L’an dernier, Jodie Foster recevait une Palme d’or d’honneur. Cette année, le 75e Festival de Cannes décernera ce prix à Forest Whitaker, par ailleurs, partenaire de Foster dans Panic Room de David Fincher.
Le Festival en fait son invité d’honneur pour « saluer un parcours artistique brillant et une personnalité rare autant qu’un engagement discret mais affirmé dans les grandes actions humanitaires de notre époque. »
À cette occasion, Forthe Sake of Peace (Au nom de la Paix), portrait de deux Soudanais (Nandege Magdalena Lokoro et Gatjang Dagor) en lutte dans un pays en guerre, réalisé par Christophe Castagne et Thomas Sametin et produit par Forest Whitaker, sera projeté le mercredi 18 mai en Séance spéciale.
Premières marches, premier prix
Forest Whitaker est un habitué de la Croisette. Il grimpa les marches pour la première fois en 1988 avec un rôle emblématique, le génial jazzman Charlie Parker dans Bird, de Clint Eastwood. « Il y a 34 ans, venir à Cannes pour la première fois a changé ma vie et m’a confirmé que me dévouer à chercher des relations différentes avec l’humanité à travers le cinéma, était la bonne décision. C’est toujours un privilège de revenir pour ce beau festival, pour y exposer mon travail mais aussi pour être inspiré par les plus grands artistes de ce monde. Je suis incroyablement honoré d’être célébré dans le cadre du 75e anniversaire du Festival » explique l’acteur dans le communiqué du festival.
Jusque là second-rôle brillant pour Martin Scorsese dans La Couleur de l’argent, Oliver Stone dans Platoon (Cannes Classics en 2006) ou Barry Levinson dans Good Morning, Vietnam, il entre dans la cour des grands à l’âge de 27 ans, en recevant un prix d’interprétation à Cannes. « Le monde entier découvre un acteur d’une puissance phénoménale, au diapason d’une sensibilité qui impose incontestablement une forme de grâce, un bloc d’émotion qui fait passer toute la fragilité humaine dans la voix et le regard » rappellent les organisateurs cannois.
« En accueillant Forest Whitaker à Cannes, j’ai pu rencontrer et admirer un artiste au charisme immense et à la présence lumineuse« , déclare Thierry Frémaux, Délégué Général. « Sa filmographie est à la fois éblouissante et pleinement accomplie. J’ai également pu observer de près ses convictions d’homme, l’attention qu’il porte à la jeune génération et sa foi en un monde meilleur, auquel il contribue lui-même – et concrètement, par son engagement – à améliorer. Rares sont les artistes qui trouvent un aussi bel équilibre. Forest y parvient et montre l’exemple« .
Six tapis rouges
Il est venu six fois en Sélection officielle dont quatre fois en Compétition. Après Bird, il débarque sur la Riviera pour présenter A Rage in Harlem de Bill Duke, Body Snatchers d’Abel Ferra et surtout le chef d’œuvre Ghost Dog : La voie de Samouraï de Jim Jarmusch, evoûté par la bande son du Wu Tang Clang.
Il a aussi fait la clôture du festival en 2013 avec Zulu de Jérôme Salle. Eclectique, il tourne pour Neil Jordan, Walter Hill, Alan J. Pakula, Robert Altman, Joel Schumacher, Denzel Washington, Spike Jonze, Lee Daniels, Rachid Bouchareb, Denis Villeneuve ou encore Gareth Evans. On le croise dans des franchises comme Star Wars, Marvel (Black Panther), Taken. Il obtient l’Oscar pour Le dernier roi d’Ecosse de Kevin macdonald où il incarne un formidable Idi Amin Dada. Il produit également des films comme Fruitvale Station de Ryan Coogler (Un certain regard), Les chansons que mes frères m’ont apprises de Chloé Zhao (Quinzaine des réalisateurs), Sorry to Bother You de Boots Riley, ou encore le récent Clair Obscur de Rebecca Hall.
Le pacificateur
En plus d’être passé trois fois derrière la caméra, Forest Whitaker a fondé la Whitaker Peace & Development Initiative (WPDI), une ONG qui opère en Ouganda, au Soudan du Sud, au Mexique, en Afrique du Sud, au Cameroun, Tchad et Gabon et même à Los Angeles. Œuvrant à la paix et à la résilience économique dans des territoires marqués par le conflit armé et la violence, WPDI a, en 10 ans, touché plus d’un million et demi de personnes, grâce à un réseau comptant plus de 2,500 jeunes leaders et 14 centres d’apprentissage. Envoyé spécial de l’Unesco pour la Paix et la Réconciliation, Forest Whitaker est également membre du groupe de plaidoyer pour les Objectifs de Développement Durable auprès des Nations Unies.
