Le titre est basique mais efficace : Mexzombies, ce sont des zombies au Mexique, ou plutôt des zombies façon mexicaine avec tous les clichés qu’on peut attendre de ce pays : de l’humour et de l’exubérance dans tous les sens. Le Mexique n’a produit que peu de films de ce genre (et aucun depuis longtemps). Le réalisateur Chava Cartas s’est donc lancé. Tout comme la propagation des zombies qui ne connaît pas des frontières, Mexzombies est appelé à devenir THE film de zombies mexicain de référence.
Il y a tellement de bons films de zombies (et autant de ratés), qu’il est difficile d’être original. Après des zombies qui marchent il y a eu des zombies en train de courir bien plus dangereux,des zombies dans des petits huis-clos ou envahissant la planète. L’originalité ne pouvant plus vraiment venir des zombies en eux-mêmes, elle ne peut venir que des personnages qui vont se retrouver à devoir les combattre.
Ici, il s’agit d’un groupe d’adolescents, et tout se déroule durant les festivité du ‘jour des morts’ (le fameux halloween’ local qui a ainspiré 007 SPECTRE comme le film d’animation Coco). Le point de départ de base est donc déjà connu: à l’origine, il y a un incident qui provoque la mort puis le retour à la vie d’un type, qui a faim de chair humaine. En les contaminant, il y a de plus en plus de gens attaqués et tous se multiplient ainsi en centaines zombies… C’est un petit groupe de jeunes adolescents plus préoccupés d’échapper à la surveillance de leurs parents et d’essayer de draguer qui vont être les seuls à comprendre ce qui se passe et à devoir improviser pour lutter contre cette propagation sans fin.
Le réalisateur Chava Cartas (et les scénarites Luis Gamboa et Santiago Limón) sont des habitués des séries télés de type ‘telenovelas’, aux personnages stéréotypés, et quantités de brouilles et de réconciliations. Les adolescents du film sont ainsi vite identifiés : le héros pauvre mais courageux, le meilleur copain riche et gros, forcément rigolo, la fille très jolie et très populaire, sa jolie copine intrépide, un jeune blondinet originaire des Etats-Unis… Idem côté adultes, dont des membres d’un cartel de drogue, très riches et très violents.
Mexzombies est avant tout une comédie qui justement fait rire avec beaucoup de clichés, tout en racontant en creux diverses choses plus dramatiques. L’histoire se déroule dans une zone pavillonnaire de riches privilégiés, entourée de hauts murs et protégée par des gardiens privés. Les pauvres n’y sont pas les bienvenus (mais l’amitié s’affranchit des classes sociales). Plusieurs moments évoquent des situations de racisme envers les misérables, ceux avec une peau plus foncée, les américains trop républicains, et même les chinois.
Loin de la série Z
Plus personne n’ignore ce qu’est un zombie. C’est d’alleursfort justement intégré dans l’histoire : un des ados est particulièrement fan de ce genre, au point de rêver d’être un jour réalisateur de cinéma (Jacob qui veut absolument que tout le monde l’appelle Cronos en référence à son idole Guillermo del Toro). Il évoque par exemple tel ou tel film pour justement informer les autres de ce qu’il faudrait faire ou ne pas faire. Chava Cartas fait ainsi divers clins d’oeil aux spectateurs les plus cinéphiles (pour Cronos, ‘Bienvenue à zombieland‘ c’est bien, ‘World war Z‘ beaucoup moins…), mais surtout il s’amuse avec ces teenagers qui vont devoir utiliser diverses armes qui ne sont pas de leur âge (sabre japonais, tronçonneuse…). L’aspect comédie est renforcé par ce jour festif, quand tout le monde est déguisé dans les rues. Soit le jour où personne ne va prendre au sérieux ce groupe de jeunes qui essaient d’alerter que des vrais zombies sont bien là…
Ce que Edgar Wright avait fait avec son Shaun of the Dead (comédie avec des zombies et quantité d’éléments typiquement british), c’est que vient de faire à son tour Chava Cartas avec ce Mexzombies (avec quantité d’éléments typiquement mexicains). C’est évidemment très réjouissant, et à priori, le film devient l’un des favoris pour le Prix du Public du BIFFF…
Mexzombies a fait son avant-première mondiale au BIFFF avant d’être découvert courant octobre au festival fantastique de Sitges en Espagne puis au festival Mórbido à Mexico City.
