FICA 2025 : Regard(s) sur le cinéma de Hong Kong

FICA 2025 : Regard(s) sur le cinéma de Hong Kong

Cette année le FICA de Vesoul programme un Regard sur le cinéma de Hong Kong avec 18 films sur une période qui remonte d’aujourd’hui (Tout ira bien de Ray Yeung, sorti en salles ce mois de janvier) aux années 70 (Big Boss de Lo Wei, avec Bruce Lee). Ce qui est frappant avec le cinéma hong kongais, c’est qu’il a été aussi bien le berceau des meilleurs films d’arts martiaux que de grands mélodrames, tout en comptant à son actif certains gros succès planétaires très variés (In The Mood For Love de Wong Kar Wai, Les Trois royaumes de John Woo, Detective Dee, le mystère de la flamme fantôme de Tsui Hark) tout comme le tremplin d’auteurs incontournables. Pour certains, on découvre cette année à Vesoul des titres inédits tels Love in a Fallen City d’Ann Hui, Women de Stanley Kwan, Painted Faces de Alex Law, Moon Warriors de Sammo Hung, Exilé de Johnnie To.

Une table ronde réunissant plusieurs spécialistes a été l’occasion d’échanger sur les succès passés et les films actuels qui font justement toujours de Hong Kong un pays de cinéma de premier plan.

Hubert Niogret (critique et spécialiste de cinéma asiatique)

« Les films d’arts martiaux du studio Shaw Brothers ont eu beaucoup de succès bien entendu pour leurs qualités artistiques, mais aussi pour la structure même du studio. Les Shaw Brothers avaient leur plateau de tournage mais aussi leur circuit de salles de cinéma pour y sortir leurs films. Leur écosystème fait qu’ils avaient leurs réalisateurs sous contrat, leurs techniciens sous contrat, aussi leur centre de formation. Les Shaw Brothers avait la maitrise de l’ensemble du circuit de A à Z, de la production à la distribution de leurs films. Cela leur a permis d’être le studio numéro 1 pendant de longues années, avant d’être dépassé par le studio de la Golden Harvest qui eux avaient signé l’acteur Bruce Lee qui allait devenir une grande star internationale jusqu’en occident. »

Teresa Kwong (productrice de Un Printemps à Hong Kong de Ray Yeung et de Tout ira bien de Ray Yeung)

« Ray Yeung est un réalisateur Hong Kongais qui a aussi une certaine perspective occidentale car il a vécu un peu au Royaume-Uni et il a fait une partie de ses études cinéma à New-York. Le film Un Printemps à Hong Kong est un film local à tout point de vue mais il avait un potentiel pour être exploité en occident, avec son histoire à thématique LGBTQ+ et avec des gens âgés. Notre approche a été d’envisager une exposition du film d’abord à travers plusieurs festivals de cinéma avant sa distribution domestique à Hong Kong même. Fabriquer un film LGBTQ+ à Hong Kong, c’est okay, ce n’est pas une grosse barrière, en fait durant la phase de financement on a vu certaines hésitations plutôt parce que les personnages principaux étaient âgés et n’étaient pas des jeunes personnes sexy. Les festivals ont généré des critiques positives et certaines récompenses, ce qui a aider à exporter le film dans plein de pays. »

Teresa Kwong, et Patra Au

Patra Au (actrice multi-primée pour le premier rôle féminin de Tout ira bien de Ray Yeung, après un second rôle dans Un Printemps à Hong Kong de Ray Yeung)

« À Hong Kong, l’homosexualité est tolérée et acceptée, même si elle n’est pas légalisée. Quand j’avais été contactée pour jouer un rôle dans Un Printemps à Hong Kong, j’avais quelques amis LGBTQ+, donc j’étais à l’aise avec ce sujet. Ray Yeung m’a expliqué que le traitement serait très délicat, un peu à la façon de Ozu, et que de toute façon ce n’était pas l’essentiel de l’histoire. C’était mon premier film et j’ai reçu des nominations à certains prix, comme ‘best newcomer actress’ à ma surprise, vu mon grand âge. Quand il m’a contacté pour jouer un rôle principal dans un autre film qu’il préparait j’étais bien entendu partante. Il se focalise beaucoup plus sur le parcours émotionnel des personnages que sur leur sexualité. Travailler avec le réalisateur Ray Yeung a été un grand plaisir. »

Flavien Poncet (critique, et programmateur pour les cinémas Lumière de Lyon)

« Aujourd’hui, il y a 3 façons de voir les films : on le regarde en salles de cinéma, avec le support physique dvd et bluray, et sur des plateformes. Ces nouvelles façons de découvrir un film fait que, selon la forme et le fond et l’estimation de quel est son public, il y aura l’un de ces medium qui sera privilégié plutôt qu’un autre. Le support physique est toujours attractif et c’est une façon de susciter le désir, en particulier pour certains films plus anciens qui reviennent dans l’actualité avec un nouvel étalonnage 4K ou des restaurations, comme par exemple justement des films de Stanley Kwan dans cette sélection de Vesoul. »