Quatre ans après Girl, Lukas Dhont continue de creuser le même sillon avec Close. C’est encore une histoire d’adolescent, pas encore pubère (ça a son importance), qui, à cause du regard des autres, va voir sa vie basculer…
Close est une belle histoire d’amitié fusionnel entre deux garçons. Un amour fraternel. Rien de sexué. Jusqu’à la rentrée des classes où leurs camarades veulent étiqueter cette union masculine avec un vocabulaire normé (couple, gay, BFF, etc.). Léo ne va pas supporter ce jugement, va craindre le harcèlement et va choisir de s’intégrer au mieux, jusqu’à repousser son ami, Rémi, sans explications. Une première bataille anodine puis une vraie bagarre colérique et cathartique conduiront à l’irrécupérable séparation. Alors, le destin de Léo est bouleversé. La culpabilité va ronger son cœur, et l’ado va entrer en dépression, le temps de pouvoir formuler sa responsabilité.
Car, il est en effet difficile de retenir ses larmes. Déchirant, le film est une fuite en avant d’un ado qui ne sait pas gérer le regard des autres, sa culpabilité et son deuil. Qui fait le choix entre l’assimilation au groupe (quitte à perdre ce qui le distingue) et une amitié précieuse et élective). « Il me manque » confie-t-il à son grand frère.
Par sa joliesse et sa finesse, le film séduit facilement, et l’histoire a tout pour être bouleversante, à commencer par de formidables comédiens et un scénario qui évite d’être explicatif grâce à des scénettes préférant le langage visuel aux mots. Incontestablement, Close sait s’y prendre pour que nous comprenions les tourments de Léo, et pour que nous l’accompagnons dans son calvaire. Quitte parfois à être un peu répétitif pour allonger ce chemin de croix.
En permanence, le cinéaste souligne, appuie et dicte nos émotions, alors qu’il n’en a pas besoin. D’une part, grâce à son comédien (Eden Dembrine) qui a su capter l’esprit de son personnage et l’incarner jusque dans ses moments les plus vulnérables. D’autre part, le récit est suffisamment mélodramatique pour être poignant.
Voilà le piège de la mise en scène trop apprêtée du film. Car ces si belles images un peu factices, comme si un filtre était appliqué, produisent paradoxalement une légère distance par rapport au spectateur. De même, Lukas Dhont a chargé son film d’une musique qui gâche parfois la subtilité de ses images. Il faut tout le talent du directeur d’acteur et la sensibilité du propos pour rattraper les petites failles du scénariste et les effets de style du réalisateur. Toutes ces fioritures semblent un peu vaines et révèlent un manque de confiance dans son film… Cela n’empêche pas Close d’être une œuvre délicate sur la mue, comme l’était Girl.
Close Festival de Cannes 2022 - Compétition Réalisation : Lukas Dhont Scénario : Lukas Dhont et Angelo Tijssens Musique : Valentin Hadjadj Image : Frank van den Eeden Durée : 1h45 Distribution : Diaphana Avec Eden Dambrine, Gustav De Waele, Émilie Dequenne, Léa Drucker