Cannes 2023 | Black Flies : une virée en enfer

Cannes 2023 | Black Flies : une virée en enfer

On ne vas pas s’étendre sur ce film dont on peut juste s’étonner de sa place en compétition plutôt qu’en séance de minuit. En suivant les urgentistes de Brooklyn durant leurs tournées, sirènes hurlantes, Jean-Stéphane Sauvaire a sans doute voulu rendre hommage à ces « sauveurs » du quotidien.

Mais les bonnes intentions et un indéniable savoir faire technique ne suffisent pas à sauver le très mal en point Black Flies. Côté ambulanciers en burn-out, on préfèrerait presque avoir à faire à Nicolas Cage dans À tombeau ouvert de Martin Scorsese.

Training Days

Sauvaire ne réussit jamais à ressusciter un scénario en état de mort-clinique. En le surdosant de références christiques (jusqu’au nom du jeune médecin urgentiste, Ollie Cross, aka Sainte Croix), et en dépeignant une société uniformément violente, il ne se facilite pas la tâche. Combien de fois a-t-on vu ce genre de films avec un vétéran blasé et un « bleu » trop tendre qui font équipe ? A ce manque d’originalité, s’ajoutent des récits parallèles anecdotiques (et masculinistes). Et notamment le vieux de la vieille qui ne se remet pas de son divorce et le petit jeune qui perd la boule jusqu’à mettre en péril ses examens et sa liaison amoureuse.

On saisit rapidement qu’en dehors d’un montage cocaïné et de l’éloge aux urgentistes, le film n’est pas immunisé contre la médiocrité. On a beau faire une virée en enfer (jusqu’à une séquence très « Silence des Agneaux »), tout parait prévisible (le destin du personnage de Sean Penn) ou surdramatisé (Tye Sheridan a besoin de fausses larmes pour faire croire à ses souffrances).

Patient après patient, on perd patience. La misère du monde n’est pas assez misérable qu’il faut encore la surcharger avec des clichés et du pathos. Pas sûr que cette visite des ténèbres remontent le moral, malgré son moralisme surappuyé.

Black Flies ne nous épargne aucune tentative de réanimation, y compris la sienne. En multiplant les fins, dont certaines franchement grossières, Saveyre étire son film inutilement. On rêve alors d’un papier tue-mouches…