Chicken Run : La Menace nuggets, un bon délire plein de panache

Chicken Run : La Menace nuggets, un bon délire plein de panache

Presqu’un quart de siècle sépare le génialissime Chicken Run des studios Aardman de cette suite qui n’a pas les honneurs d’une sortie en salles. Chicken Run : La menace nuggets est le cadeau de Noël de Netflix (les temps changent) et s’avère bien plus trépident que les récentes productions animées anglo-saxonnes de Disney, DreamWorks et Illumination.

On ne reviendra pas sur le génie du studio britannique, maître d’art de la pate à modeler. Premier long métrage des artisans de Bristol, Chicken Run, mix parodique hilarant et délirant de La Grande évasion et de La ferme des animaux, a élevé le niveau dans le genre. Les créateurs Peter Lord et Nick Park n’ont jamais failli depuis, que ce soit avec les iconiques Wallace et Gromit, ou le mythique Shaun le mouton. C’est d’ailleurs ce mouton qui a eu le droit à une première suite (La ferme contre-attaque). C’était aussi la dernière production à date du studio, il y a quatre ans.

Une suite à un chef d’œuvre est toujours casse gueule. Une chose est certaine : Aardman n’a pas perdu son savoir faire. Si La menace Nuggets reprend peu ou prou l’enjeu dramatique de Minions, ce qui atténue de facto son originalité, il coche toutes les cases d’un excellent divertissement bourré de références. De James Bond à Mission : Impossible, de Truman Show à Die Hard, le film ne lésine pas sur l’action et les codes du genre.

Fell ne fail pas

Et la magie opère toujours. Une histoire simple (une ado qui en a assez de tourner en rond dans son île paradisiaque s’échappe pour s’aventurer dans un éden virtuel digne d’une télé réalité), des rebondissements à foison, de l’humour (à petites doses), une solidarité infaillible entre les poules et les coqs, et une imagination débordante pour inventer des cascades lunaires avec trois fois rien. Ce mélange de bric et de broc fait tout le charme d’une réalisation soignée, peut-être un peu trop lisse, mais épatante de bout en bout.

La fluidité de la mise en scène de Sam Fell, l’invisibilité du stop motion et la mise au carré du scénario font de Chicken Run : La menace Nuggets un film d’animation grand public de haute voltige, avec la bonne dose de suspense pour nous laisser happer dans cette hallucination absurde.

Toujours aussi déjantées, les poules bravaches nous embarquent dans une opération de sauvetage périlleuse jouissive. C’est sans doute moins singulier qu’espéré, mais le plaisir reste immense à voir Ginger et sa bande folledingue se débattre dans cette usine cauchemardesque prête à les déchiqueter et les panner pour finir avec une sauce barbecue (ou mayo).

Et si on se moque de la fast food, de l’industrie agro-alimentaire, de la cupidité destructrice du vivant, et même de la manipulation des masses, ce deuxième Chicken Run délivre malgré tout un message : pour vivre heureux, vivons cachés (et ensemble).