Ghost Therapy, un drôle de couple en cavale

Ghost Therapy, un drôle de couple en cavale

Si Ghost Therapy, avec son micro budget, est contraint formellement, il ne l’est pas dans sa narration. Cette singularité se traduit dans sa tonalité si particulière. Le film est à la fois bricolé et maîtrisé, réaliste et surnaturel, psychologique et cocasse. On n’en attendait pas autant de cette histoire de loser, Clay, artiste photographe de Los Angeles, adulescent qui procrastine à mort et qui ne sait pas joindre les deux bouts.

Bien sûr, cette comédie « indé » est remplie de petits défauts et d’imperfections. Mais l’originalité du propos rattrape tout et on en vient à trouver Clay touchant au point de partager son dilemme : que faire de ce fantôme qui le harcèle et qui le suit comme un toutou? Car, Clay croise Whit, ancien ami d’enfance désormais décédé mais bien vivant à ses yeux. Une amitié renaît, toxique ou stimulante, selon le point de vue et les situations. Mais comment se débarrasser d’un fantôme quand il devient trop encombrant?

En petits chapitres, comme autant de chroniques, Ghost Therapy déroule le quotidien de ce drôle de couple errant et paumé. C’est aussi dingo que taré, sans être foutraque. Le scénario, au contraire, s’attache à construire une véritable relation humaine et improbable dans un univers banal malgré l’aliénation qui guette à chaque tournant.

Si quelques bonnes idées ajoutent du piquant au récit, celui-ci baisse en intensité quand il ne se focalise que sur l’un des deux protagonistes. Associaux et solitaires, ces deux personnages, ironiquement, ne parviennent à créer une dynamique narrative que lorsqu’ils sont réunis. Dans la ville des étoiles et des anges, Clay et ses illusions perdues trouvent dans ce petit démon psychanalytique aux rigidités cadavériques un moteur pour reprendre sa vie en main. Car c’est bien le sujet. La quarantaine flemmarde et bedonnante, Clay cherche des moyens pour retrouver l’inspiration et rebondir. Entre Woody Allen et Rain Man, A Ghost Story (fabuleux film épuré de David Lowery) et The Climb, le duo Clay Tatum / Whitmer Thomas (co-scénaristes) s’aventure dans différents terrains cinématographiques interrogeant la crise existentielle d’hommes écartés du rêve américain. Tout le film tend vers un retour au réel nécessaire, à moins de vouloir sombrer dans la folie.

Après tout, la mort semble si belle, si poétique, si paisible. Clay regarde Whit comme la vie observe l’au-delà. Le fantôme est la mort, et les deux le hantent. Mais si tout cela semble déranger son quotidien et l’amener à une forme de perversité (c’est un filou durant tout le film), Clay n’empêche pas son histoire d’atteindre une forme de grâce, entre l’allégorie évidente d’un film (fauché) de fantôme et la dérision d’un buddy movie à l’ancienne.