Cannes 2025 | Amélie et la métaphysique des tubes : une adaptation tendre à hauteur d’enfants

Cannes 2025 | Amélie et la métaphysique des tubes : une adaptation tendre à hauteur d’enfants

Vingt-cinq ans après sa parution, Métaphysique des tubes, neuvième roman d’Amélie Nothomb devenu culte, retrouve une seconde jeunesse sur grand écran grâce à une adaptation animée tout en douceur qui s’adresse résolument à un public familial. S’appuyant sur la voix-off de la petite Amélie qui raconte ses premières années de vie avec la candeur de l’enfance, le film épouse la ligne directrice du livre et retranscrit dans une exubérance de couleurs la vision singulière de son héroïne, et la fantaisie fantasque de son univers intérieur. La joliesse et l’émotion guident ainsi le récit, quitte à laisser un peu de côté l’ironie et la causticité du matériau d’origine. Ici, tout est amusant, beau, tendre ou dramatique : il n’y a pas de place pour l’entre-d’eux, et pas réellement de distance ou d’ambiguïté dans le propos ou les situations.

Sans doute contraints par la nécessité de s’adresser à tous les publics, Maïlys Vallade et Liane-Cho Han, les deux cinéastes, s’attachent au contraire à ne rien laisser en suspens – à commencer par le titre, qui introduit d’emblée le personnage. La voix-off se fait alors explicative, redondante de l’image, comme pour s’assurer que tout est facilement compréhensible. De la même manière, et vraisemblablement pour les mêmes causes, il y a aussi quelque chose de presque survolté dans le rythme, un manque de respiration qui empêche le récit de s’épanouir et donne le sentiment de virevolter d’un rebondissement à l’autre. Cela modifie la réception que l’on a de l’histoire, parfois réduite à une succession d’anecdotes mignonnes et doucereuses – quand ce n’est pas carrément tire-larmes. À des années lumières du ton ironique, absurde et parfois de la noirceur du roman.

Souvenirs d’enfance

Heureusement, moins contrainte sur le plan visuel, la proposition séduit d’avantage par son esthétique, et plus précisément par son travail sur les sensations comme par sa recherche d’une manière de retranscrire à l’image l’idée d’une harmonie avec le vivant dans sa globalité. Cela passe par exemple par la sensation que procure l’herbe mouillée ou la féerie des fleurs qui s’épanouissent dans une gerbe de teintes vives, mais aussi par l’excitation d’un voyage imaginaire à dos de sauterelle ou par le spectacle d’un coucher de soleil éclatant de majesté.

Maïlys Vallade et Liane-Cho Han avaient tous deux travaillés avec Rémi Chayé (Calamity) et réutilisent ici les bases de son esthétique : des aplats de couleurs imitant l’aquarelle, sans traits de contour pour délimiter les personnages ou les objets, qui nous permettent d’embrasser la subjectivité de leur petite héroïne et découvrir à son rythme, et à travers son regard, le monde qui se déploie sous nos yeux. Le sentiment qui domine est ainsi une nostalgie cotonneuse et multicolore conçue pour ramener chacun aux souvenirs idéalisés de sa propre enfance.

Fiche technique
Amélie et la métaphysique des tubes de Maïlys Vallade et Liane-Cho Han (2025)
Avec les voix de Loïse Charpentier, Victoria Grosbois, Yumi Fujimori, Cathy Cerda, Marc Arnaud, Laetitia Coryn, François Raison, Isaac Schoumsky, Haylee Issembourg...
D'après l'oeuvre d'Amélie Nothomb
Distribution : Haut et Court
Sortie française : 25 juin 2025