Il existe une formule magique autant que maléfique au cinéma : ‘basé sur une histoire vraie’. Pour un film qui voudrait effrayer avec une histoire improbable, et déjà vue, à propos d’exorcisme, le prétexte d’une histoire vraie devrait s’avérer plus efficace. A défaut, on peut aussi inventer une histoire qui n’est pas vraie mais qui serait racontée par une personne ayant existé. Peu importe le degré de vérité d’ailleurs, parce que le héros de L’exorciste du Vatican, c’est Russell Crowe !
Inspiré des véritables archives du Père Gabriele Amorth, exorciste en chef du Vatican, le film L’Exorciste du Vatican suit le père Amorth (interprété par l’acteur oscarisé Russell Crowe) dans son enquête suite à la découverte terrifiante d’un jeune garçon possédé. Ses investigations le mèneront à dévoiler une conspiration séculaire que le Vatican a désespérément tenté de maintenir dans l’oubli.
L’histoire démarre durant l’été 1987, en Italie, où le prêtre Amorth est appelé pour un jeune homme qui délire. Aucun exorcisme ni aucun Diable ici. L’Exorciste du Vatican est assez malin pour commencer par nous raconter que certaines personnes s’imaginent être possédées par un esprit du Mal, mais qu’il n’en est rien, et qu’un psychiatre serait plus utile qu’un prêtre. Pour 98% des cas où il a été appellé il s’agit plutôt d’une maladie mentale ou d’un désordre psychologique, mais il reste les 2% des autres cas, qui seraient bien diaboliques… Un peu plus tard, loin de là, en Espagne une famille américaine supervise des travaux de restauration dans une vieille abbaye, et le jeune fils a vu quelque chose. Il serait possédé. Son cas remonte au Vatican. Et voila le prêtre Amorth envoyé en Espagne pour juger de ce qu’il en est : serait-ce une véritable possession par un redoutable démon des enfers ?
Russell Crowe n’est évidemment pas crédible pour incarner le prêtre italien Amorth. Peu importe. Car au delà d’être un homme religieux, le scénario est assez habile pour en faire un homme de caractère plutôt rebelle et qui n’aime pas qu’on lui donne des ordres ni qu’on lui donne tort. Et ça c’est un personnage idéal pour un Russell Crowe, un peu oublié depuis le Robin des Bois de Ridley Scott en 2010 ! Il semble vouloir opter pour une résurrection par le film de genre. Après l’échec de La Momie face à Tom Cruise, on a pu le voir s’amuser en Zeus fantasque et arrogant dans le dernier opus de Thor (Marvel), en attendant d’être Nikolaï Kravinoff dans Kraven le Chasseur, toujours chez Marvel (mais côté Spider-Man).
Un acteur de catégorie A qui dévore cette série B
L’Exorciste du Vatican reprend quantité de scènes qui sont des clichés déjà vus dans des dizaines de films du même genre. Parcours obligatoire pour ce genre de film très balisé. On est devant un petit film avec un immense acteur, qui à certains moments s’autoparodie sans croire à ce qu’il joue. Pour autant ce n’est pas gênant, et ça participe même à la qualité du film. C’est d’ailleurs la promesse de l’affiche : voir Russell Crowe en prêtre exorciste, mais à la façon de Russel Crowe. Le divertissement et le spectacle n’empêchent pas l’humour. Le principal est que la promesse soit tenue.
La salsa rentable du démon
Le ‘Mal’ s’est propagé dans les salles de cinéma après que le bouquin L’Exorciste de William Peter Blatty soit devenu un film par le réalisateur William Friedkin en 1973 : un succès phénoménal aux Etats-Unis et à travers le monde, puis une œuvre culte du fantastique (remportant un Oscar du meilleur scénario adapté). Un tel succès a été surexploité avec diverses suites et préquelles, soit quatre autres films dispensables auxquels ajouter The Exorcist: Believer réalisé par David Gordon Green prévu pour octobre 2023. L’équation petit budget et gros succès est bien entendu régulièrement répliquée, avec une dizaine de suites à Amityville et plus récemment une dizaine de suites à Conjuring. La base de l’histoire étant toujours la même avec un personnage possédé par le démon…
Alors, est-ce qu’on a encore besoin d’un nouveau film avec un exorcisme ? Non, évidemment, tant les productions paraissent insipides. Est-ce qu’on a envie de se faire peur avec un nouveau bon film sur le sujet ? Oui, d’autant que le public ado est avide de ce type de sensations à partager en salles. Une poignée de films est d’ailleurs parvenue à se démarquer avec assez d’originalité pour être recommandable : L’Exorcisme d’Emily Rose de Scott Derrickson, Verónica de Paco Plaza ou El Habitante de Guillermo Amodeo.
Toutefois le meilleur film en réponse au cultissime L’Exorciste de William Friedkin n’est rien d’autre que le documentaire The Devil and Father Amorth du même William Friedkin (présenté au festival de Venise 2017) qui justement questionne à la fois les rituels et les croyances de ce sujet avec le véritable prêtre Gabriele Amorth… qui sans le savoir prêtera son nom au personnage joué par Russel Crowe dans ce nouveau film L’Exorciste du Vatican !
L'Exorciste du Vatican Réalisation : Julius Avery Scénario : Evan Spiliotopoulos et Michael Petroni Durée : 1h43 Avec Russell Crowe, Daniel Zovatto, Alex Essoe, Franco Nero...