Cannes 2025 | Trois actrices pour la première fois derrière la caméra : Kristen Stewart, Scarlett Johansson et Joséphine Japy

Cannes 2025 | Trois actrices pour la première fois derrière la caméra : Kristen Stewart, Scarlett Johansson et Joséphine Japy

La tentation pour un acteur ou une actrice de passer derrirère la caméra a toujours été forte. Charlie Chaplin, Orson Welles, Laurence Olivier, Dennis Hopper, Clint Eastwood, Marlon Brando, Ida Lupino, Barbara Loden, Jerry Lewis, Mel Brooks, Charles Laugton, Bradley Cooper plus récemment font partie de ce groupe, tout comme en France, Valeria Bruni-Tedeschi, Nicole Garcia, Maïwenn, Mélanie Laurent, Agnès Jaoui, la plupart des membres du Splendid, n’ont pas hésité à faire le grand saut.

Il y a ceux qui ne réaliseront qu’un seul film et d’autres qui prendront goût à developper des histoires, assumant une dounle casquette.

Cette année à Cannes on remarque que plusieurs acteurs-réalisateurs sont présents : Thomas Ngijol présente son 4ème film Indomptables (tourné au Cameroun) à la Quinzaine des Cinéastes ; Alex Lutz propose son 3ème film Connemara en sélection Cannes Première ; et Pierre Richard, 90 ans, accompagnera 9ème film, L’Homme qui a vu l’ours qui a vu l’homme, sa première réalisation depuis 1997. En compétition, il y a Hafsia Herzi avec La Petite Dernière, son 3ème long-métrage, et une adapation du roman de Fatima Daas. En Séance spéciale c’est Dites-lui que je l’aime, le deuxième film de Romane Bohringer (mais le premier en solo).

On est évidemment attentif aux films qui concourent pour la Caméra d’or (récompensant le meilleur premier film de toutes les sélections du Festival), comme celui de l’acteur de Triangle of Sadness et Babygirl Harris Dickinson, Urchin, à Un Certain Regard. Mais cette année ce sont trois actrices primo-réalisatrices qui attirent l’attention. Kristen Stewart et Scarlett Johansson, toutes deux à Un certain regard, et en Séance spéciale, Joséphine Japy.

The Chronology of Water, réalisé par Kristen Stewart

C’est un projet au long cours. La star de Twilight a même déploré publiquement une certaine difficulté à réunir le financement pour le produire. Il s’agit de l’adaptation de l’autobiographie éponyme (La mécanique des fluides pour le titre français) de Lidia Yuknavitch. Durant son adolescenc,e un entraineur a détecté en elle un potentiel de nageuse de compétition : elle espère d’ailleurs pouvoir décrocher une qualification pour obtenir une bourse universitaire et rejoindre l’équipe olympique de natation des États-Unis à l’occasion des futurs Jeux olympiques de Moscou en 1980, mais son rêve ne se réalisa pas… La façon dont Lidia Yuknavitch raconte son histoire a été impactante, et son livre est devenu progressivement une oeuvre féministe culte. Plusieurs thèmes du livre ont trouvé une résonnance particulière chez Kristen Stewart, en particulier la construction d’une identité quand l’enfance n’a pas été protégée. Pour le rôle de Lidia Yuknavitch, elle a choisi l’actrice Imogen Poots, qui décroche là un rôle dramatique puissant.

Eleanor the Great, réalisé par Scarlett Johansson

Après quelques années d’une retraite en Floride, une femme âgée de plus de 90 ans perd sa plus vieille amie. Devant retourner à New York, elle va nouer une amitié improbable avec une jeune étudiante de 19 ans autour d’un mensonge aux répliques inattendues. Le scénario de Tory Kamen a tout de suite fait écho auprès de Scarlett Johansson. Par son thème (la transmission de la mémoire) et par son héroïne (qui lui rappelle sa grand-mère adorée). Scarlett Johansson touche à tout : chanson, production, produits de beauté, alors pourquoi pas la réalisation? Cette comédie bienveillante douce-amère met en lumière un vieille dame qui s’approprie l’histoire de sa meilleure amie décédée, survivante de la Shoah. L’usurpation mémorielle n’est pas le seul sujet d’un film hanté par le deuil et le temps qui passe…

Qui brille au combat, réalisé par Joséphine Japy

Pour son premier film comme réalisatrice, Joséphine Japy a voulu mettre en scène une histoire très intime : celle de sa famille, avec en particulier sa petite soeur Bertille atteinte d’une maladie génétique. Elle est atteinte du syndrome de Rett et d’un problème sur un chronosome 22, ce qui fait que « elle est dans son monde mais elle est là« . Dans cette version fictionalisée Joséphine à son âge de lycéenne qui passe le bac et s’appelle Marion (incarnée par Angelina Woreth). Mélanie Laurent hérite du rôle de la mère. Ironiquement, le premier Cannes de Joséphine Japy, en 2014, la révélait comme actrice dans Respire, deuxième film réalisé par Mélanie Laurent. La petite soeur Bertille souffre d’un handicap qui lui cause une absence du langage et un perte de motricité des mains. Parfois elle hurle la nuit. Tandis que l’aînée va bientôt passer son bac et qu’elle tombe un peu amoureuse d’un homme restaurateur bien plus âgé qu’elle, le couple de parents est fragilisé entre culpabilité et peurs.

Des actrices qui deviennent réalisatrices. L’an dernier, Cannes a invité Noémie Merlant, Laetitia Dosch et Céline Sallette pour leurs premiers pas derrière la caméra. Cela n’a rien d’un épiphénomène. Camélia Jordana porte un projet, In bed with Rachid Taha (co-écrit avec Lyes Salem). Clémence Poésy prépare un film qui sera l’adaptation du roman Nos espérances de Anna Hope, avec un tournage en langue anglaise. Sans oublier Sarah Henochsberg qui prépare son premier court, Les dernières neiges.