PIFFF 2021 : Oeil d’or pour BULL de Paul Andrew Williams

PIFFF 2021 : Oeil d’or pour BULL de Paul Andrew Williams

La 10ème édition du Paris International Fantastic Film Festival a programé comme à son habitude toutes les couleurs du ‘cinéma de genre’ entre humoir noir et fantaisie sanglante sous toutes ses formes (dont documentaire, animation, courts-métrages) dans ses diverses séances de films en compétition, hors-compétiton, ‘séance culte’, ‘séance interdite’, ‘nuit du PIFFF’… Il y avait 9 films en compétition long-métrage et divers jurys, mais la particularité de la plus grande récompense – L’Oeil d’or – est que le jury est en fait le public dans la salle qui vote après chaque projection.

Cette récompense de L’Oeil d’or du PIFFF est souvent évidente : en 2018 Freaks de Zach Lipovsky et Adam B. Stein, en 2017 Tigers Are Not Afraid de Issa López, en 2016 Grave de Julia Ducournau…, d’ailleurs souvent des films qui mélangent avec les codes du genre avec l’émotion du drame. Cette année certains des 9 films en compétition ont jouer pour certains pleinement avec les codes du genre (des infectés contagieux et sanguinaires, des forces surnaturelles dans un sombre hôpital…), mais celui qui a remporté les suffrages est un thriller de vengeance brutale comme parfois les britanniques savent si bien faire : L’Oeil d’or du 2021 récompense Bull de Paul Andrew Williams.

ŒIL D’OR : Bull de Paul Andrew Williams
PRIX DU JURY CINÉ+ FRISSON : Bull de Paul Andrew Williams
PRIX DU JURY MAD : Stéphane de Timothée Hochet & Lucas Pastor
Mention Spécial du Jury Mad : Comrade Drakilich de Márk Bodzsár

courts-métrages français
ŒIL D’OR : La Verrue de Sarah Lasry
PRIX DU JURY COURTS : La Verrue de Sarah Lasry
PRIX DU JURY CINÉ+ FRISSON : Le Varou de Marie Heyse
courts-métrages international
ŒIL D’OR : Cuckoo! de Jorgen Scholtens

Paul Andrew Williams était le cinéaste le plus vétéran de la comptition avec déjà derrière lui plein d’expériences comme scénariste et comme réalisateur de cinéma (et aussi de série télé) avec aussi quelques drames très académiques mais surtout une poignée de films justement fantastiques ayant comme point commun une base de thriller qui tourne ensuite vers une spirale de violences. Ses 2 premiers films avaient eu un certains échos lors de leurs sorties en salles françaises mais il y a plus de 10 ans, ce nouveau film Bull devrait permettre de (re)découvrir ce cinéaste qui retourne vers son genre de prédilection.

Premier film et des récompenses déjà partout en festival (dont le Hitchcock d’or du Festival de Dinard en 2006) avant de sortir dans nos salles en 2007, London to Brighton raconte la fuite d’une prostituée avec une gamine, et derrière elles la mort d’un homme puissant et pédophile et donc divers crapules qui doivent les retrouver pour les faire disparaître. Il y avait déjà des thèmes de société qui allaient être de plus en plus discutés des années plus tard (lutter contre les violences faites aux femmes, contre la pédophilie…) avec des personnages principaux féminins convoités et brutalisés par des puissants… Second film et il contribue à la nouvelle vague de ‘British horror comedy’ avec Bienvenue au cottage dans les salles en 2008 qui commence avec de l’humour noir et une jeune femme kidnapée qui se rebiffe contre des kinappeurs pas très doués pour finir dans du gore brutal avec un psychopathe sanguinaire dans le voisinage… Ensuite c’est le choc de Cherry Tree Lane avec une famille bourgeoise attaquée dans son domicile par une bande de jeunes banlieusards, et un degré de violence mise en scène qui va déranger (au point que le film ne sortira pas en France). Ce nouveau film Bull marque enfin le grand retour de Paul Andrew Williams dans le genre du thriller qui part sauvagement en vrille. Après la décision de sa femme de le quitter en emmenant loin avec elle son fils, l’homme qu’on appelle Bull est quasiment mis à mort par les gangsters de la famille de son ex-femme : le film commence avec le retour de Bull qui veut retrouver son fils et sa détermination est telle qui est prêt à tous les affronter…

Le film met en vedette le très charismatique acteur Neil Maskell (surtout révélé par Ben Wheatley, pour qui il a été un tueur effrayant dans Kill List et un père de famille effrayé par les siens dans Happy new year Colin Burstead), ici véritablement résolu à trancher dans le vif (et dans la chair) tout ceux qui ont éloigné son fils de lui, « I’m coming for all of them ». On découvre peu à peu d’où vient cette froide assurance au fur et à mesure que sont révélés les évènements dans le passé qui ont provoqué cette terrible vengeance. Bull est impressionnant pour la croisade de Neil Maskell devenu machine à tuer, et surtout par la précision de la mise-en-scène qui à différents moments fait se confronter au héros d’autres personnages dont on devine qu’ils ne vont pas rester debout… Bull sait jouer savament avec une tension grandissante où à chaque nouvelle séquence le spectateur se retrouve en position de souhaiter et/ou de redouter une mise à mort de quelqu’un de la part du héros dans sa quête vengeresse.

Fiche technique
Bull 
Réalisation : Paul Andrew Williams
Scénario : Paul Andrew Williams
Avec : Neil Maskel, David Hayman, Lois Brabin-Platt...
Durée : 1h28