Cannes 2024 | When the Light Breaks : un deuil irréel signé Rúnar Rúnarsson

Cannes 2024 | When the Light Breaks : un deuil irréel signé Rúnar Rúnarsson

Le jour se lève sur une longue journée d’été en Islande. D’un coucher de soleil à l’autre, Una une jeune étudiante en art, rencontre l’amour, l’amitié, le chagrin et la beauté.

Il faut presque se méfier de la belle lumière du film de Rúnar Rúnarsson. When the Light breaks a beau baigner dans une forme de douceur, pour ne pas dire de suavité, il cache une douleur insaisissable qui empoigne un groupe de jeunes islandais.

Il suffit d’un énorme souffle de flammes dans un tunnel pour faire basculer le destin d’une bande. Le prologue romantique est rapidement effacé par une journée emplie de tristesse et d’incompréhension. Un abattement à la nordique, avec pas mal de joints et de verres d’alcool. Et au milieu de tout cela, la fiancée « officielle » et la copine « cachée » du défunt.

Plutôt que de surdramatiser ou même mélodramatiser cette histoire de deuil, le cinéaste propose une forme de poème cinématographique, presque sensoriel, avec, en acmé un « happy end » (tout relatif pansexuel et romantiquement fluide. Seul l’amour peut consoler de la mort..

Très joli dans son approche visuelle et purgé de tout artifice scénaristique, le film a presque l’allure d’une ébauche onirique d’un même « t’aime ». Rúnar Rúnarsson s’attache à esquisser les émotions et les réactions individuelles après la perte de l’un des leurs. Certes la vie reprend, mais on peut aussi regretter que la tragédie ait aussi peu d’impact et soit si vite oubliée.

En cela, When the Light Breaks semble avant tout irréel, comme un beau rêve après une catastrophe. Larmes et souffrances sont vite évacuées au profit des sentiments indicibles. Du crépuscule d’un amour à l’aube d’une nouvelle romance, le deuil est ici conçu comme un passage de l’amertume vers l’apaisement.

Tout charme, mais l’épure assumée ne permet pas au film de nous bouleverser. Même en captant les moments les plus intimes de cette jeunesse sensible, la mélancolie, palpable, ne suffit pas à transcender ce minimalisme autour de la perte. Un réalisme poétique, reposant sur la beauté et le silence, qui invite à la contemplation, sans réellement nous y impliquer. Reste la finesse de l’ensemble qui ouvre les cœurs plus que les esprits.

When the Light Breaks
Cannes 2024. Un Certain regard (Ouverture)
1h22
Sortie en salles : 18 décembre 2024
Avec Elín Hall, Katla Njálsdóttir, Ágúst Örn B. Wigum
Réalisation et scénario : Rúnar Rúnarsson
Distribution : Jour2fête