Wendy, le nouveau conte onirique de Benh Zeitlin

Wendy, le nouveau conte onirique de Benh Zeitlin

C’était en 2012 que Benh Zeitlin, à peine 30 ans alors, a été révélé à la planète cinéma avec son premier film Les Bêtes du Sud sauvageIl se paye un grand chelem de récompenses : Grand Prix au Festival de Sundance, Caméra d’or au Festival de Cannes, Grand Prix au Festival de Deauville doublé aussi du Prix de la Révélation, puis enfin quatre nominations aux Oscars. Depuis l’annonce de la finalisation de son second film Wendy, celui-ci était très attendu après avoir été présenté à Sundance puis à Deauville.

Le pitch: Perdue sur une île mystérieuse où l’âge et le temps ne font plus effet, Wendy doit se battre pour sauver sa famille, sa liberté et garder l’esprit jovial de sa jeunesse face au danger mortel de grandir…

Si ce prénom d’une enfant qui voudrait ne plus grandir vous semble familier, il s’agit effectivement d’une adaptation très libre de la mythique histoire de Peter Pan. Après plusieurs films hollywoodiens et spectaculaires comme celui, en 2003, de P. J. Hogan ou, en 2015, de Joe Wright (sans oublier ce Peter Pan adulte en 1991 dans Hook ou la Revanche du capitaine Crochet de Steven Spielberg),  c’est une toute autre approche de l’histoire que Zeitlin propose, d’ailleurs aucune fée Clochette : c’est justement le personnage de la fillette, Wendy, qui est ici l’héroïne du récit.

L’histoire débute de de nos jours. Wendy a deux frères, James et Douglas. Leur mère a un travail prenant dans un restaurant. Ils s’amusent avec innocence à leurs jeux d’enfants. Plusieurs choses font entrevoir la réalité du monde des adultes : une affiche d’un enfant disparu, la maman qui leur dit que « la vie change, les rêves changent » avec une petite amertume… La vie passe et rien ne se produit jamais ? Pas pour Wendy qui ne souhaite pas grandir. La voilà suivie de ses deux frères sur un train, dans une barque à découvrir une île volcanique guidés par Peter (un petit garçon noir) avec d’autres enfants. Leurs jeux dans les arbres et dans l’eau sont de joyeuses aventures, mais il y a aussi un bateau et le danger que représentent des adultes… Grandir semble toujours être une malédiction redoutée, d’autant plus quand on croise un homme ayant eu une main coupée (remplacée par un crochet), véritable menace sur l’innocence.

Evacuer la tristesse

Benh Zeitlin a pris le risque de s’inspirer du mythe de Peter Pan pour nous proposer à sa manière une version contemporaine et naturaliste de Wendy. Certains spectateurs ont été désarçonnés avec ce film d’enfance qui ne s’adresse pas vraiment aux enfants. En épousant la morale de l’histoire originelle de J.M. Barrie, il rappelle plutôt aux adultes la part d’enfance qui est (était ?) en eux. Et tout ceux qui attendent Wendy après avoir été séduit par Les Bêtes du Sud sauvage devraient être totalement sous le charme. On y retrouve beaucoup d’éléments similaires : une histoire avec le point de vue d’une fillette en premier rôle, une musique symphonique de fanfare semblable, et cette symbolique écologique avec le vivant qu’il faut préserver.

Wendy est autant une aventure fabuleuse qu’un conte onirique. Il serait à ranger quelque part entre Le Labyrinthe de Pan de Guillermo del Toro et Chasseuse de géants de Anders Walter, tant il partage une thématique commune : « ne pas laisser la tristesse nous envahir ». Pour cela, il suffit de se laisser emporter par la poésie de Benh Zeitlin.

Le film devait sortir le 9 décembre avec sur l’affiche Le conte de ce Noël 2020 mais la fermeture des salles en a décidé autrement, le voici enfin dans les cinémas à partir du 23 juin avec sur l’affiche désormais ce nouveau slogan Une merveille de conte qui réillumine les salles obscures : toujours ce désir qu’on nous raconte une histoire merveilleuse, et toujours cette envie que ça soit sur grand écran.