Greta Gerwig, Présidente évidente du 77e Festival de Cannes

Greta Gerwig, Présidente évidente du 77e Festival de Cannes

« Après une année 2023 où elle aura battu tous les records avec son film Barbie, la cinéaste, scénariste et actrice américaine Greta Gerwig présidera le Jury du 77e Festival de Cannes, qui se tiendra du 14 au 25 mai 2024 » a annoncé l’association.

C’est la surprise de Noël. Autant, l’an dernier, il avait fallu longuement attendre pour connaître le nom du président du jury. Autant, cette année, le Festival n’a même pas attendu le début d’année. Quelques jours après l’annonce du Festival de Berlin, qui a opté comme présidente de jury pour la quadra mexicano-kényane Lupita Nyong’o, Cannes a dégainé une autre quadra (elles ont six mois d’écart) pour présider son jury.

Déjà saluons le choix d’une femme, ce n’est que la douzième à présider le jury cannois. La première fut Olivia de Havilland en 1965. Avec la star d’Autant en emporte le vent, Gerwig est la deuxième américaine à avoir cet honneur. C’est aussi une jeune présidente. Pour tout dire, Sophia Loren, à 31 ans, détient le record de jeunesse depuis 1966. Gerwig arrive là encore deuxième dans cette catégorie. Enfin, après Jane Campion, ce n’est que la deuxième réalisatrice à être présidente (même si on peut considérer que Jeanne Moreau et Liv Ullmann pouvaient aussi entrer dans cette catégorie).

Autant dire que Thierry Frémaux a fait un bon coup. D’une part en créant l’effet de surprise, d’autre part parce que Gerwig cumule toutes les qualités médiatiques contemporaines. Difficile d’attaquer une artiste qui vante le féminisme à longueur de films (déjà trois nominations aux Oscars sur son seul nom) et qui s’octroie en plus tous les lauriers avec sa dernière réalisation, Barbie (9 nominations aux Golden Globes). Sans oublier que le film est le plus gros succès de l’année non seulement aux USA mais dans le monde.

Le festival de Cannes s’offre don la « hit-girl » de la saison. Mais comme l’explique le communiqué : « Héroïne de nos temps modernes, Greta Gerwig bouscule les lignes d’une industrie cinématographique codifiée et d’une époque à questionner. Et elle est aussi une amoureuse du cinéma. »

« J’aime profondément les films, confie-t-elle avec ferveur. J’aime les faire, j’aime aller les voir, j’aime en parler des heures. En tant que cinéphile, Cannes a toujours été pour moi l’acmé de ce que le langage universel des films peut représenter. Se mettre dans un état de vulnérabilité, prendre place à l’intérieur d’une salle obscure remplie d’inconnus pour regarder un film nouveau, est ce que je préfère. Je suis bouleversée, enthousiaste et empreinte d’humilité de devenir la Présidente du Jury du Festival de Cannes. J’ai hâte de découvrir quels voyages nous attendent !« .

Greta Gerwig

Il y a quand même une particularité pour cette Californienne de New York. Aucun de ses films n’a été présenté dans le triumvirat européen (Cannes, Venise, Berlin). Et rarement les films où elle a été seulement interprète ont fait le voyage. Si bien que 2024 sera son premier voyage officiel sur la Croisette. Par la grande porte.

Est-ce que le tapis rouge sera rose Barbie?

En tout cas, pour Cannes, il s’agissait de l’Américaine idéale : « Elle livre des blockbusters d’auteurs, rapproche art et industrie, interroge avec finesse et complexité les problématiques contemporaines, affirme ses ambitions artistiques exigeantes au sein d’un système économique qu’elle investit pour mieux en disposer » explique le Festival.

Révélée par le génial Frances Ha, en 2023, réalisé par son compagnon et complice d’écriture Noah Baumbach, l’actrice a aussi tourné pour Barry Levinson, Woody Allen, Mia Hansen-Love, Pablo Larrain, Todd Solondz…

Elle se lance derrière la caméra, en solo il y a six ans, avec Lady Bird (5 nominations aux Oscars). Deux ans plus tard, elle signe Les Filles du docteur March (6 nominations aux Oscars). Puis arrive Barbie, qui, quoiqu’il arrive sera à l’affiche des prochains Oscars lui aussi.

« Ce choix est une évidence tant Greta Gerwig incarne audacieusement le renouveau du cinéma mondial dont le Festival de Cannes se fait chaque année à la fois le précurseur et la caisse de résonance. Au-delà du 7e Art, elle apparait aussi comme la représentante d’une époque qui abolit les frontières et mélange les genres pour faire triompher intelligence et humanisme. »

Iris Knobloch, Présidente du Festival de Cannes et Thierry Frémaux, Délégué général