Les gardiennes de la planète : protéger la beauté des baleines menacées

Les gardiennes de la planète : protéger la beauté des baleines menacées

Dans la chanson « Paradis blanc » de Michel Berger, l’introduction est un chant de baleine majestueux et mystérieux. La baleine, plus grand mamiphère du monde, star de Pinocchio, Avatar, et autres documentaires ou fictions marines, est aussi l’un des animaux les plus fascinants de notre biodiversité.

De quoi en faire les vedettes du film documentaire Les gardiennes de la planète, de Jean-Albert Lièvre, narré par Jean Dujardin. Formellement, le film se situe entre un documentaire National Geographic et une œuvre plus ample comme savait les réaliser Jacques Perrin. Le soin apporté à la musique, la splendeur des images et la découverte de cette « civilisation » de cétacés produisent l’effet escompté : un spectacle familial et pédagogique.

La baleine méritait qu’on s’intéresse à elle. Elle a le format idéal pour le grand écran. 50 millions d’années qu’elle inspire les récits des hommes (on pense évidemment à Moby Dick), notamment ce poème d’Heathcote Williams, Whales nation, dont s’est inspiré le film.

Eloge du vivant, Les gardiennes de la planète est un vibrant hommage à ces géantes des mers et leur rôle sur notre petite bille bleue. S’il n’a rien d’exceptionnel en soi, s’il reste dans la lignée des films de son genre, le documentaire est historiquement et biologiquement passionnant. Certes, le commentaire en voix off a une tendance à trop humaniser l’animal, le syndrome de l’antrhopomorphisme cher aux films d’animation de Disney. Mais il démontre aussi les liens communs à tous les mammifères, notamment le lien intra-espèce, qu’il soit social ou familial.

Well Well Whale

En élargissant son propos à toutes les espèces de baleines, du cachalot à la grande baleine bleue, qu’elles vivent dans les eaux froides ou tropicales, le film s’offre l’opportunité de varier son discours et son exploration. Une fois l’empathie créée avec le spectateur, Jean-Albert Lièvre peut poursuivre son chemin temporel vers les temps modernes et exposer les atrocités commises sur les cétacés. Un massacre de masse pour ces impératrices des mers. La chasse est ouverte pour leur grausse, leurs os, leurs fluides. C’est de loin l’épisode le plus intéressant du film. L’horreur à l’état pur et une prise de conscience nécessaire.

L’espèce a failli s’éteindre à force d’être utilisée comme matière première, et désormais l’espèce est menacée par la pollution et l’activité humaine. L’impact humain est considérable et démontre notre égoïsme et notre indifférence. Grave erreur puisqu’elles sont indispensables à l’oxygénation de la planète, qui sombrera si ces gardiennes disparaissent. On échappe pas à la morale écologique, mais il semble que le discours didactique doive être répété mille fois pour que cela entre dans nos crânes.

Voilà pour l’engagement. Il ne suffit pas de s’émerveiller devant leurs ballets gracieux ou de chercher à comprendre le sens de leurs chants ensorcellant, ni même d’admirer leurs facultés à se repérer grâce aux étoiles. Il s’agit de les sauver. Le film tente de concilier les deux.

Paradis bleu

C’est là le point faible du film. En insérant un autre récit, factice et facile, celui d’une (fausse) baleine échouée sur une plage que des vacanciers tentent de sauver, Jean-Albert Lièvre nous coupe par intermittence de ce beau plaidoyer sur la biodiversité. Presque raccoleuse, cette histoire parallèle et fictionnelle perturbe l’ensemble pour chercher à nous émouvoir, sans y parvenir. Sans doute conscient que sa vision de l’humain était très pessimiste, à juste titre, il a cherché à illustrer une forme de résistance, de bienveillance et d’espoir. Malheureusement, ces chapitres transitoires nous arrachent du film et allongent vainement le propos scientifique et pédagogique, qui se suffisait amplement à lui-même. Comme si le cinéaste n’avait pas eu assez confiance dans ses images magnifiques et ses héroïnes ancestrales.

Reste la splendeur des images, la rage contenue face à notre appétit destructeur et l’amour incosidéré que l’on ressent après avoir cotoyé ces êtres vivants enchanteurs.