Dans un monde en déclin, la jeune Furiosa est arrachée à la Terre Verte et capturée par une horde de motards dirigée par le redoutable Dementus. Alors qu’elle tente de survivre à la Désolation, à Immortan Joe et de retrouver le chemin de chez elle, Furiosa n’a qu’une seule obsession : la vengeance.
Neuf ans après avoir vrombit sur la Croisette avec Mad Max : Fury Road, George Miller revient rouler des mécaniques avec le prequel Furiosa : une saga Mad Max.
Comme son titre l’indique, il se focalise sur le « genèse » de l’héroïne de Fury Road. Plus aucun Max aux alentours, même si une suite pourrait le faire revenir. Le synopsis de Furiosa ouvre la voie à une conclusion bien plus optimiste qu’on ne le croit puisqu’il existe un monde idéal, coresponsable, quelque part au milieu du désert.
À l’image de cette planète apocalyptique, où tout manque pour vivre décemment, la saga Mad Max semble épuiser ses ressources vitales. Furiosa n’offre aucune surprise visuelle, aucun renouveau cinématographique. Mais Miller a ce qu’il faut sous le capot pour carburer dans son délire dystopique.
Une machine bien huilée
Le cinéaste australien décide de raconter cette épopée sauvage et barbare comme un conte cruel. La fabrication d’un mythe en quelques sorte, avec ce que cela comporte de sacrifices (à commencer par les cheveux et l’avant bras gauche de l’héroïne), de massacres, de mégalomanie et de guerres.
Le scénario tient sur une page. Les dialogues sont réduits au minimum. Ce sentiment d’épure permet d’admirer le talent de metteur en scène de George Miller, et pas seulement dans les scènes les plus bravaches et les plus spectaculaires.
De ce côté-ci, on n’est pas déçu. La machine Mad Max, impitoyable avec les faibles, est lancée à toute vitesse dès la prologue. S’il y a bien quelques langueurs, quelques actions répétées pesantes, et un final sans doute trop étiré, le récit est vite comblé par ce qu’il faut d’aventures, de trahisons, de vengeances, de démesure.
De bruit et de fureur, le film rugit avec délectation dans ce Fast & Furious de véhicules rafistolés. Furiosa est tout sauf bricolé. Splendide, monumental, avec quelques belles images au passage : que ce soit la mort de la mère, l’arrachage du bras, le temps qui passe, le temps que Furiosa grandisse (pour devenir une mutique et déterminée Anya Taylor-Joy), ou ce Demantus (Chris Hemsworth, un poil trop extrême) qui finira en sorte de mandragore.
Monster Machines
Pour le reste, rien de neuf. La musique assourdit, les morts se multiplient, les mâles se gavent de sang (et de hachis de lézard, de boudin humain ou de kebab de chien).
George Miller nous assomme à certains moments, soit parce que le propos est trop simpliste, soit parce que l’action prend trop de place. Grandiose dans son allure, ce film n’a tout de même pas l’intensité de Fury Road. Mais il en a la même saveur. Plutôt que d’inventer un nouvel univers, Miller opte pour nous en raconter la source, dans une guerre entre deux clans, avec Furiosa gagnant ses gallons à chaque victoire.
On demeure épaté par la maîtrise de l’espace et le sens du montage du réalisateur australien. Un Western, avec une Bad Ass Girl (Ange des Ténèbres et Cavalier de l’Apocalypse à la fois) en cheffe de file. Les références aux genre sont nombreuses. Et quand il lance cette mortelle randonnée dans le désert, Miller démontre, une fois de plus, qu’il a su non seulement créer un univers singulier mais le remplir avec des Freaks prêts à faire le show dans ce grand cirque.
Furiosa : une saga Mad Max (Furiosa: A Mad Max Saga)
Festival de Cannes 2024. Hors compétition.
Avec Anya Taylor-Joy, Chris Hemsworth, Tom Burke, Lachy Hulme et
Nathan Jones
Réalisation : George Miller
Scénario : George Miller et Nico Lathouris, d'après les personnages crées par George Miller et Byron Kennedy
Musique : Junkie XL
Distribution : Warner Bros.