Elizabeth II est morte. The Queen has died. Ce 8 septembre 2022 à Balmoral, son domaine écossais. En fonction depuis le 6 février 1952, après la mort soudaine de son père George VI (Le discours du roi, vous vous souvenez?), elle a régné 70 ans, sept mois et deux jours. C’est de loin le souverain britannique qui a régné le plus longtemps (sept ans de plus que la reine Victoria), et a été le premier monarque du Royaume-Uni a célébrer un jubilé de platine. Seul Louis XIV aura régné plus longtemps qu’elle dans l’Histoire.
Elizabeth II c’est un mythe, une icône du XXe siècle, ayant connu tour à tour la Seconde guerre mondiale, la décolonisation, le Brexit et 15 Premiers ministres. Sans compter les innombrables stars de cinéma croisées lors de réceptions ou de cérémonies, et celles anoblies.
C’est aussi la personnalité la plus photographiée de l’Histoire. Il n’est donc pas surprenant que la fiction se soit emparée de cette figure médiatique, à la fois pilier d’une nation et repère rassurant d’une société qui n’aura pas cessé de muter depuis son couronnement.
Pop culture
Dans de nombreux films, le personnage de la Reine est utilisé de manière anecdotique (ou exotique pour Hollywood), et souvent dans des navets. Deux comédiennes l’ont régulièrement incarné : Huguette Funfrock (Bons baisers de Hong Kong, Le bourreau des cœurs, Mad Mission 3) et Jeannette Charles (Queen Kong, All You Need is Cash, Bonjour les vacances 2, Y a-t-il un flic pour sauver la reine ?, Austin Powers dans Goldmember). On peut ajouter Prunella Scales dans Johnny English, Irm Hermann dans la farce allemande Willi und die Windsors, et, dans le cinéma français, Vivienne Vermes dans Les profs 2. Ou encore Rachel Wallis dans Her Majesty (film familial dont toute l’intrigue est tournée autour d’une visite de la Reine en Nouvelle-Zélande).
Rien de reluisant. La Reine n’est finalement qu’un ingrédient identifiable dans le monde entier dans des films où la farce est reine. Même dans 2012, Elizabeth Richard, et ses corgis, n’interprète Elizabeth II que pour le symbole qu’elle représente : une femme puissante parmi l’élite. Quant aux corgis de la monarque, ils ont été les stars d’un film d’animation, Royal Corgis (avec la grande Julie Walters pour doubler la voix d’Elizabeth II).
Plus sérieusement, Freya Wilson a été une jeune Elizabeth dans Le discours d’un roi, film oscarisé sur le père de la Reine. De même, dans la romcom britannique, inspirée d’un fait biographique réel, A Royal Night Out, c’est une future Reine (Sarah Gadon) et sa sœur, qui s’offre une virée londonienne le jour de l’armistice.
Queen Rhapsody
Objectivement, seul le film de Stephen Frears, The Queen (2006), lui rend honneur. Helen Mirren (oscarisée pour ce rôle, en plus d’un prix d’interprétation à Venise) se glisse à la perfection dans les habits royaux et les habitudes de Sa Majesté, entre Buckingham où elle reçoit Tony Blair et Balmoral où elle chasse le cerf, dans le cadre très serré de l’année du décès de la Princesse Diana.
Bien sûr, de nombreux documentaires ont aussi retracé des parties de sa longue existence (The Coronation, The Queen in Australia, A Queen is Crowned, narré par l’immense Laurence Olivier, Royal Family, vu par plus de 30 millions de britanniques lors de sa diffusion en 1969)
Et les fictions télévisées n’ont pas non plus été en reste : The Queen and I (avec Samantha Bond), Bertie and Elizabeth (Naomi Martin), The Prince (Frances de la Tour)… Mais c’est évidemment dans la série The Crown qu’elle fut à la fois sublimée, mythifiée, transcendée par ses actrices, Claire Foy (les deux premières saisons) et Olivia Colman (les deux saisons suivantes), en attendant de voir Imelda Stauton (pour les deux prochaines saisons, dont on imagine mal une autre issue que le décès de la Reine en ce 8 septembre 2022). The Crown retrace le règne d’Elisabeth II, ses moments de gloire comme ses années les plus horribles, ses relations avec son entourage et sa vision de la monarchie. Never Explain, Never Complain. Mais quel courage, quelle force pour affronter autant de tourments et d’orages, de scandales et d’offenses, de conflits et de querelles.
La Reine était finalement un objet de pop culture, un sujet rêvé de scénariste, une statue immuable symbolisant tout un pays. Elle pouvait être l’objet d’un complot cherchant à l’assassiner (A Queen’s Ransom de Ting Shan-hsi) ou destituée par un Minion.
Elle savait aussi s’amuser. Dans Happy and Glory, Danny Boyle lui a permis de jouer avec James Bond (Daniel Craig), toujours au service de sa Majesté, pour la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Londres en 2012. Toujours avec ses corgis pas très loin…