Si un vieux livre a été enfoui dans un sous-sol il y a longtemps, il ne vaut mieux pas y toucher, surtout si la couverture semble avoir des épines. Si les pages sont recouvertes de dessins horribles et si en plus il y a n ancien enregistrement audio bizarre, ça va probablement déclencher quelque chose. Naturum Demonto ? Trop tard, c’est une malédiction…
Pour mémoire vers la fin des années 70 et début des années 80, il y a eu quelques cinéastes qui ont fait leur petit film d’horreur, devenus d’immenses succès, et même des références cultes du cinéma fantastique. Le revers de la médaille est que bien des années plus tard, il y a eu des suites (trop) beaucoup moins bien, mais aussi des remakes (souvent inutiles) comme : Massacre à la tronçonneuse (1974) de Tobe Hooper et 8 autres films ensuite, Halloween (1978) de John Carpenter et 12 autres films ensuite, Vendredi 13 (1980) de Sean S. Cunningham et 11 autres films ensuite, Freddy, les griffes de la nuit (1984) de Wes Craven et 8 autres films ensuite… Soit reprendre une vieille recette ayant eu du succès pour justement faire une nouvelle recette d’argent auprès d’un nouveau public.
40 ans plus tard
Il faut reconnaître que c’est un peu le cas aussi pour Evil dead, sans ce phénomène d’usure où les films vont dans n’importe quel sens. C’est en 1981 que Sam Raimi réalise Evil dead, et après son succès, la suite, Evil Dead 2 en 1987, et enfin un troisième et dernier volet Army of Darkness en 2003. Après, Sam Raimi capitalise son histoire en série (Ash vs. Evil Dead) et en jeux-vidéos…
Vingt ans plus tard en 2013 sort un remake Evil Dead réalisé par Fede Álvarez. Une décennie s’écoule et voici ce tout nouveau reboot : Evil Dead Rise par Lee Cronin. A l’origine, l’histoire est celle d’un groupe d’amis dans une cabane au fond des bois qui trouvent un livre maudit dans la cave. Dans ce nouveau Evil Dead Rise, le récit est celui d’un ado qui trouve le livre maudit dans un sous-sol de son immeuble et la malédiction concerne alors sa famille (ses deux soeurs, sa mère, sa tante). La terreur d’avant allait désagréger des jeunes en vacances, cette nouvelle terreur va décomposer une famille. La cause est la même (la découverte d’un livre maudit) mais les effets sont différents.
Pour autant Evil Dead Rise conserve la structure principale du récit : la découverte du livre, la manifestation de la malédiction qui va faire de plus en plus peur, la tentative de la combattre sans mourir… En guise de clin d’oeil en direction des fans, l’introduction du film se situe devant une cabane dans une forêt, mais l’action est par la suite déplacée en ville, dans un immeuble de Los Angeles. L’idée de l’immeuble aurait été très intéressante si l’action se propageait à différents étages, mais, hélas, elle est circonscrite au garage en sous-sol et à l’appartement d’une famille (et un peu avec le voisinage dans le couloir). Le changement de lieu ici n’est pas tellement importan: ce qui compte vraiment c’est que les personnages principaux constituent une famille.
Alors que Beth n’a pas vu sa grande sœur Ellie depuis longtemps, elle vient lui rendre visite à Los Angeles où elle élève, seule, ses trois enfants. Mais leurs retrouvailles tournent au cauchemar…
Famille en enfer
Toute la richesse de ce Evil Dead Rise est dans cette malédiction qui va tourmenter une famille, soit quatre femmes et un garçon, très stupide. Or ce sont les filles qui vont le plus subir les conséquences de son geste et devoir lutter pour leur survie… On remarquera que ce Evil Dead Rise fait la part belle au féminin (et quelques répliques disséminées ça et là évoquent des relations amoureuses décevantes, la maternité, les menstruations, l’instinct maternel).
Plus que tout ce Evil Dead Rise respecte un cahier des charges de l’horreur : une introduction choquante, une mise en place des personnages et de leurs caractéristiques, la découverte d’un élément étrange, des perturbations progressives et inquiétantes, la peur va se propager de plus en plus, le danger est mortel, les combats vont être violents, et il va y avoir un massacre particulièrement sanglant. Pour qui ne redoute pas d’avoir peur dans une salle de cinéma Evil Dead Rise va secouer (il y a d’ailleurs une interdiction aux moins de 16 ans).
« Ce mal n’est pas régit par les lois des hommes »
On sait qu’il y a eu certains remakes autant improbables que inutiles (Carrie version 2013) mais aussi d’autres bienvenus qui ont revitalisé une film ayant mal vieilli (La colline a des yeux version 2006), et ici on est plutôt dans cette deuxième catégorie avec le réalisateur Lee Cronin et ce Evil Dead Rise. Le pari est relevé haut la main avec des actrices bien meilleures, avec un habile dosage de la violence entre scène attendue et quelques scènes extrêmes. Outre la frayeur de la malédiction démoniaque, la peur est provoquée par divers objets pointus (tournevis, ciseaux, aiguille…), et le dégoût rime avec vomi ou insectes. Et ça va saigner un peu, beaucoup, à la folie…
Ce nouvel opus rejoue d’une nouvelle manière le Evil dead de Sam Raimi, mais surtout c’est un film d’horreur moderne qui sait faire peur. La grande qualité de ce Evil Dead Rise est qu’il peut se savourer aussi bien par les fans de l’original que par la majorité d’un nouveau public plus jeune qui ne l’a encore jamais vu. Le réalisateur Lee Cronin a justement dosé ses effets et des surprises pour ravir tout le monde, et surtout pour effrayer tout le monde.
Evil Dead Rise
Réalisation et scénario : Lee Cronin
Durée : 1h37
Avec Alyssa Sutherland, Lily Sullivan, Morgan Davies, Gabrielle Echols, Nell Fisher…