Au coeur de l’été, le cinéma européen célébré en Serbie

Au coeur de l’été, le cinéma européen célébré en Serbie

Le 31e Festival du film européen de Palic, organisé du 20 au 26 juillet dans le nord de la Serbie, à proximité de la frontière hongroise, a permis au public de découvrir des films très variés de cinéastes venus de toute l’Europe, dont 11 longs métrages présentés en compétition dans la sélection officielle. Au total, plus d’une centaine de courts et de longs métrages européens ont été proposés aux festivaliers.

Le festival se déroule dans deux villes de la province autonome de Voïvodine, à quelques kilomètres l’une de l’autre : Palic, une superbe petite cité touristique située au bord d’un lac, dans un cadre arboré, et Subotica, une ville comptant une centaine de milliers d’habitants et abritant de très beaux bâtiments de style « art nouveau » conçus au début du XXe siècle par des architectes hongrois.

Le jury de la compétition internationale a attribué son Grand Prix, la Tour dorée du meilleur film, à 78 DAYS. Filmé comme s’il s’agissait d’un documentaire, cette fiction de la réalisatrice serbe Emilija Gasic relate le quotidien d’une famille résidant dans une maison de campagne pendant les bombardements menés par l’OTAN sur la Serbie en 1999, alors que le père a été réquisitionné par l’armée.

Le prix du meilleur réalisateur est revenu à l’Islandais Runar Runarsson pour son film WHEN THE LIGHT BREAKS (dont la sortie est prévue en France le 19 février 2025), qui évoque le décès tragique en Islande d’un adolescent et ses conséquences sur ses proches.

Enfin, une mention spéciale a été décernée à THE MAGNET MAN, du Belge Gust Van den Berghe. Ce film très poétique, souvent drôle, raconte une histoire originale, celle d’un homme qui présente la particularité d’être un aimant humain. Les objets en fer se trouvant à proximité de lui viennent adhérer à son corps, ce qui le met parfois dans des situations rocambolesques.

Pour sa part, le jury de la FIPRESCI (Fédération internationale de la presse cinématographique) a décerné son prix à LA JEUNE FEMME A L’AIGUILLE, un film tragique du réalisateur suédois Magnus von Horn racontant l’histoire d’une femme de la classe ouvrière qui, au lendemain de la Première guerre mondiale, doit se débrouiller pour survivre à Copenhague alors que son mari, parti au front, est porté disparu. Réalisé en noir et blanc, avec des images superbes restituant l’atmosphère de l’époque, ce film inspiré de faits réels évoque la dureté d’une société vis-à-vis des femmes qui tombaient enceintes en dehors des liens du mariage.

Les festivaliers ont pu profiter, durant toute la durée de la manifestation, d’un temps agréable – parfois même très chaud avec des températures allant jusqu’à 40 degrés – permettant de voir une partie des films en plein air. Deux longs métrages étaient programmés en soirée (à 21h et 23h) dans une superbe arène dominant une estrade sur laquelle un grand écran était déployé entre deux tourelles en pierre. Les festivaliers pouvaient également profiter de concerts en plein air en fin de soirée.

Les 11 films de la sélection officielle ont été projetés dans ce cadre magnifique, avec en ouverture (et en compétition) KINDS OF KINDNESS, du réalisateur grec Yorgos Lanthimos, qui figurait également dans la sélection officielle au dernier Festival de Cannes. Les autres films en compétition, aux genres très divers (allant de la comédie au drame, en passant par le faux documentaire) provenaient d’autres pays européens, notamment d’Europe de l’Est (Croatie, Serbie), mais aussi de France avec LE DERNIER DES JUIFS, premier long-métrage de Noé Debré, avec Agnès Jaoui et Michael Zindel, sorti dans les salles françaises en début d’année. Cette comédie humaniste, très réussie, délivre avec humour un message de tolérance, montrant comment des communautés religieuses différentes peuvent vivre ensemble en harmonie.

Comme sur La Croisette, LE DEUXIEME ACTE, du cinéaste belge Quentin Dupieux, était présenté hors compétition, mais cette fois en clôture du festival, et non comme film d’ouverture. Ce film à l’humour décapant a terminé en beauté ce très chaleureux festival où l’on peut côtoyer aisément, pendant une semaine, les réalisateurs et acteurs venus présenter leurs films.

Par Pierre-Yves Roger