FICA de Vesoul 2022 : Cyclo d’or pour YANAGAWA de Zhang Lu et 3 prix pour ALONG THE SEA de Fujimoto Akio

FICA de Vesoul 2022 : Cyclo d’or pour YANAGAWA de Zhang Lu et 3 prix pour ALONG THE SEA de Fujimoto Akio

Cyclo d’or d’honneur pour Kôji Fukada et Leila Hatami

Ce 28ème Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul a vu venir dans ses salles de nombreux talents malgré des contraintes sanitaires selon les différents pays : par exemple sont venus les cinéastes Kôji Fukada, Reza Dormishian, Mohsen Makmalbaf, Mostafa Sarwar Farooki, Yolkin Tuyichiev, Kavich Neang, aussi la célèbre actrice d’Iran Fatemeh Motamed-Arya…

Et ce FICA de Vesoul a une nouvelle fois déniché des pépites rarissimes comme Incline-toi devant le feu de Tolomouch Okeev en 1972 (au Kirghizistan une critique du système communiste soviétique des années 30 et l’élection d’une femme…), fait découvrir des chefs-d’oeuvre méconnus comme Les femmes du lac aux âmes parfumées de Xie Fei ayant été Ours d’or à Berlin en 1996 (une petite fabrique d’huile chinoise va se développer avec un investissement japonais mais il faut inciter une jeune fille a devenir l’épouse d’un grand fils handicapé mental…), et à montrer quantité de films en avant-première comme Hit the road de Panah Panahi (à sortir le 27 avril).

Leila Hatami, présidente du jury international

Les regards étaient chaque jour sur les divers films en compétition, et ils étaient nombreux à raconter soit une migration difficile dans un autre pays soit une solitude pesante après un drame intime. Un homme du moyen-orient dissimule sa véritable religion aux Etats-Unis et sa petite amie américaine dans No Land’s Man; deux frères chinois font un voyage au Japon pour y retrouver une femme dans Yanagawa; des jeunes-filles du Vietnam trouvent du travail clandestin au Japon pour envoyer de l’argent à leur famille dans Along the sea; un boxeur japonais avec une prothèse qui lui remplace une jambe va combattre aux Philippines pour retrouver une carte d’athlète professionnel dans Gensan Punch. Un vieil homme dont le fils a été tué se lie d’amitié avec une adolescente sans père dans The Coffin Painter; une employée d’une centre d’appels se rend compte que son voisin est mort sans qu’elle le connaisse pendant que son père veuf réclame sa présence plus souvent et qu’elle doit former une nouvelle employée avec laquelle elle ne veut pas se lier dans Aloners; une jeune-fille de 16 ans à la rue sans personne n’arrive pas à tomber enceinte pour le compte d’un homme qui veut acheter un bébé et une avocate va seule va poser des questions dérangeantes à de nombreuses personnes à propos d’une mystérieuse opération médicale dans No Choice; dans une maison isolée une nouvelle épouse arrivent en plus des autres pour espérer une naissance dans 2000 songs of Farida; une adolescente devenus cas-contact Covid19 doit rester en quarantaine à la maison au moment où sa mère divorcée développe des troubles mentaux dans The Falls

Ces différents thèmes de migration et de solitudes ont été abordés de plein de manières pour leurs causes et conséquences, selon leurs critères les différents jurys ont eu la délicate mission de récompenser tel film plutôt qu’un autre. Et c’est Along the sea du japonais Fujimoto Akio qui a été préféré avec 3 trophées : Grand Prix du Jury, Prix de la Critique, Prix Inalco. Dans la compétition un film semblait à l’écart des autres ne serait-ce que par son genre de mélodrame romantique (2 hommes et 1 femme se retrouvent pour évoquer leurs histoires d’amour passées où à venir) et un incontestable aboutissement cinématographique : Yanagawa de Zhang Lu remporte le prestigieux Cyclo d’or 2022 du FICA de Vesoul. C’est d’ailleurs la seconde fois que Zhang Lu gagne le Cyclo d’or de Vesoul après Grain in Ear en 2006.

Palmarès du 28e Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul :

CYCLO D’OR D’HONNEUR : au réalisateur Kôji Fukada pour l’ensemble de son œuvre, et à l’actrice Leila Hatami pour l’ensemble de sa carrière

Pour le Jury international présidé par l’actrice Leila Hatami, entourée par la scénariste et réalisatrice Suha Arraf, la distributrice et productrice Tran Bich-Quan, le réalisateur Zig Dulay :

CYCLO D'OR : YANAGAWA de Zhang Lu (Chine) : "de belles images fortes, basées sur une histoire percutante parfaitement racontée, nous mènent à la découverte de la relation fraternelle et l'amour."

GRAND PRIX DU JURY : ALONG THE SEA de Fujimoto Akio (Japon) : "exposant une nature calme, reposante d'une part, dure et sans pitié par ailleurs, le film nous met face aux grands problèmes socio-économiques auxquels sont confrontés les personnages, proches géographiquement des pays développés mais qui subissent des conditions de vie totalement à l'opposé."

PRIX DU JURY : ALONERS d’Hong Sung-eun (Corée) : "génialement la réalisatrice met l'accent sur la dualité du désir humain pour l'amitié d'une part, et le repli sur soi pour le détachement sentimental de l'autre. Comment trouver l'équilibre entre ces deux sentiments ?"

MENTIONS SPECIALES : THE FALLS de Chung Mong-hong (Taïwan) : "par son excellente interprétation féminine, le film met en scène la fragilité humaine face aux défis qui nous dépassent et qui nous bousculent." ;  GENSAN PUNCH de Brillante Ma Mendoza (Philippines) : "Avec une extraordinaire maîtrise de la caméra et l'incarnation parfaite d'une histoire réelle, le réalisateur nous montre le rôle important de la famille et de l'amitié en rappelant les bonnes manières même dans des débats loin de la haine." ; 2000 SONGS OF FARIDA de Yolkin Tuychiev (Ouzbékistan)nous a rappelé la nature humaine avant qu'elle ne soit contrôlée par la modernité. En utilisant, avec maestria, de très belles images, le réalisateur a remarquablement mis en lumière la profondeur des ressentiments et le poids du patriarcat."

PRIX DU JURY DE LA CRITIQUE : ALONG THE SEA de Fujimoto Akio (Japon) : "pour sa façon si juste de filmer une histoire universelle en rapport avec une forme d’esclavage moderne, dans le Japon d’aujourd’hui où il place sa caméra au plus près de ses héroïnes et ose des plans-séquence audacieux qui nous impliquent profondément dans le cheminement douloureux de ces trois personnages."

PRIX DU JURY INALCO : ALONG THE SEA de Fujimoto Akio (Japon) : "un film éclairant de façon particulièrement significative les réalités contemporaines en Asie. Il montre avec respect le parcours de femmes migrantes au Japon." ; COUP DE CŒUR INALCO : THE COFFIN PAINTER de Da Fei (Chine) : "pour la beauté de ses images et le brio avec lequel il a su nous transporter aux confins de la Chine contemporaine pour nous raconter une histoire tendre et universelle.« 

PRIX DU JURY NETPACALONERS d’Hong Sung-eun (Corée) : "pour des solutions artistiques pionnières à la nature de l’interaction humaine dans le contexte de la complexité technologique moderne et sa rencontre avec les problématiques universelles d’une manière élégante et subtile."

PRIX MARC HAAZ : L’ORPHELINAT de Shahrbanoo Sadat (Afghanistan) : "A travers les yeux d’un jeune orphelin, ses rêveries, sa liberté d’esprit et son optimisme, nous partageons l’existence difficile des Afghans, les moments tragiques qu’ils traversent pendant l’occupation soviétique."

PRIX DU JURY LYCÉEN : THE FALLS de Chung Mong-hong (Taïwan)

PRIX DU JURY JEUNE1er FEVRIER de Leila Macaire et Mo Mo (France-Myanmar)

PRIX DU PUBLIC DU FILM DE FICTION Ex-aequo : NO CHOICE de Reza Dormishian (Iran) & NO LAND’S MAN de Mostofa Sarwar Farooki (Bangladesh)

PRIX DU PUBLIC DU FILM DOCUMENTAIRE : INDIAN SPACE DREAMS de Sue Sudbury (Inde-Angleterre)