Hello, on vous voit dans plein de rôles différents aussi bien au cinéma (Un homme en colère réalisé par Guy Ritchie) que dans des séries (Raised by Wolves démarée avec Ridley scott), il y aurait quelle différence entre jouer pour une série ou pour un film ?
Niamh Algar : L’organisation des tournages varie, mais en tant qu’actrice je n’y vois pas de grande différence. Surtout ces dernières années où on a beaucoup de scénaristes qui écrivent autant pour le cinéma que pour la télévision et des réalisateurs de cinéma font aussi des séries. Pour une série télé on dispose d’une plus grande échelle pour raconter une histoire et donc de plus de scènes pour développer un personnage. Les séries deviennent une sorte de nouveau cinéma, elles sont parfois supérieures en qualité que certains films…
…et souvent il y a plus d’audace comme par exemple la série Pure ?
Niamh Algar : Oui, j’ai adoré faire cette série, et travailler avec Charlie Clive. C’est une comédie avec un point de vue intéressant sur un désordre psychologique qui est comme une maladie inconnue. Je suppose que ça a donné une visibilité à des gens qui peuvent souffrir de ça avec un peu d’humour.
Cette année le Dinard Festival du Film Britannique inaugure une nouvelle section thématique avec que des films d’horreur réalisés par des femmes, ça fait quoi de figurer dedans avec Censor dont vous êtes l’héroïne ?
Niamh Algar : C’est chouette d’être dans ce cadre là pour présenter Censor, on ne peut être que fier que de plus en plus de gens soutiennent les femmes réalisatrices. Mais en fait les réalisatrices femmes ont toujours été présentes à faire des films, si elles ont plus de visibilité c’est tant mieux.
Censor repose sur un scénario un peu complexe, quelle a été votre première réaction en le lisant ?
Niamh Algar : Quand j’ai lu le scénario la première fois j’ai pris un moment pour revoir par où le personnage commençait et vers où il allait. Il y a un énorme changement pour elle qui se produit. J’ai relu les 20 dernières pages pour être certaine de l’avoir bien comprise par quels états elle passait. L’histoire était vraiment unique, et ça allait être un film d’horreur unique. Ce genre de personnage avec les émotions qu’elle traverse est un bonheur pour jouer avec. Après avoir rencontrée Prano Bailey-Bond qui l’avait écrit et de savoir que c’était elle aussi qui serait la réalisatrice c’était la certitude importante que tout ce qui allait être à l’image soit unique et avec sa vision à elle.
Comment Prano Bailey-Bond vous a convaincue de jouer dans ce film ?
Niamh Algar : En fait c’est l’inverse, c’est moi a voulu convaincre Prano qu’elle devait me choisir ! J’ai passé deux auditions différentes avec elle, d’abord une première où on s’est trouvé sur une même longueur d’onde. Et une deuxième fois où on a travaillé sur quelques scènes de la fin du film pour se parler de jusqu’à quelles limites émotionnelles on pouvait pousser le personnage.
Au début on la découvre en train de travailler dans un bureau de classification des films et en particulier les films d’horreur pour en censurer certains, c’est un genre de film dont il faut continuer de contrôler le degré de violence ?
Niamh Algar : C’est une vaste question, moi j’ai grandi avec des films ayant dessus un système de classification. Quand j’avais 14 ans si je remarquais qu’un film avait dessus une étiquette déconseillé aux moins de 18 ans alors j’avais envie de voir de ce que c’était comme film, justement parce que ça me disait que je ne devrais pas. Je suppose qu’on a besoin d’une certaine classification qui indique à des enfants qu’ils sont trop jeunes selon leur maturité pour certains films. C’est pareil pour d’autres choses, dans certains pays à 18 ans on peut conduire une voiture mais pas boire d’alcool. C’est ambigu de placer une limite d’âge qui est souvent l’âge de 18 ans qui n’indique en rien un degré de maturité.
Censor a quelle classification ?
Niamh Algar : Justement il n’y a pas la même classification selon les pays, pour les films d’horreur selon le film et selon les pays la limite est à 18 ans ou 17 ans ou 16 ans. Il me semble que en Angleterre Censor a été classé ‘Suitable only for persons of 15 years and over’ donc autorisé après 15 ans, je crois.
Dans Censor il y a quelques scènes avec de la violence et du sang : ce genre de scènes c’est compliqué à faire ou c’est amusant à jouer ?
Niamh Algar : C’est amusant à faire, et aussi c’est rapide à faire car on ne peut pas rejouer la même scène en faisant beaucoup de prises car il n’y a pas un stock de faux sang et de costumes pour recommencer à tout remettre en place. Il faut être précis et juste au moment où ça filme, alors pour ce genre de scène on fait beaucoup de répétitions. Pour ces journées de tournage il y a des préparatifs différents sur le plateau avec des gens en plus pour certains effets spéciaux, on doit répéter des gestes ou des positions, en particulier quand on s’amuse avec une hache dans les mains. Il y a un peu quelque chose de l’ordre de jouer à faire semblant comme des enfants. J’ai beaucoup aimé faire ce genre de scènes.
Dans un tout autre registre, vous étiez dans la série The Virtues de Shane Meadows qui était d’ailleurs venu présenter à ce festival de Dinard, vous gardez quel souvenir de cette expérience de tournage avec lui en plus d’une récompense de meilleure actrice ?
Niamh Algar : Shane Meadows est quelqu’un de tellement humain et sensible et tellement gentil que ça transparait dans son travail. C’est un grand talent avec une façon unique de raconter et filmer une histoire, il y a peu de cinéastes qui travaillent comme lui. Son This is England est un de mes films préférés. Il choisit ses acteurs avec une grande précision alors c’est un honneur d’avoir tourné avec lui. La façon dont il prépare aussi en amont quelques ateliers pour répéter vous donne une plus grande assurance en tant qu’actrice et vous donne aussi un contrôle sur votre personnage. Avec lui il ne s’agit pas d’apprendre des lignes de dialogues, même si on le fait bien entendu, il s’agit de vraiment faire vivre le personnage qu’on joue de manière organique et authentique.
A Dinard on vous voit aussi dans le film Calm with horses qui devait être en compétition l’année dernière mais le festival à été annulé avec les circonstances du Covid19. Du coup cette année on y voit Calm with horses et Censor avec vous à l’écran et aussi vous dans la salle : ça fait quelle impression de enfin pouvoir présenter de nouveau un film dans une salle de cinéma ouverte avec du public dedans ?
Niamh Algar : Je sais que pour Calm with horses il y a eu plusieurs festivals annulés et d’autres choses reportées, j’aime beaucoup ce film et c’est dommage qu’à cause de fermetures de salles de cinéma le film n’ait pas autant circulé et rencontrer plus les spectateurs qu’espéré, mais le train est toujours en marche pour faire circuler et montrer Calm with horses. C’est vraiment plaisant de voir un vrai public dans une salle répondre à un film durant sa projection, surtout pour Censor qui est si particulier. Chaque film est pour moi comme des étapes symboliques de mon travail d’actrice.
Depuis plus de 30 ans un film en compétition au festival de Dnard reçoit la récompense du Hitchcock d’or, parmi tous les titres avant été lauréat avant quel films serait votre favori ?
Niamh Algar : Oh : Tyrannosaur de Paddy Considine, c’est vraiment un de mes films préférés ! Il y a Olivia Coleman qui est phénoménale dedans, il y a aussi dedans Eddie Marsan avec qui j’ai d’ailleurs tourné plusieurs fois après : on est dans Un homme en colère de Guy Ritchie et surtout on est ensemble dans la série Deceit. Voyons la liste, alors Billy Elliot, Dead man shoes de Shane Meadows évidemment, Boy A de John Crowley j’adore, Sing street de de John Carney c’est bien aussi… C’est une chouette liste de films, en fait faudrait tous les voir. Pour un film en priorité je dirais voyez Dead man shoes c’est un grand film.