Le Quentin Dupieux nouveau est arrivé. Depuis quelques années, il a plusieurs scénarios d’avance déjà écrits et prêts à être tournés, pour sortir un film presque chaque année. Ses personnages souvent improbables et le kitsch de ses images font mouche, à l’image de son dernier succès Mandibules.
Dupieux cultive un ton volontairement foutraque qui le rend singulier. À Cannes, on l’a vu en sections parallèles (Rubber à La Semaine de la Critique en 2010, Le Daim à la Quinzaine des réalisateurs en 2019). Cette année, il sort deux films au cinéma : Incroyable mais vrai le 15 juin, et plus tard Fumer fait tousser découvert en séance de minuit dans la sélection officielle du 75e Festival de Cannes. Autant le dire directement, Quentin Dupieux a raté une marche…
Fumer mais tousser ressemble à une sorte de best-of parodique de ce que fait Quentin Dupieux, en mode écriture automatique et sans son piquant habituel. La principale faiblesse de ce nouveau délire est dans sa structure narrative : un recueil de plusieurs de petites histoires comme un ‘film à sketchs’, avec une vague trame principale. Cela donne forcément un film bancal à cause de segments plus ou moins inspirés, parfois il manque une fin (d’ailleurs aussi le défaut de Incroyable mais vrai).
Dupieux rassemble ici la plupart de ses amis comédiens de ses autres films (dont certains pour des rôles secondaires comme Adèle Exarchopoulos, hélas Julia Faure hérite d’un rôle beaucoup trop court) et quelques nouveaux-venus venus s’amuser (Oulaya Amamra, Doria Tillier, Jean-Pascal Zadi). Le film accumule trop de personnages, même si chacun a sa scène pour briller quelques minutes. Ironiquement, le meilleur personnage n’est pas un humain mais un rat qui bave (une marionnette doublée par la voix de Alain Chabat).
Le pitch était pourtant prometteur : cinq justiciers en costumes bleus reçoivent l’ordre de se mettre en retraite pour renforcer la cohésion de leur groupe. En attendant une prochaine mission, on se raconte des histoires à faire peur au coin du feu ou à table… Il y a quasiment une vingtaine de personnages (ceux qui racontent, ceux qui sont racontés) dans une sorte de compilation de courts-métrages, qui n’ont de lien commun que l’humour noir et les bizarreries de l’univers du réalisateur. Quentin Dupieux continue dans sa veine d’aventures baroques et burlesques, dans des ambiances farfelues et relativement jouissives. Mais Fumer mais tousser est un Dupieux mineur, un patch peu efficace face à la morosité ambiante.
Fumer fait tousser Festival de Cannes 2022 - Séance de minuit Réalisation et scénario : Quentin Dupieux Image : Quentin Dupieux Durée : 1h20 Distribution : Gaumont Avec Oulaya Amamra, Anaïs Demoustier, Gilles Lellouche, Adèle Exarchopoulos, Benoît Poelvoorde, Vincent Lacoste, Alain Chabat, Blanche Gardin, Doria Tillier, Jean-Pascal Zidi, Grégoire Ludig, David Marsais, Julia Faure, Raphaël Quenard, Jérôme Niel...