De Rome au Val de Loire, Léo, la fabuleuse histoire de Léonard de Vinci nous fait remonter le temps jusqu’à la Renaissance, dans les dernières années du génie italien. Film familial par excellence, ce projet de longue haleine réussit la synthèse entre une histoire compréhensible pour les plus petits et un récit historique ambitieux qui ravira les adultes.
Léonard de Vinci (Stephen Fry / André Dussollier), gentil papy inventif et audacieux, visionnaire et curieux, est représenté sous son aspect le plus positif : scientifique, artistique, hérétique, rebelle… Dans une Italie catholique obscurantiste, il tente de lutter contre l’ignorance, les puissants vaniteux et les croyances obsolètes.
Autant dire des « fake news » qui dictent cette époque. Leo va devoir s’exiler en France, sous le haut patronnage de son roi, François 1er (Gauthier Battoue), qui vient de gagner Marignan.
Le film de Jim Capobianco et Pierre-Luc Granjon, prolongement d’un court métrage (Leonardo, 2009) qui avait posé les bases de ce projet, sur les derniers années de Léo, mélange les styles avec des marionnettes animées en stop motion et des animations 2D pour joliment illustrer l’imaginaire du prodige florentin, de ses drôles de machines à ses désirs picturaux et architecturaux. Un hymne à la recherche, la création et à la modernité.
Critique sur le pouvoir dévolu à ces rois virilistes et égotiques, le film est aussi un bel éloge du féminisme avec les personnages de Louise de Savoie (Marion Cotillard) et surtout de l’éclairée Marguerite de Navarre (Daisy Ridley / Juliette Armanet).
Petit rappel historique : Marguerite de Navarre, alias Marguerite de Valois-Angoulême, alias la Perle des Valois, était la sœur du roi et exerçait une certaine influence en diplomatie en plus d’être très ouverte à la nouveauté et à de protéger les artistes à la Cour de France. La femme savante était aussi écrivaine. Cette fidèle alliée de Leo dans les arcanes du pouvoir permet de tenir un discours contemporain sur l’égalité des genres dans un monde conformiste et traditionnel affligeant.
Doucement, le film historique dévie vers une fable plus onirique pour délivrer son message de partage, de transmission et de vocation. Un film positif de bout en bout sur les apports de la passion et de l’imaginaire. Un conte charmant et charmeur, invitant à la force des idées et des idéaux.
