Jenna Ortega (Mercredi Addams) : screaming-queen de l’année

Jenna Ortega (Mercredi Addams) : screaming-queen de l’année

C’est un record de popularité : après l’arrivée de la série Mercredi (Wednesday, en vo) sur Netflix, en 10 jours le réseau social Instagram de l’actrice Jenna Ortega a gagné plus de 10 millions de nouveaux abonnés. C’est la conséquence d’un nouveau gros succès pour Netflix (le 2e plus important de l’histoire de la plateforme), avec plus de 400 millions d’heures de visionnage de cette nouvelle série durant sa première semaine de diffusion, un milliard au bout de trois semaines.

À une époque pas si lointaine, ça aurait été un film en salles, spin-off d’une franchise qui a fait ses preuves, avec une intrigue sans doute moins légère et un scénario plus serré, qui aurait sans doute palié quelques incohérences dans la série. Mais Netflix est passé par là et Mercredi Addams était un personnage idéal pour la plateforme qui sait mieux que quiconque revitaliser le teen-movie en série mondialement populaire dans tous les genres (Elite, Stranger Things, Les Chroniques de Bridgerton…) et, par la même occasion, transformer en vedettes planétaires des comédiens et comédiennes méconnus ou cantonnés à des seconds-rôles.

Replonger dans l’univers La Famille Addams était cependant un pari, après la série culte dans les années 60 puis les deux films populaires de Barry Sonnenfeld sortis en 1991 et 1993 (300M$ dans le monde cumulé). Sans compter les inombrables adaptations en séries animées, film d’animation, etc. En mixant les genres (ambiance façon Pudlard et relations entre ados style John Hugues, événements surnaturels et gentiment horrifiques dans un bled paumé, romances et rivalités décalées, humour noir…), Mercredi était même assez casse-gueule sur le papier pour devenir mainstream (l’absence de drogue, de sexe et de gore traduit et trahit l’ambition d’une série familiale).

Evidemment, Mercredi a bénéficié de l’aura du réalisateur Tim Burton (pour les 4 premiers épisodes, les 4 suivants ayant été délégués) pour l’installation de cette nouvelle version. L’attrait d’un univers gothique façon Burton a d’ailleurs beaucoup compté pour faire décoller ce succès. Ce qui lui a permis aussi de renouer avec une forme d’humour qu’il avait un peu perdu. Pour l’anecdote, il avait refusé de faire le film en 1991 (pour se concentrer sur la préparation de Batman: Le Défi).

C’est presque une seconde jeunesse pour lui, tant les personnages de cette Famille Addams semblent avoir été imaginée pour son univers, allant de Beetlejuice à L’étange Noël de Monsieur Jack en passant par Sleepy Hollow.

La série est d’abord orientée vers les adolescents. Au centre, le personnage de la fille Addams, Mercredi, avec un jeune barman (Hunter Doohan), des vampires, sirènes, loups-garous et autres psychopathes fantastiques qui gravitent autour d’elle, sans oublier Catherine Zeta-Jones et Luis Guzman dans le rôle des parents et Gwendoline Christie dans celui de la directrice. Avouons que la série misait gros sur l’actrice devant incarner Mercredi, ado cynique, HPI, asociale, morbide et arrogante. Il fallait trouver une jeune fille au teint pâle et aux cheveux noirs, avec de grands yeux sombres (qui ne clignent jamais des paupières). Bref l’héritière de Christina Ricci dans les films de Sonnenfeld, 11 ans en 1991. Note : Ricci, qui a déjà été filmée par Burton dans Sleepy Hollow, est un second-rôle majeur de la série Mercredi… Joli clin d’oeil.

Le choix se porte sur la jeune Jenna Ortega qui correspond au physique (jusqu’à ses origines mexicaines). Certes, ella a déjà plus de 19 ans et déjà une solide expérience a jouer des ados dans diverses séries (Jane the virgin, You…) et films (Insidious 2, Yes day…). Mais, incontestablement, elle est Mercredi, au premier plan ou en arrière plan, dans le moinde de ses gestes, postures et regards. Et il aura suffit d’une scène de danse dans la série Mercredi soit largement partagée par sur internet pour que Jenna Ortega devienne instantanément une nouvelle star planétaire… Tout le monde copie cette chorégraphie improvisée et zombiesques sur la musique des Cramps. Un phénomène viral qui vire au phénomène de société.

Le futur de Jenna Ortega s’annonce brillant. Gamine issue de l’écurie Disney (un autre point commun avec Tim Burton), elle va recevoir forcément d’autres propositions exploitant son image gothique (alors qu’elle est loin de se résumer à cela). Pour l’instant, elle rechigne à faire une deuxième saison (ndlr : finalement confirmée début janvier 2023). Certains parents redoutent que la nouvelle idole de la jeunesse prenne un virage sexe, drogue & rock’n’roll (c’est souvent le tracé logique pour une égérie Disney bizarrement). Ce serait ignorer qu’elle a déjà un bout de carrière derrière elle, et qu’elle a déjà joué, avant Mercredi, dans tout les registres du sexe et de l’horreur !

En premier lieu elle était déjà la nouvelle héroïne du sequel The Babysitter: Killer Queen (également sur Netflix, qui devient aussi une pépinière de jeunes talents). C’est la suite directe du film The Babysitter réalisée par McG, où tout les personnages sont de retour (même ceux qui étaient morts) et Jenna Ortega y débarque avec un nouveau personnage-clé. Contrairement au héros qui est facilement paniqué et influençable, Jenna sait rapidement analyser une situation et y réagir en combattant de la meilleure manière. Petit spoiler : avoir un premier rapport sexuel peut aider à mettre fin à une malédiction satanique…

Avant que la série Mercredi soit un succès planétaire durant cette fin d’année, durant cette année 2022, il y a eu en fait quantité de films qui sont sortis où Jenna Ortega devient une nouvelle star du genre fantastique : on l’a vue dans Scream 5, X, American Carnage, et même Studio 666 !

Studio 666 c’est le film horreur et rock’n’roll imaginé et joué par Dave Grohl et son groupe Foo Fighters. Côté disques de musique (et même films documentaires) il avait déjà un peu tout fait avec succès, le groupe (avant la mort du batteur) se cherche à la fois des nouvelles idées pour le futur et une recréation originale. Se monte alors ce projet de film : un groupe de rock s’installe dans une nouvelle maison comme studio d’enregistrement, mais dans le passé les membres d’un autre groupe de rock y sont mort. Une malédiction ? Rien de plus cool que de participer à un film avec Dave Grohl, et Jenna Ortega fait justement partie de l’aventure pour quelques scènes de flashback dans le passé (attention les yeux ici). La sortie en salles a été plutôt confidentielle en février et le film a été plus largement diffusé ensuite en vod et dvd.

Longtemps espérée, puis enfin confirmée, il y a aussi eu la sortie dans les salles françaises du film X de Ti West, le 2 novembre. L’affiche annonce rien de moins que ‘le film d’horreur de l’année’ et le X est celui de la classification de la pornographie : une petite équipe de tournage d’un film porno arrive dans une maison isolée dans le Texas conservateur des années 70… On est dans une ambiance proche du cultissime Massacre à la tronçonneuse avec ici en vedette Mia Goth. Dans X, Jenna Ortega joue la scripte et preneuse de son de l’équipe, elle découvre cet univers libertaire du tournage de films pornos et va avoir envie de faire l’actrice devant la caméra (contre l’avis de son compagnon jaloux). Le tournage du film va devenir mortel à cause du voisinage.

A la fois plus sérieux et plus transgressif, American Carnage réalisé par Diego Hallivis propose un rôle à Jenna Ortega pour ce qu’elle représente : une latina avec des origines mexicaines, et dans une version des Etats-Unis qui caricature encore plus la vision de l’ex-président Trump. Tout les gens ayant eu de la famille immigrée depuis divers pays d’Amérique du Sud sont désormais indésirables, arrêtés, placés en centre de déntention, déportés… Certains jeunes prisonniers reçoivent la proposition d’être placés dans un etablissement fermé pour aider des personnes âgées, et là, ils vont découvrir l’inimaginable. A la fois comédie d’horreur et satire politique, comme un croisement entre Robert Rodriguez et Jordan Peele, le film permet à Jenna Ortega de briller en tant que latina rebelle qui lutte contre des injustices (à 15 ans, lors d’une remise de prix, elle s’était déjà publiquement opposée à Melania Trump). Dans ce film elle s’impose progressivement à côté du héros pour comprendre ce qui se passe et s’échapper. Dans ce groupe, elle est à la fois la plus indépendante avec sa mèche de cheveux colorés et la plus féministe dans ses réparties. Elle est le moteur du film, et a déjà tout d’une grande.

L’année 2022 se termine pour Jenna Ortega avec le carton de la série Mercredi, mais il s’agit en fait de son deuxième gros succès de l’année : elle a intégré la suite de la saga Scream ! Le cinquième opus de Scream, sorti en janvier 2022, est une nouvelle tentative de relancer la très lucrative saga : Scream 4 devait démarrer une nouvelle trilogie mais ça n’a pas eu lieu, et Scream 5 a donc eu cette fonction en forme de legacy-sequel. Ici, 25 ans plus tard, une nouvelle bande de jeunes et le trio des adultes vieillissant du film original, sont poursuivis par un serial killer masqué. Jenna Ortega est la première cible, et c’est d’ailleurs elle qui rejoue la séquence iconique et culte du Scream de Wes Craven avec le téléphone qui sonne dans la cuisine…

Peu importe la qualité relative de ce Scream 5 (il est décevant à de multiples points de vue), c’est un joli succès en salles et la production de la suite est très vite lancée. La bonne nouvelle c’est que cette fois il y aurait un scénario bien plus original et bien plus intéressant, Scream 6 (pour mars 2023) va se détacher des autres pour enfin ressembler à un renouveau tant espéré : il n’y aura plus la tutélaire héroïne Neve Campbell (devenue inutile), l’aventure se déplace complètement ailleurs (à New-York). Et dans les rôles principaux, il y aura bien entendu le retour de Jenna Ortega !