Petite Solange d’Axelle Ropert, les illusions perdues

Petite Solange d’Axelle Ropert, les illusions perdues

Petite Solange raconte une histoire simple, celle d’une jeune fille de 13 ans qui adore ses parents. Quand l’ombre du divorce surgit, l’univers de Solange s’effondre. Un sujet universel, mais traité avec une grande justesse et superbement interprété.

Tout semble harmonieux dans la famille de Solange Maserati (Jade Springer), adolescente sensible et solaire. Elle vit à Nantes une enfance épanouie aux côtés de Romain (Grégoire Montana-Haroche), un grand frère complice, de sa mère, Aurélia (Léa Drucker), comédienne, et de son père, Antoine (Philippe Katerine), qui travaille dans un magasin de musique. Ses parents fêtent leurs vingt ans de mariage en grande pompe, apparemment dans la joie et la bonne humeur.

Mais les apparences sont trompeuses. Peu à peu, des dissensions apparaissent au sein du couple. Solange perçoit ces tensions, les encaissant en silence. Mais elle souffre durement de la situation, voyant le modèle de cette famille unie s’effriter peu à peu, elle qui voudrait que rien ne change…

La réalisatrice, Axelle Ropert, a elle-même vécu le divorce de ses parents. Le film n’est pourtant pas autobiographique. Il raconte une autre histoire, vue à hauteur d’enfant : comment une jeune fille de 13 ans vit ces événements inattendus pour elle, et déchirants. On suit Solange au fil des jours, avec parfois des moments d’euphorie, notamment quand, avec son amie Lili, elle fait un exposé à l’école sur la jeune militante écologiste suédoise Greta Thunberg. Mais on la sent aussi parfois perdue, comme cet après-midi qu’elle passe seule derrière une table de bistrot, pensive devant une tasse de chocolat, pour s’éloigner des mésententes parentales. 

La jeune Jade Springer joue de manière très juste, se révélant souvent bouleversante. « On voulait retrouver les énergies à la fois irréductibles et mélancoliques de Jean-Pierre Léaud dans Les quatre cents coups de François Truffaut et de Charlotte Gainsbourg dans L’effrontée de Claude Miller », explique Axelle Ropert, qui s’est également inspirée du film L’incompris, du cinéaste italien Luigi Comencini.

Les autres acteurs sont également très crédibles, avec notamment Léa Drucker et Philippe Katerine qui incarnent des parents aimants et attentifs à l’égard de leur fille, mais incapables d’atténuer son chagrin. S’appuyant sur un très bon scénario et des dialogues ciselés, Petite Solange dégage beaucoup de réalisme. Sans en faire trop, par petites touches, il décrit une situation semble-t-il inexorable qui transforme peu à peu l’adolescente, la faisant grandir et perdre ses illusions. 

La dernière scène du film, où Solange s’exprime à cœur ouvert devant son frère et ses parents, est particulièrement émouvante. Elle apporte une tonalité d’optimisme et d’espérance. 

Pierre-Yves Roger

Fiche technique
Petite Solange d'Axelle Ropert (France, 85 minutes, 2021)
Avec : Jade Springer, Grégoire Montana-Haroche, Léa Drucker, Philippe Katerine...
Sortie française : 2 février 2022