Bifff 2004 : Corbeau d’or pour « Steppenwolf » de Adilkhan Yerzhanov

Bifff 2004 : Corbeau d’or pour « Steppenwolf » de Adilkhan Yerzhanov

Le Brussels International Fantastic Film Festival édition 2024, c’était 13 jours de marathon avec 70 films programmés.

Pour le prix du Corbeau d’or du BIFFF la compétition internationale comptait neuf films dans tous lesgenres (de la boucle temporelle au Japon à l’exorcisme d’une sépulture en Corée, de la comédie américaine avec une rupture amoureuse cruelle au centre d’élevage étrange et allemand…).

Le jury comprenait Simon Rieth (Nos Cérémonies), Pedro Cristiani (Deus Irae) et Mikael Hafstrom (Stockholm Bloodbath). La compétition était assez ouverte avec au moins cinq favoris. Les deux gros films avec une distribution américaine sont au palmarès mais c’est bien un film plus singulier qui remporte le Corbeau d’or 2024 : Steppenwolf de Adilkhan Yerzhanov !

Qui est Yezhanov?

Le BIFFF a fait le compte du nombre de films venus du Kazakhstan avant Steppenwolf programmés au fil des années. Seulement une poignée quand le très prolifique Adilkhan Yerzhanov (41 ans) en a déjà réalisé une dizaine. Son premier film Rieltor en 2011 voulait déjà bousculer des conventions et depuis il s’est attaqué notamment à la violence par des représentants de l’Etat (d’ailleurs le point de départ de Steppenwolf est un interrogatoire de policiers qui va jusqu’à la torture). Adilkhan Yerzhanov c’est aussi des histoires de famille compliquées, et son cinquième film La Tendre Indifférence du monde le fait reconnaître à l’international avec une sélection à Un Certain Regard au Festival de Cannes 2018. Depuis ses films igurent dans plusieurs festivals. A Dark, Dark Man qui avait connu un petit succès à sa sortie en salles en 2020.

Son nouveau film, Steppenwolf (dont le festival de Rotterdam avait eu la primeur en janvier), est un retour à une forme de violence plus brutale. Plus nihiliste – ce qui n’empêche pas une forme d’humour à froid – son formalisme visuel adopte aussi bien des longs plans fixes que des plans qui tournent lentement autour des deux principaux protagonistes. Soit un homme qui se fait bourreau quand l’occasion se présente et qui a l’habitude de tirer sur tout ce qui bouge. Il se retrouve à accompagner une femme avec un handicap de la parole qui demande de l’aide pour retrouver son petit garçon disparu…

A noter que le japonais Junta Yamaguchi remporte avec River, son amusante boucle temporelle de 2 minutes, le prix White Raven, le prix de la critique, en plus de ramener le prix du public. C’est d’ailleurs une double répétition puisque au BIFFF 2021 le cinéaste avait déjà récolté le prix du White raven et le prix de la critique avec son film Beyond the Infinite Two Minutes,autre variation d’une boucle temporelle de 2 minutes !! River est l’exemple parfait que le fantastique se marie bien avec la comédie.

Signalons enfin que Your monster avec Melissa Barrera, Corbeau d’argent, est également plutôt une comédie. Même si c’est l’histoire d’une dépression après une rupture amoureuse.

Le palmarès du BIFFF 2024 :

  • Corbeau d’or : Steppenwolf, de Adilkhan Yerzhanov (Kazakhstan)
  • Corbeau d’argent ex-aequo : Cuckoo, avec Hunter Schafer, de Tilman Singer (Allemagne, Etats-Unis)
  • Corbeau d’argent ex-aequo : Your monster, avec Melissa Barrera, de Caroline Lindy (Etats-Unis)
  • Prix Méliès – Compétition Européenne : Franky five stars, de Birgit Möller (Allemagne, Finlande) ; avec une mention spéciale pour Flies de Aritz Moreno (Espagne, Argentine)
  • Compétition white raven (découverte) : River de Junta Yamaguchi (Japon) ; avec une mention spéciale pour In a violent nature de Chris Nash (Canada)
  • Compétition black raven (thriller) : Ellipsis de David Marqués (Espagne) ; avec une mention spéciale pour Unspoken de Daming Chen (Canada/Chine)
  • Compétition emerging raven (révélation) : Sleep de Jason Yu (Corée du Sud), déjà sorti en salles le 21 février après sa sélection à La Semaine de la Critique à Cannes 2023.
  • Prix de la Critique : River de Junta Yamaguchi (Japon)
  • Prix du Public : River de Junta Yamaguchi (Japon)

Steppenwolf, insensé, violent, captivant

Tamara est à la recherche de son fils disparu dans une petite ville rongée par la violence. Elle décide d'offrir une récompense à un ancien enquêteur dont les méthodes s'avèrent sadiques...

Steppenwolf (Nosorog pour le titre Kazakh) se focalise sur un duo antaogoniste : soit la rencontre d’un tueur violent avec une innocente jeune femme perdue. Chez Adilkhan Yerzhanov, c’est donc une brute qui fait office de bourreau en collaborant avec la police pour torturer des gens ayant été arrêtés pour leur faire signer des aveux arrangés, et une femme fragile et handicapée, qui n’arrive pas à communiquer autrement qu’en murmurant des mots sans réussir à en faire des phrases. Elle s’obstine à demander de l’aide pour qu’on retrouve son petit garçon disparu.

Dès la première vingtaine de minutes, on est d’office conquis par Steppenwolf avec son quotidien de violences policières et ces policiers qui se font attaqués par un assaut de gens encore plus violents ! Le brutal Brayuk est considéré à la fois comme un prisonnier qui a pu s’en sortir et un collabo des policiers. Comme il y a un doute pour l’exécuter, il s’engage à aider Tamara qui s’est, elle aussi, retrouvée au milieu du chaos. Une vague promesse d’argent conclut le contrat. Son petit garçon aurait été emmené par un malfaiteur influent…

Presque à chaque séquence, quelqu’un se fait tuer. Adilkhan Yerzhanov ré-invente à sa façon une trame de ‘western’ (un bandit qui fait un bout de route pour aider une femme…) pour en faire un ‘eastern’ kazakh fabuleux : un peu insensé, hyper violent, follement captivant.

Plusieurs films du BIFFF ont déjà une date de sortie dans les salles françaises avant l’été : Le mangeur d’âmes de Julien Maury et Alexandre Bustillo le 24 avril, Wake up le 8 mai, When Evil lurks le 15 mai, Abigail le 29 mai, Love lies bleeding le 12 juin, Pendant ce temps sur terre le 3 juillet.