Micheline Presle, 100 bougies et 12 films à voir

Micheline Presle, 100 bougies et 12 films à voir

Elle est centenaire ce 22 août. Micheline Presle est la doyenne des stars du cinéma européen. Elle fut, avec Michèle Morgan et Danielle Darrieux, l’une des têtes d’affiche les plus populaires de l’après-guerre. Femme curieuse, la mère de Tonie Marshall a joué durant 9 décennies petits et grands rôles, et même des caméos, dans tous les genres possibles. Elle s’est produite sur le grand et le petit écran, sur scène, et a finalement reçu un hommage mérité aux céxar en 2004 avec une statuette d’honneur.

Parmi sa riche filmographie, qui a débuté avec La fessée en 1937, nous avons choisi 12 films (et une série). A voir, à revoir, à découvrir. Micheline Presle, toujours vaillante, a vieilli devant nos yeux de cinéphile, dans la dérision ou le drame, le romantisme ou le réalisme.

1940. Paradis perdu d’Abel Gance.

Premier grand rôle et double rôle qui plus est. François Truffaut écrira que Micheline Presle, dans ce film, était la plus grande actrice du monde.

1944. Falbalas de Jacques Becker.

Son film préféré et celui qui aura marqué un certain Jean-Paul Gaulthier. Lors de son Fashion Freak Show aux Folies Bergères, mis en scène par Tonie Marshall, Micheline Presle y fait d’ailleurs dl’une de ses dernières apparitions à l’écran. Non seulement, il s’agit d’un grand film (sur la toxicité masucline, bien avant qu’on en parle), mais assurément, Presle y trouve un personnage où elle déploie toute l’immensité de son talent.

1945. Boule de Suif de Christian-Jaque.

Cette adaptation de deux nouvelles de Maupassant, avec un langage propre aux années 1940, est évidemment une métphore patriotique de la France tout juste libérée. Il a été un énorme succès avec 3 millions d’entrées en France.

1947. Le Diable au corps de Claude Autant-Lara.

Menacé de censure, ce film scandale – antimilitariste et prônant l’adultère – n’en reste pas moins l’une des œuvres marquantes de l’après-guerre. C’est Micheline Presle qui, après l’avoir vu jouer au théâtre, imposa le jeune premier Gérard Philipe. Presle y délivre l’une de ses plus belles interprétations.

1950. Les derniers jours de Pompéi de Marcel L’Herbier et Paolo Moffa.

Elle joua même dans un péplum. Si le film a vieilli, Micheline Presle y tient bien son rang dans ce film catastrophe qui annonce l’âge d’or du genre.

1959. L’enquête de l’inspecteur Morgan (Blind Date) de Joseph Losey.

Face à Hardy Kruger, c’est l’un des premiers grands rôles à l’internationale de l’actrice, même si, assez vite, Hollywood ne la convainc pas de faire carrière à l’étranger. Trois ans avant sa Palme d’or à Cannes, Joseph Losey parvient à instiller son style efficace, distant et ironique dans ce film autant influencé par Hitchcock que par Agatha Christie.

1963. Pas de lauriers pour les tueurs (The Prize) de Mark Robson.

Elle est mariée à Gérard Oury dans le film (qui ironiquement est, dans la vie réelle, le compagnon de Michèle Morgan, elle même l’ex-épouse de William Marshall, devenu le mari de Presle, vous suivez). Mais elle est surtout face à Paul Newman dans ce bijou du film d’espionnage.

1965-1970. Les Saintes Chéries.

Série légendaire, culte, incontournable de l’époque (il n’y avait qu’une chaîne en même temps, Micheline Presle ne s’en laisse pas compter. Elle incarne la Française moderne, en voie d’amncipation, face à un mari un peu trop conservateur et dépassé (Daniel Gélin). C’est la première série comique française (39 épisodes sur trois saisons au total) portée par un duo de vedettes de cinéma. Et c’est toujours délectable.

1966. La Religieuse de Jacque Rivette.

L’adaptation du roman de Diderot n’échappe pas à la censure et écope d’une interdiction aux moins de 18 ans dans une France encore très conservatrice. Finalement le film sera interdit et déclenchera un scandale contre le ministère de la Culture. Il faudra attendre plusieurs années avant que le film puisse exister et compter parmi les plus importants de la filmographie du cinéaste.

1973. L’événement le plus important depuis que l’homme a marché sur la lune de Jacques Demy.

Micheline Presle était une merveilleuse Reine rouge dans Peau d’âne. La voici qui retrouve Jacques demy et Catherine Deneuve, avec son compagnon d’alors Marcello Mastroianni, dans un film d’un tout autre genre. Elle est le docteur qui suit la grossesse inattendu d’un homme. Sans doute la fin trop conventionnelle, qui n’était pa celle voulue par Demy, n’aura pas convaincu le public, qui a boudé cette œuvre pourtant très audacieuse.

1989. I Want to Go Home d’Alain Resnais.

Avec ce film, elle reçoit sa seule nomination aux César (catégorie second-rôle féminin). Aux côtés de Gérard Depardieu, dans cet univers de BD américaine, elle épate encore et toujours. Pourtant le film est un fiasco, sans doute parce que sous ses allures de comédie, il est avant tout mélancolique et désenchanté. Il faut dire que même la bande annonce n’incitait pas à comprendre l’intention du film.

1996. Fallait pas !… de Gérard Jugnot.

Oh évidemment ce n’est pas son plus grand film ni son plus grand rôle. Mais avouons que Micheline Presle, même septuagénaire sait s’amuser en dehors de ses rôles de grand-mère, de clocharde (avec Belmondo dans son dernier film), ou de tatas). Elle passe ainsi de la comédie populaire (Chouchou) au drame romanesque (Plein sud de Sébastien Lifshitz), de l’univers de Jean-Michel Ribes aux retrouvailles avec la famille Gélin (Comme des frères), en passant par la sitcom H avec Jamel ou le feuilleton patrimonial type Comte de Monte-Cristo. Mais dans Fallait pas !… elle se régale à chanter un classique new yorkais avec le cultissime Claude Piéplu. Et ça vaut tous les honneurs.

1999. Vénus Beauté (Institut) de Tonie Marshall.

Elle participe souvent aux films de sa fille, qui va devenir la première femme à remporter le César de la réalisation l’année suivante grâce à cette comédie féministe douce amère. Micheline Presle et Tonie Marshall ont en commun cet amour du cinéma et de la culture, cette complicité rare entre deux artistes de même sang. C’est forcément touchant de la voir filmer par sa fille, surtout dans un film qui séduit le public et la critique.