Quelque part dans la campagne en Argentine, là où il y a peu de maisons très éloignées les unes des autres par des grandes terres de culture ou d’élevage, deux frères trouvent le cadavre d’un homme mutilé : visiblement le bonhomme venait d’ailleurs et allait vers une autre maison du voisinage. Les deux frères vont voir la famille voisine qui cachait en fait que l’un des leurs était extrêmement malade et à l’agonie avec un corps complètement difforme, et l’inconnu mort en chemin était un exorciste pour l’aider à mettre fin à son calvaire. Si la rumeur se répand qu’un type serait ‘possédé’ alors ça va faire baisser les prix pour tout le monde qui est déjà plutôt pauvre, alors les deux frères s’obligent à être volontaires pour eux-même s’occuper du grabataire : il ne faut qu’il soit mort ici, il faut l’emmener très loin de là. Et si au delà des superstitions locales ce mourant était vraiment ‘possédé’ ? Et si cette malédiction allait de transmettre tout autour ?
Le pitch : Après avoir découvert un cadavre mutilé près de leur propriété, deux frères apprennent que les événements étranges survenant dans leur village sont causés par un esprit démoniaque qui a élu domicile dans le corps purulent d’un homme. Le mal dont souffre ce dernier ne tarde pas à se répandre comme une épidémie, affectant d’autres habitants de la région.
Les voies du démon sont impénétrables, et le cinéaste Demián Rugna a bien su jouer au malin avec ce film When evil lurks efficace en diable pour faire monter l’angoisse… Le film commence avec plusieurs scènes choc qui font s’interroger sur la nature de ce qui se passe, puis tout comme certains personnages le spectateur sera soit en train de douter soit déjà convaincu, et enfin quand le spectateur sait ce qui est à l’oeuvre mais que ce n’est pas encore le cas de d’autres personnages qui sont autant de victimes potentielles alors le suite du déroulement du film est autant cruelle que jouissive.
Avec un titre comme Cuando acecha la maldad en version originale, devenu When evil lurks pour l’international, il fait peu de doute qu’on va être devant un film de possession. Tout un pan du cinéma fantastique est rempli de films de possession , avec un grand écart qui va des classiques les plus connus comme L’exorciste de William Friedkin, Evil dead de Sam Raimi; Les Diables de Ken Russell; en passant par les sagas commerciales récentes avec plein de suites comme les Conjuring, Insidious, Sinister; sans compter ceux qui flirtent avec le genre comme Shining de Stanley Kubrick, Christine de John Carpenter, Possession de Andrzej Zulawski avec Isabelle Adjani; et des réussites plus originales ces dernières années comme Mister Babadook de Jennifer Kent, Hérédité de Ari Aster, The Strangers de Na Hong-jin… Il y en a des centaines de films, mais peu en provenance d’Argentine et donc encore moins avec cette équilibre entre horreur et humour noir comme ici.
« Le Mal connaît mieux vos peurs que vous-mêmes. »
Demián Rugna apporte une certaine fraîcheur au film de possession, il reprend à son compte une histoire en apparence simple (où chacun pourrait être ‘possédé’) tout en s’amusant avec pour aligner les séquences sanglantes mémorables. Ici deux frères vont transporter le corps d’un voisin visiblement possédé d’un endroit à un autre mais il va se produire comme une contagion d’abord invisible et une autre personne va être possédée, puis une autre, puis une autre… La possession peut aussi infecter des animaux ou des enfants : jusqu’où tout cela va-t-il aller ?
Là où When evil lurks se révèle à la fois cruel et cruellement drôle c’est que en voulant justement fuir la menace les deux frères vont aussi contribuer à la propager. Ici le phénomène de possession se transmet de manière classique un peu comme un virus : par contagion et par infection. Il s’agit de s’en éloigner le plus possible tout en protégeant aussi sa famille la plus proche, même une ex-femme qui n’a pas du tout envie de vous revoir : et c’est ainsi que la possession arrive de la campagne vers la ville… Le ‘Mal’ mystérieux et implacable va se propager.
« Cette ville va rapidement devenir un enfer. »
Au fur et à mesure que l’action se déplace d’un endroit à un autre, le réalisateur Demián Rugna en profite pour proposer des séquences qui sont autant de variations sur cette contamination qui avance en même temps que les personnages essaient de la fuir. When evil lurks ne révolutionne pas la recette du genre mais propose ainsi une relecture de ses différents ingrédients : l’effroi qui grandit à la campagne en guise d’elevated-horror rurale; la transmission dans la ville dans une famille montre un humour noir digne des comédies de zombies, un refuge isolé fait monter l’angoisse des films d’exorcisme, plus tard la découverte de ce qui se cache dans une école est proche d’un village des damnés…
Le film a logiquement fait le tour des festivals à dominantes fantastiques : celui de Sitges, le PIFFF à Paris, Strasbourg, Gerardmer (prix du public, et de la critique), le BIFFF à Bruxelles, avant d’arriver enfin sur les écrans des salles ce 15 mai.
When evil lurks est autant effrayant que aussi ludique, la dernière fois qu’un film argentin a déclencher le même type de frisson c’était Les nouveaux sauvages de Damián Szifron. L’enfer c’est encore autour des autres.
When evil lurks
Réalisation : Demián Rugna
Scénario : Demián Rugna
Casting : Ezequiel Rodríguez, Silvina Sabater, Luis Ziembrowski, Emilio Vodanovich, Federico Liss...
Sortie en salles : 15 mai 2024
Durée : 1h39