Le Sommet des Dieux de Patrick Imbert nous fait goûter à l’ivresse des cimes

Le Sommet des Dieux de Patrick Imbert nous fait goûter à l’ivresse des cimes

Depuis mercredi, on peut découvrir sur les écrans l’un des longs métrages d’animation français les plus ambitieux de l’année, Le Sommet des Dieux de Patrick Imbert (co-réalisateur du Grand méchant renard), adapté du manga en 5 tomes de Jiro Taniguchi, lui-même adapté d’un roman de Baku Yumemakura. Il raconte l’enquête menée par un journaliste spécialiste de haute montagne pour retrouver un appareil photo qui pourrait être celui qu’avait emporté l’alpiniste George Mallory lors de son expédition sur l’Everest en 1924. Or développer la pellicule présente dans cet appareil pourrait enfin dissiper l’un des plus grands mystères de l’alpinisme mondial : Mallory et Irvine sont-ils les premiers à avoir atteint le sommet ? 

Si l’intrigue s’ancre dans ces faits historiques, elle tisse tout autour un récit de fiction souvent convenu, qui nous lance (à grands renforts de flashs-back) sur les traces d’un alpiniste obsessionnel mais malheureux, n’ayant de cesse que de réussir l’exploit d’une ascension de l’Everest en solitaire et en hiver. Le scénario s’avère ainsi relativement classique et sans surprise, voire un peu didactique. Il alterne séquences bavardes, voire sur-explicatives, et moments de bravoure spectaculaires qui immergent le spectateur dans les réalités concrètes de l’alpinisme. 

C’est dans ce registre que le film s’en sort le mieux, tant l’esthétique minutieuse des dessins et la mise en scène ample et fluide rendent hommage au gigantisme de la haute montagne. La blancheur aveuglante de la neige, la précision documentaire des atmosphères et des textures, jusqu’aux sons qui recréent le silence bruissant des hauteurs, tout nous immerge dans l’univers alpin. Souvent réduits à de minuscules silhouettes dans un décor qui les domine de toute sa splendeur, les êtres humains sont quant à eux renvoyés à leur condition fragile et éphémère, venant plus intensément renforcer le questionnement sur ce qui pousse des individus à tout risquer pour atteindre les sommets dans des conditions toujours plus difficiles.

Probablement trop soucieux de perdre en route un spectateur perçu comme volatile, le film propose des éléments de réponses maladroits, qui ne sont pas tout à fait à la hauteur du sujet. La dernière demi-heure, qui ose un récit soudain plus contemplatif et dépouillé, dans une confrontation franche entre l’homme et la nature, parvient mieux que les discours appuyés à nous faire toucher du doigt cet instinct vital qui meut les personnages envers et contre tout. Plus que tout, c’est cette irrépressible détermination, qui résonne si puissamment avec les pulsations intimes de la montagne, que l’on retiendra. 

Fiche technique
Le Sommet des Dieux de Patrick Imbert (France, 2021, 1h30)
Sortie française : 22 septembre 2021