BIFFF 2022 : Le Visiteur du futur débarque et déride

BIFFF 2022 : Le Visiteur du futur débarque et déride

« Y’a pas plus dangereux qu’un fou qui croit sauver le monde »

Cette phrase sera entendu à deux moments dont en 2555 pour désigner ce que veut essayer de provoquer un Visiteur du futur : éviter dans le présent quelque chose qui va être catastrophique bien plus tard pour d’autres générations. Tout se complique quand une brigade temporelle cherche à neutraliser les actions de ce Visiteur alors que ce même Visiteur pourrait faire se téléporter une jeune héroïne et son père dans un futur…

Si ce titre Le Visiteur du futur vous semble familier d’une web-série du même nom, c’est tout à fait normal. Il ne fait pas confondre avec la nouvelle série Visitors de Simon Astier qui est par ailleurs très bien. A l’origine de la série il y a donc un Visiteur de notre futur en 2550 qui arrive dans le présent de Raph, puisque ses actions d’aujourd’hui pourraient avoir de graves conséquences à l’avenir. Cela rappelle la série Les voyageurs du temps

Après quatre saisons d’épisodes courts sur le web, c’est tout un univers cohérent qui a été développé par son créateur François Descraques et l’acteur Florent Dorin. Ils prolongent l’aventure avec cette extrapolation sous forme de longs métrages. La plupart des acteurs de la série sont de nouveaux présents (pour certains, avec des personnages un peu différents) et il y a l’arrivée en particulier de Enya Baroux et d’Arnaud Ducruet (qui n’a jamais été aussi bon) pour rassurer le spectateur de cinéma.

Le long métrage a été élaboré de manière à ce qu’il ne soit pas nécessaire d’avoir vu la série. C’est une adaptation spécifique au grand écran avec un budget conséquent,un futur post-apocalyptique cohérent et de nouveaux enjeux dramatiques. Au cinéma le Visiteur arrive depuis le futur de 2555 à notre présent de 2022. Dès l’introduction on saura qu’un accident nucléaire va quasiment détruire la planète. Pour le Visiteur il s’agira d’essayer de faire changer le cours des événements présents mais la Brigade Temporelle le traque justement pour éviter d’autres perturbations du futur. Et au milieu, il y a la jeune Alice et son père Gilbert…

Le film commence par une courte séquence d’introduction jouée par les Youtubeurs Mcfly et Carlito, où il faut choisir entre appuyer sur un bouton jaune ou un bouton bleu (Alice au pays des merveilles et Matrix ont utilisé le même procédé): il ne s’agit là en fait que d’une courte apparition annonçant d’autres caméos de divers humoristes. Ça n’en fait pas pour autant un film destiné seulement aux adolescents. Le Visiteur du futur est une comédie avec de l’humour un peu partout (dans des situations, dans des dialogues, avec certains effets-spéciaux) qui vise un très large public.

Il semble que les termes ‘film français’ et ‘science-fiction post-apocalyptique’ soient rarement liés ensemble au cinéma, et les rares réussites dans ce domaine remonte déjà au siècle dernier (Delicatessen puis La Cité des enfants perdus de Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet, Le dernier combat puis Le 5ème élément de Luc Besson). C’est un véritable pari de développer une histoire futuriste où il y a peu de chance de sauver le monde. La destruction de la planète (sans singes) et où la disparition de l’humanité (spoiler de la part du réchauffement climatique : ça va arriver plus vite que prévu)est un pari (réussi) en soi, même si le spectaculaire cède sa place à l’humour.

Le Visiteur du futur garde les défauts de certains stigmates télévisuels mais le film cumule de nombreuses qualités, dont la première est justement d’éviter la facilité d’un énième ‘drame conjugal dans une cuisine’ typique de bien trop d’autres cinéastes. Avoir l’ambition d’essayer de prendre la relève des Caro, Jeunet, Besson (et finalement Méliès) avec un budget limité et s’en approcher, est déjà un challenge. On peut aussi noter l’influence ‘des britannique Edgar Wright/Simon Pegg (on y verra d’ailleurs un ‘premier bar avant la fin du monde’). Entre ces intentions et leurs concrétisations sur grand-écran, il y aurait pu y avoir un fossé, et celui-ci est pas mal comblé. De sorte qu’il est facile de prendre du plaisir à suivre cette aventure du Visiteur et compagnie, et en particulier les répercussions chez Alice et son père proches de nous.

« Tu ne peux pas sauver tout le monde »

La science-fiction est très présente ne serait-ce que visuellement et artistiquemet avec ce futur de 2555.. Puisque le coeur du récit est de pouvoir et/ou vouloir changer des évènements, on y retrouve aussi des paradoxes temporels. La relation de cause à effet implique que si tel évènement est modifié dans le temps alors potentiellement ça sera mieux pour certains mais pire pour d’autres. Le choix est cornélien si tant est qu’il soit possible. D’autant quee Visiteur est convaincant et la Brigade Temporelle est efficace. Aussi plusieurs choix pourront être fait par divers personnages. Sorte de métavers interactif.

C’est sur ce scénario plutôt habile et solide que s’est élaboré Le Visiteur du futur. L’aspect science-fiction, déjà très riche, se double également d’une tonalité de drame émotionnel avec un conflit générationnel qui fait écho aux clivages actuels. Le tout est servi avec beaucoup de drôlerie (et le fun l’emportera toujours dans une comédie), même si le temps est compté… Après tout, quitte à assister à la fin du monde, puisqu’on n’a pas regarder la vérité en face, autant prendre du pop corn et s’amuser.

Le Visiteur du futur
Réalisation et scénario : François Descraques
Distribution : Pyramide
Sortie en salles : 7 septembre 2022
Durée : 1h42
Avec Florent Dorin, Enya Baroux, Arnaud Ducret, Enya Baroux, Raphaël Descraques, Slimane-Baptiste Berhoun, Audrey Pirault, Mathieu Poggi, Vincent Tirel, Assa Sylla, Lénie Cherino...