Le Dinard Festival du film Britannique is back, Dinard est de nouveau capitale de cinéma d’outre-Manche durant une semaine. « Les films sélectionnés pour le festival soulignent la profondeur et la variété de la créativité des Britanniques… le festival révélera de nouveaux talents et renouera avec des noms et des visages familiers…, et faire faire découvrir à un public nouveau le dynamisme du cinéma Britannique. » dixit la directrice artistique Dominique Green.
Outre les films en compétition, chaque année dans l’une des sections du festival Dinard propose une perle rare peu médiatisée et souvent en manque de distributeur en France. Par exemples les années passées : Happy new year Colin Burstead de Ben Wheatley, Their finest de Lone Scherfig, Adult life skills de Rachel Tunnard, The survivalist de Stephen Fingleton, How I live now de Kevin Macdonald, Cherry tree lane de Paul Andrew Williams…
Cette année la perle rare est rien de moins qu’une confrontation brutale entre une certaine oppression religieuse et une forme de contestation libertaire, et cela en 1657 ! Il s’agit du film Fanny Lye Deliver’d du cinéaste Thomas Clay (et qui avait été sélectionné en compétition pour l’édition 2020 annulée), et son nouveau film depuis dix ans. Pour mémoire c’était lui qui avait perturbé Cannes (à la Semaine de la Critique) en 2005 avec The great ecstasy of Robert Carmichael et notamment un long plan-séquence qui faisait entrevoir un viol… Avec ce portrait d’un jeune en perdition il y avait aussi déjà une charge contre ce que les hommes pouvaient faire subir à une femme. Fanny Lye Deliver’d enfonce le couteau plus profond avec une histoire d’émancipation fémininine dans le contexte de l’année 1657, qui bien entendu peut trouver des échos avec notre époque. Ici une femme en particulier (Fanny) mais aussi d’autres femmes (Rebecca) sont soumises à divers degrés de violences de la part d’un mari, de traditions religieuses, et de la part de représentants autoritaires d’un gouvernement. A l’écran les personnages masculins sont majoritaires et tous désurent imposer leur brutalité. Cependant l’histoire est racontée, via un peu de voix-off, avec le point de vue d’une femme (Rebecca) qui témoigne de ce qui est arrivé en particulier à l’autre héroïne (Fanny); même le titre est féministe : Fanny Lye est délivrée.
Un couple avec un jeune enfant vit paisiblement dans une ferme isolée, leur quotidien est régenté par le mari imprégné des écrits de la bible. C’est clairement sa volonté à lui qui commande, d’ailleurs il éduque même son jeune fils de la sorte à ne pas être contraint à ce que dirait une femme… Un jour au retour de l’office de l’église ils surprennent chez eux dans leur grange un étrange couple venu se cacher là après avoir été dépouillés par des bandits, disent-ils. L’hospitalité leur est concédée pour quelques jours, et ces nouveaux venus infusent peu à peu chez la mère et l’enfant leur façon plus libertaire de considérer la vie : jouer et jouir sans scrupule d’une morale trop rigide…. Un gendarme local et deux notables arrivent en recherchant un couple d’hérétiques, mais le patriarche les renvoie ailleurs sans rien dire car sous la menace de son fils en otage. Dès lors le couple d’intrus va imposer par la force à cette famille leurs règles. On assiste à deux conceptions du rapport à la religion qui s’opposent où à différents moments le rapport de force va d’un côté ou de l’autre. Mais quand les trois hommes menaçant reviennent c’est alors un tout autre combat qui s’engage…
Fanny Lye Deliver’d semble adopter autant une forme de western en costumes contre le puritanisme qu’une forme de ‘folk-horror’ (genre qui rassemble par exemple The witch, Midsommar, The apostle…) avec chasse aux sorcières, mais c’est surtout une satire iconoclaste brillante.
Fiche technique Fanny Lye Deliver'd Rélisation et scénario et musique : Thomas Clay Avec Charles Dance, Maxine Peake, Freddie Fox, Tanya Reynolds Durée : 1h51 Sortie en salles : 29 septembre 2021