Déconfinement: avec 95 films en quatre semaines, il n’y aura pas de la place pour tout le monde….

Déconfinement: avec 95 films en quatre semaines, il n’y aura pas de la place pour tout le monde….

Echec total de la médiation. Pas d’union. Les distributeurs ne sont pas parvenus à un accord de sagesse.

Les salles de cinéma, fermées depuis fin octobre, ont soif de rouvrir. Face à elles, des musées affamés, des terrasses qui seront prises d’assaut, et surtout une limitation de leur jauge : 35%.

Le 19 mai, pas moins de 29 films interrompus en octobre reprendront le chemin des écrans. A ceux là s’ajoutent 17 nouveautés. Et on ne compte pas les films de patrimoine en reprise et les rétrospectives. Un suicide annoncé ?

Le 26 mai, 16 films viendront remplir les salles.

Le 2 juin, 16 autres longs métrages envahiront les écrans… 17 autres exclusivités la semaine suivante.

Il faut dire qu’il y a plus de 450 films en attente, certes. Mais ce grand embouteillage de printemps est un non-sens. La conciliation entre distributeurs n’a rien donné, les studios américains et certains distributeurs préférant ne pas y participer. Aussi, il y a de grande chance que sur 95 films sortis en un mois, seuls quelques-uns trouvent réellement leur public. Tout le monde en a conscience, mais la trésorerie de chacun est en jeu.

C’est d’autant plus regrettable qu’il y a de très beaux films, parmi certains oscarisés, césarisés ou bien buzzés, dans les listes. Mais avec une jaune limitée, qui ne permettra que d’accueillir au maximum que 400000 spectateurs par séance  en France jusqu’au 9 juin, 750000 ensuite jusqu’au 30 juin, tout en rappelant que la séance d’après 21h est sacrifiée par un couvre-feu qui sera toujours en vigueur, le box office ne sera pas au plus haut même pour un gros succès.

L’éparpillement façon puzzle est prévisible. Si nous avons tous soifs de cinéma, on ne peut que se désoler de voir autant de films qui seront sacrifiés. On ne s’inquiète pas trop pour les « blockbusters » et les films très attendus, tous ayant déjà bénéficié d’un marketing sur la longueur, mais davantage pour les nouveautés qui auront à peine la place médiatique et logistique pour s’imposer.

Le tri sélectif sera la norme, semaine après semaine, jusqu’à l’été, lorsque le déconfinement sera global, aidé par le Festival de Cannes qui redonnera de l’élan au cinéma d’auteur, même s’il reste une incertitude plus globale : après autant de mois enfermés, avec l’été, les vacances et les terrasses ouvertes, les spectateurs seront-ils au rendez-vous ? L’an dernier, si on pouvait se féliciter d’un goût du cinéma retrouvé, aucun film, hormis Tenet, 30 jours max, Les blagues de Toto et Les Trolls 2, aucun film n’a dépassé le million d’entrées durant cette période. Aucun n’a vraiment rempli ses objectifs, à l’exception d’Adieu les cons, Tout simplement noir, Effacer l’historique et Antoinette dans les Cévennes, plus bas dans le tableau. Entre le 17 juin et le 27 octobre, une seule fois la fréquentation a franchi le cap des 3 millions de spectateurs hebdomadaires (à la Toussaint). Une preuve d’espoir, mais qui ne dissipe en rien les inquiétudes. Pour l’instant, il n’y a même aucun vaccin pour sauver la fréquentation. Juste des piqûres de rappel pour redonner le goût du 7e art en salles.