Cannes 2025 | Classe moyenne d’Antony Cordier, quand l’Occitanie se fait parasite

Cannes 2025 | Classe moyenne d’Antony Cordier, quand l’Occitanie se fait parasite

Vingt ans après Douches froides, Antony Cordier est de retour à la Quinzaine des Cinéastes avec Classe moyenne, examen approfondi mais loufoque des luttes de classes sociales.

Mehdi a prévu de passer un été tranquille dans la somptueuse demeure de ses beaux-parents. Mais dès son arrivée, un conflit éclate entre la famille de sa fiancée et le couple de gardiens de la villa. Comme Mehdi est issu d’un milieu modeste, il pense pouvoir mener les négociations entre les deux parties et ramener tout le monde à la raison. Pourtant, tout s’envenime…

Bienvenue en Absurdie !

Si beaucoup y verront – et à juste titre – une ressemblance assez forte avec Parasite de Bong Joon-ho, force est de reconnaître que le quatrième long métrage d’Antony Cordier est à ranger du côté de la comédie légère et déjantée. C’est en tout cas ce que l’on se dit pendant 85 des 95 minutes qui composent Classe moyenne.

Car pour nous faire rire, il faut dire que les scénaristes Jean-Alain Laban et Steven Mitz et les adaptateurs Antony Cordier et Julie Peyr n’y vont pas de main morte. Très intelligemment, Classe moyenne se sert des personnages d’une classe aisée (l’avocat qui place du latin dans chacune de ses phrases pour faire savant, l’actrice suffisante devenue mère mais qu’on n’a pas vue au cinéma depuis des années, la fille de qui se refuse à être une vulgaire fille de) pour rappeler que face à l’argent, l’être humain perd en rationalité.

Comprenez par là que le film n’a jamais pour ambition de se moquer de ceux dont les revenus sont plus modestes mais de rappeler que nous sommes tous égaux face à l’ambition. Et de montrer que ceux qui râlent à propos des nantis sont parfois tout aussi cruels et vils. Cela donne donc lieu à des scènes absurdes (le vin dans la piscine), ridicules (le tracteur sur la plaque) voire carrément gênantes (le léchage d’orteil). Pour notre plus grand plaisir !

Du rire aux larmes

Visuellement, le film respecte les codes de la comédie française contemporaine destinée au grand public. Musiques électro-pop ici et là, références culturelles accessibles (Sophie Marceau, iPhone, Lidl) et deux couples parfaitement bien assemblés et au sommet de ce qu’ils dégagent : Laurent Laffitte et Elodie Bouchez pour le couple aisé mais plan-plan ; Laure Calamy et Ramzy Bedia pour le couple modeste à la folie contagieuse.

Là où le film brille encore plus c’est dans le choix de ces jeunes comédiens ! Sami Outalbali est très juste en gendre qui croit éperdument en la méritocratie quand Noée Abita crève l’écran en apprentie comédienne dont le plus grand traumatisme et de ne pas en avoir à exploiter. Bourré de second degré et de dérision, Classe moyenne nous fait mourir de rire… jusqu’à ce qu’il ne faille plus rire !

Preuve qu’on peut rire de tout sauf de ce qui n’est pas drôle. Alors foncez le découvrir à sa sortie en salle, le 24 septembre prochain.

Classe moyenne.
Cannes 2025. Quinzaine des Cinéastes.
Durée : 1h35
Réalisation : Antony Cordier, Julie Peyr
Scénario : Jean-Alain Laban, Steven Mitz
Adaptation : Antony Cordier, Julie Peyr
Son : Olivier Mauvezin, Sébastien Marquilly, Raphaël Seydoux
Musique : Clémence Ducreux
Photographie : Nicolas Gaurin
Montage : Camille Toubkis
Décors : Eugénie Collet, Marc-Philippe Guérig
Avec Laurent Lafitte, Élodie Bouchez, Ramzy Bedia, Laure Calamy, Sami Outalbali, Noée Abita, Mahia Zrouki