Moi, moche et méchant 4 : Gru sauvé par les Minions

Moi, moche et méchant 4 : Gru sauvé par les Minions

Gru, Lucy et les filles, Margo, Edith et Agnès accueillent le petit dernier de la famille, Gru Junior, qui semble n’avoir qu’une passion : faire tourner son père en bourrique. Mais Gru est confronté à un nouvel ennemi Maxime Le Mal qui, avec l’aide de sa petite amie, la fatale Valentina, va obliger toute la famille à fuir.

A l’instar de Shrek, Chat potté compris, et de L’âge de glace, dans la lignée de Madagascar et son spin-off des Pingouins, il semble qu’au fil des épisodes les grandes franchises de l’animation se dilluent dans un pur produit de divertissement, oubliant les ingrédients originaux qui les rendaient si savoureux. Il n’y a bien que Toy Story qui a échappé à cette malédiction.

Moi, moche et méchant 4 ne fait hélas pas exception. A l’image de nombreux héros cinématographiques, Gru est condamné à évoluer. Hélas, il en perd sa singularité. Ce qui séduisait chez ce vieux garçon égocentrique, génie incompris, colérique et asocial a disparu. Désormais bon papa gateau, mari se voulant exemplaire, décidé à faire le bien, à rendre justice même!, il n’est plus envahit par son Moi et son Surmoi, se fout d’être moche, et ne veut plus être méchant.

Dès lors, peu importe l’histoire qu’on lui fera vivre : l’essence même de ses aventures n’a plus le piment nécessaire pour qu’il lui donne du piquant.

« J’en ai marre des super-héros! »

Cette fois-ci, malgré les incontestables talents des petites mains d’Illumination, le scénario n’a même pas d’intérêt réel. L’ennemi lui-même ne semble pas croire à son délire cafardeux, et la rivalité avec Gru fait pssshitt à chaque bataille techno-mégalomaniaque. La jalousie et l’envie sont les seuls moteurs de ce récit où chacun reste campé dans son rôle (nota bene : cela fait sept ans que Gru avait disparu des écrans et son trio de gamines est resté statufié au même âge enfantin).

En piochant leur inspiration dans les Indestructibles 2 et dans le Marvel Cinematographic Universe (Ant-Man, Captain America, …), on sent l’imagination au point mort. Même la jeune voisine un peu méchante, mais pas du tout moche, n’amène pas le grain de folie espéré. MMM4 souffre de sa paresse narrative et ne répond plus à la promesse du titre : une franchise autour de personnages a priori peu conventionnels et très incorrects.

Minions dingues

Cela n’empêchera pas un énorme succès en salles. Car, évidemment, et heureusement, il y a les Minions. Comme il y a les Pingouins, le Chat Potté, l’écureuil en quête de gland. Les Minions, en solo, ça ne fait pas forcément un long métrage (mais cela ferait de formidables courts métrages). Quand ils surgissent dans l’aventure, tout le film s’en trouve transformé. Mutants ou crétins, impayables et sans filtres, ils insufflent les rares moments de purs délires et de pure bêtise à un film très sage et très prévisible. Ils héritent des meilleures scènes et des seuls gags jusqu’à faire oublier le reste du film. Parfois, en dix secondes, ils crééent davantage d’amusement qu’une séquence entière où les « humains » jouent aux adultes.

C’est tout le paradoxe de MMM4 : le film se fait dynamiter par les Minions. Sans faire de concession, ils sont là pour rappeler que le monde qui les entoure et les comportements de leurs maîtres (Gru ou l’agence gouvernementale) sont conformistes et puérils. Leur folie souligne à quel point la société est absurde. Les Minions révèlent finalement que cette franchise est bien trop lisse pour eux.