BIFFF 2022 : Totem de Fred de Loof, la nouvelle impertinence belge

BIFFF 2022 : Totem de Fred de Loof, la nouvelle impertinence belge

Pour son 40e anniversaire, le BIFFF propose un focus « The Belgian Wave » avec plusieurs films réalisés en Belgique ou coproduits par des partenaires producteurs belges (sans compter l’incitation du ‘tax shelter’) : c’est le cas d’ailleurs de quelques grosses productions internationales comme Vesper Chronicles de Kristina Buozyte et Bruno Samper en ouverture du festival, de Freaks out de Gabriele Mainetti qui avait été en compétition à Venise avant de sortir le 30 mars 2022 (Italie et Belgique). Parmi les films de genre tournés par des cinéastes belges, on remarque Ritual de Hans Herbots, Megalomaniac de Karim Ouelhaj, L’employée du mois de Véronique Jadin… et le plus belge de tous au moins pour son humour Totem de Fred de Loof.

C’est assez régulièrement que des cinéastes belges (francophones ou flamands) réalisent des films autant improbables qu’incroyables d’originalité. La fameuse « Belgitude » : C’est arrivé près de chez vous qui révéla Benoît Poelvoorde (1992), Dikkenek en 2006, Vampires de Vincent Lannoo en 2009, Je me tue à le dire de Xavier Seron en 2016, par exemple. Et désormais Totem de Fred de Loof est appelé de manière semblable à devenir une futur pépite.

L’histoire est celle d’un type hanté par la vision d’un rat géant après un drame qui s’est produit il y a une vingtaine d’années : quand il était un jeune scout un camarade a disparu en forêt. Pour aller mieux une psychologue organise la réunion des anciens scouts de l’époque au même endroit pour une thérapie, et la bande de quadragénaires se retrouve donc en costume de scout avec chacun leur surnom d’animal-totem : Castor, Fourmi, Marmotte, Okapi sont là pour soutenir Buffle, avec la psychologue Sylvie. On va vite apprendre qu’ils sont à priori tous coupables à divers degrés de la mort du jeune Ludovic alias Rat. Via un horrible passage temporel ils se trouvent tous alors en 1998 au moments des faits où il est encore possible de sauver le jeune Ludovic ayant été victime de leurs cruautés, mais est-ce vraiment souhaitable ?

« Tu sais dans la vie tu vas devoir faire des choix que tu ne choisis pas. C’est les choix qui vont te choisir… »

Totem débute avec un humour plutôt bon-enfant avant de progressivement virer vers un humour bien plus scatologique, mais cette étape douteuse est vite passée pour que le film montre sa véritable nature : des quadragénaires vonttrouver un tunnel temporel et se retrouver en 1998 face à eux-même. Les provocations douteuses du début font place à une sorte de gravité plus malaisante puisqu’il y a eu harcèlement et même pire de la part des personnages ayant conduit à la mort d’un garçon. Qui dit voyage dans le temps dit forcément paradoxes temporels, et c’est là que Totem joue avec humour avec les codes du fantastiques. Car quelque chose qui est modifié en 1998 provoque forcément un changement vingt ans plus tard. Il y a l’initiative de faire en sorte de sauver Ludovic pour éviter sa mort (se soulager de ce poids était l’objectif de base de leur thérapie collective en forêt), mais peut-être que bien des choses seront pires si le graçon s’en sort…

Fred de Loof est à la fois le réalisateur, scénariste et interprète principal de Totem. Il est entouré à l’écran par d’autres qui partage son sens du loufoque comme François Neycken (ici aussi co-scénariste) ou Xavier Seron (par ailleurs réalisateur, notamment du court-métrage L’ours noir dans lequel jouait d’ailleurs François Neycken). L’ensemble de la bande use et abuse de blagues potaches au début mais le comique va se mélanger au dramatique.

L’idée générale est la possibilité de remonter dans le temps pour réparer ses mauvaises actions, mais cette possibilité de science-fiction s’accompagne ici de conséquences qui pourraient être bien plus désastreuses. L’enchaînement de causes à effet va provoquer un déchaînement de violences pour le meilleur et pour pire, et le rire. Tout comme C’est arrivé près de chez vous avec la forme d’un documentaire qui suit un tueur professionnel dans ses actions de meurtres, Totem comporte plusieurs séquences grinçantes où le malaise d’e telle’un situation ne devrait pas, dans le fond, prêter à rire, et pourtant la forme adoptée pour en parler est telle que c’est impossible de ne pas rire. Futur film belge culte ?