Mission : Impossible – Dead Reckoning, partie 1 : tout est toujours possible avec Tom Cruise

Mission : Impossible – Dead Reckoning, partie 1 : tout est toujours possible avec Tom Cruise

A l’instar de James Bond et d’Indiana Jones, Ethan Hunt sent que la fin approche, même s’il la recule indéfiniment. Il faut dire que dans ce jeu commencé il y a bientôt trente ans, il est est l’un des rares survivants de la série. Le chasseur est poursuivi par des fantômes toujours plus nombreux.

Ethan Hunt et son équipe de l’IMF se lancent dans leur mission la plus périlleuse à ce jour : traquer une effroyable nouvelle arme avant que celle-ci ne tombe entre de mauvaises mains et menace l’humanité entière. Le contrôle du futur et le destin du monde sont en jeu. Alors que les forces obscures de son passé ressurgissent, Ethan s’engage dans une course mortelle autour du globe. Confronté à un puissant et énigmatique ennemi, Ethan réalise que rien ne peut se placer au-dessus de sa mission, pas même la vie de ceux qu’il aime.

On ne change pas une formule qui gagne (de plus en plus). La franchise M:I conserve tous les ingrédients de sa formule qui ont fait son succès. Plus physique que Bond, plus loyal que Bourne, Hunt est le parfait prototype du patriote qui doit parfois naviguer dans les zones d’ombre, à l’écart des lois et des règles. Mercenaire avec une bonne conscience, tout en étant persuadé d’être l’élu missionnaire.

Fatalité pour les femmes

Dans ce septième film, il y a toujours le message qui s’autodétruit (à l’ancienne), des supérieurs ambigus, un vilain sans vergogne, le héros seul contre tous, un jeu de billard à multiples bandes, et des femmes fatales. C’est fou comme il a la poisse ce Hunt avec ses conquêtes. Déjà Emmanuelle Béart le trahissait en 1996. Thandie Newton a failli mourir dans le suivant. Michelle Monaghan a réussi à survivre à un kidnapping et à une bombe nucléaire. Reste Rebecca Ferguson, inconstatablement la meilleure d’entre elles… Et une nouvelle qui lui tombe dans les bras, Hayley Atwell.

Une clé convoitée

Côté scénario, on ne s’embarrasse pas plus de nouveautés. C’est toujours un « macguffin » anecdotique qui est en jeu (et qui menace la planète). La double clé succède à une disquette, un virus, une liste, une patte de lapin, des charges nucléaires. Pour récupérer cet objet (qui ouvre le cœur d’une intelligence artificielle décidée à détruire l’humanité, et qui sera l’enjeu de la seconde partie), l’IMF est comme d’habitude entre deux feux : une hiérachie pas très nette, un ancien membre devenu traitre. Et cela donne un petit tour du monde habituel : Washington, Abou Dhabi (Dubaï c’était déjà fait), Rome (pour une redite de 007 : SPECTRE), Venise (déjà utilisée pour Casino Royal), les Alpes autrichiennes en train de luxe (ça change de l’Eurostar du premier M:I). L’emprunte carbone n’est pas terrible…

Train, avion et Fiat 500

La répétition est aussi de mise du côté de l’action. Hormis la scène de l’aéroport d’Abou Dhabi, avec ses leurres numériques (de loin la partie la plus originale du film), et le (déjà culte) saut dans le vide de la moto de Tom Cruise, rien de bien neuf. Par sa virtuosité technique, le film épate alors qu’il n’apporte aucun renouveau. On réutilise l’atmosphère des impasses et des ponts du premier M:I pour la séquence vénitienne ou le bal costumé dans le Palais des doges qui se substitue à la soirée techno du Grand Palais de Paris ou celle de l’opéra de Vienne ; on réexploite le procédé du couple menotté dans le mauvais ordre lors de la poursuite mécanique dans la capitale italienne (Tomorrow never Dies l’avait déjà fait) ; on a le droit à une énième bagarre sur le toit d’un train à pleine vitesse ; on subit encore une tempête du désert (M:I 4) ; et, lors du final long et tendu, nous voilà en apnée dans ce train suspendu au dessus d’un ravin vertigineux (et cela nous rappelle évidemment une action similaire dans Wanted).

Retour aux sources

Mais, il faut bien avouer que Christopher McQuarrie maîtrise très bien cet équilibre entre le récit humain (faux-semblants, trahisons, perte inconsolable, double jeu, séduction, égoïsmes…), l’intrigue (certes pas très complexe) et ces séquences généreuses en spectacle et suspense. Mission : Impossible ne fait pas sa révolution mais reste sur ses bons rails. À savoir qu’il délivre ce qu’il promet. Efficace, un peu lisse, comme Tom Cruise.

À défaut de suprises, ce M:I 7 réussit à maintenir la franchise à un haut niveau de plaisir, notamment grâce à son casting alliant anciens et modernes : les nouveaux venus et ceux qui ressuscitent du premier opus. Car, plus singulièrement, Dead Reckoning revient sur les pas du premier Mission:Impossible, celui de Brian de Palma. On l’a déjà dit : le train comme décor final pour un échange de haute voltige, l’atmosphère noire et brumeuse d’une ville européenne historique, la présence de la Veuve blanche, fille de Max Mitsopolis, le retour du personnage d’Eugene Kittridge… Un brin de nostalgie qui s’invite pour expliquer le passé d’Ethan Hunt, jusqu’ici inexploré. On pourrait presque croire que cet épisode anticipe la fin de la franchise. Mais on doute que Tom Cruise veuille finalement abandonner son alter-ego.

Survivalisme d’un certain cinéma hollywoodien

Dans son désir d’éternité, jusqu’à quand l’acteur pourra incarner ce faux rebelle héroïque et solitaire, hanté et sacrificiel? A l’instar de son personnage de Maverick dans Top Gun, l’espion invincible glisse ici et là des indices. Il se veut anti-super-héros, profondément humain (avec quelques traumas), et veut prouver qu’il est le dernier survivant d’une espèce en voie de disparition parès la retraite de Jason Bourne, celle d’Indiana Jones et la mort de James Bond. Ce n’est pas Tyler Rake, Nolan Booth et autres Gray Man qui vont prendre la relève dans l’immédiat.

Tout ce Mission : Impossible est déterminé à montrer que l’analogique est moins dangereux que le numérique, que l’humain est plus malin que les algorithmes d’une intelligence artificielle maléfique (et redoutable), qu’une cascade réelle (et très publicisée) est plus performante que les effets spéciaux, que le hasard, la chance et la foi l’emportent sur les calculs, la manipulation et le nihilisme.

Dead Reckoning affiche inévitablement un bilan peu glorieux en nombre de rescapés dans cette saga aux dommages collatéraux inombrables. Mais le spectateur s’en sort, salutairement, en prenant sa dose d’adrénalyne et de sérotonine avec un film contractuellement impeccable.