Cannes 2022 | Philippe Faucon conforte la Quinzaine des Réalisateurs avec Les Harkis

Cannes 2022 | Philippe Faucon conforte la Quinzaine des Réalisateurs avec Les Harkis

En 1h22, le réalisateur que l’on avait adoré en 2015 pour Fatima peine à convaincre avec ce film militant et utile.


Après la guerre, le décompte des victimes collatérales 


A la fin des années 1950 et au début des années 1960, alors que la guerre d’Algérie se prolonge, Salah (Mohamed El Amine Mouffok), Kaddour (Amine Zorgane) et d’autres jeunes Algériens sans ressources rejoignent l’armée française. Leur titre ? Des harkis, menés par le lieutenant Pascal (Théo Cholbi). Si l’issue du conflit laisse présager l’indépendance de l’Algérie, le sort des harkis n’en devient que plus incertain.


Pierre angulaire de la sacralisation du général de Gaulle par l’histoire de France, la guerre d’Algérie n’en demeure pas moins un épisode particulièrement sombre. Alors quand Philippe Faucon se lance dans l’écriture et la réalisation d’un épisode si méconnu du grand public (le sort réservé aux Algérien engagés auprès de l’armée française), sur le papier, on se dit que cela sent bon. Il faut dire qu’après sa mini-série Fiertés et surtout son long-métrage Fatima, il est le mieux placer pour s’atteler à cette tâche. 


Mais force est de constater qu’au terme des 82 minutes de ce film sans véritable émotion, on en ressort lessivé. Les Harkis est factuel, suit avec assiduité et humilité un groupe de jeunes mais ne permet jamais de faire plus qu’imaginer les tourments intérieurs de ceux considérés comme des traîtres par leurs compatriotes. Plans stables, ping-pong bureaucratique et tergiversations consensuelles composent malheureusement ce qui aurait pu être le grand film historique de la Quinzaine des Réalisateurs où il a été présenté hier matin. 


Mais force est de reconnaître que face à cet enchaînement sans fin de discussions anecdotiques, ce casting ni bon ni mauvais et en dépit d’un rythme soutenu, Les Harkis ne parvient jamais à décoller. Ou du moins à nous faire croire qu’on tient là le prochain grand film d’utilité publique cannois — comme ont pu l’être par le passé Entre les murs ou encore 120 battements par minute. Si tant est qu’à la fin, on ne peut que saluer l’importance de traiter cet épisode historique mais sans vraiment savoir à qui l’on recommandera ce film. Dommage !

De Philippe Faucon
Scénario : Philippe Faucon, Yasmina Nini-Faucon
Avec Mohamed El Amine Mouffok, Théo Cholbi, Pierre Lottin
En salle le 12 octobre 2022 en salle
Durée : 1h 22min
Genre : Historique, Drame