Dinard 2022 : The Gallery, le film interactif où le spectateur modifie le scénario…

Dinard 2022 : The Gallery, le film interactif où le spectateur modifie le scénario…

Le cinéaste Paul Raschid a réalisé quelques films sortis en salles de cinéma, mais depuis quelques temps, il s’est tourné vers un futur plus numérique : le film interactif, où, régulièrement, c’est au spectateur de choisir entre deux ou trois options en cours de scénario. Le spectateur est moins passif devant une histoire, il est même obligatoirement actif sur son déroulé (un peu à la manière d’un jeu-vidéo). Bien entendu chaque choix provoque différentes suite sur le cours du récit : il y a donc une dizaine d’histoire parallèles possibles avec plusieurs fins imaginables. Non seulement chaque choix à des conséquences sur les évènements qui vont suivre, mais aussi sur le destin de certains personnages : le spectateur peut décider que tel ou tel personnage pourrait mourir… Il est venu présenter au Dinard Festival du film Britannique son film-intéractif The Gallery avec l’acteur George Blagden (par ailleurs membre du jury de la compétition cette année). A Dinard il y a eu plusieurs séances en salles. Selon la projection, les festivaliers ont découvert, et en fait plutôt élaboré par la majorité de leurs choix, plusieurs versions différentes du film.

Paul Raschid n’est pas un inconnu des films de genre, c’est lui qui avait réalisé White Chamber avec l’actrice Shauna Macdonald (qui d’ailleurs était venue visiter le Festival de Dinard en 2005 pour The Descent). Dans ce White Chamber il y avait une femme qui se réveillait dans une sorte de prison en forme de cube où on lui demande des informations sur ses activités. Pour la torturer, des boutons envoyaient des températures extrêmes et des chocs électriques, le tout dans une Angleterre au climat politique trouble. C’est en quelque sorte les racines du film The Gallery : cette fois c’est une prise d’otage dans une galerie de peinture, mais c’est au spectateur d’agir sur un bouton pour que l’otage soit sauvé ou tué, et cela tout en ne sachant pas les conséquences imprévisibles de certains choix !

The Gallery a comme interprètes principaux George Blagden et Anna Popplewell (de la trilogie de films Le Monde de Narnia) dans le rôle du bourreau ET dans le rôle de l’otage, et vice-versa : la grande originalité du film est de se jouer à deux époques différentes en 1981 (George Blagden y est malveillant face à l’otage Anna Popplewell) et en 2021 (George Blagden y est l’otage de Anna Popplewell) avec d’autres personnages, et donc différentes interactions. Le spectateur expérimente d’abord l’histoire d’une époque, avant de comprendre des faits similaires à l’autre époque. Pour 1981 chaque choix a des conséquences différentes, et pour 2021 il y a encore d’autres conséquences. Comme le lieu est une galerie de peinture, on y parle de portraits, de ceux de Rembrandt tout comme de Léonard de Vinci et de peintres contemporains, mais on y parle aussi d’agitation sociale. Autant en 1981 que en 2021 la situation de base est similaire : il va y avoir une livraison prévue d’un tableau très attendu et qui va attirer du monde. Mais le soir au moment de fermer une dernière personne s’introduit à l’intérieur… et il y aura quelqu’un assis sur une chaise où il y a une bombe en dessous. Chaque époque a ses particularités : en 1981 c’est l’Angleterre de Margaret Thatcher où il y a des punks et en 2021 c’est internet avec des influenceurs. Dans les deux cas, il y a aussi protestations similaires du peuple contre les puissants.

En salle de cinéma, le film fait régulièrement une courte pause où sur l’écran s’affiche l’un des choix possibles (deux propositions, parfois même trois). Chaque spectateur vote à main levée avec un signal lumineux, et c’est le choix de la majorité de la salle qui fait progresser le film ensuite dans un sens ou dans un autre.

Le récit devient complexe et plein de surprises, car en plus de ceux coincés à l’intérieur de la galerie il y a des personnages extérieurs qui vont intervenir : un activiste avec un haut-parleur, des policiers, des amis, de la famille, etc… Les possibilités de récits sont multiples et multipliées. Il est possible que la mort d’un personnage soit la conséquence d’une combinaison de plusieurs choix, il est même possible qu’un choix soit de décider de la mort ou pas de quelqu’un. The Gallery a été conçu pour être différent presque à chaque fois car il y a derrière les propisitions plus de 150 chemins de décision qui affectent l’histoire et les relations entre les personnages, avec au bout du film, 18 fins différentes !

The Gallery est un film hybride entre cinéma et jeu, une expérience ludique à découvrir chez soi sur console de jeu, ou sur smartphone (télécharger l’app ‘The Gallery – Interactive Film‘).

The Gallery
Réalisation : Paul Raschid
Scénario : Paul Raschid
Avec George Blagden, Anna Popplewell, Rebecca Root, Kara Tointon, Richard Fleeshman, Shannon Tarbet...

Expérience sur écran individuel : Steam (PC & Mac), Playstation, Xbox, Nintendo Switch & Mobile (iOS & Android)