Félix Dufour Laperrière… Et cette année, Bestia de Hugo Covarrubias a été nommé à l’Oscar du meilleur court métrage d’animation.