16 films de courses auto à voir (ou pas)

16 films de courses auto à voir (ou pas)

Puisque Brad Pitt veut nous faire aimer la Formule 1 avec son nouveau blockbuster F1, voici un petit récap du genre, dans le domaine du long étrage de fiction, dont quelques pépites et aussi des navets.

Grand Prix – 1966

Le championnat du monde des pilotes a à peine 15 ans et celui des constructeurs 7 ans quand le tournage de Grand Prix commence. Réalisé par John Frankenheimer, le film plonge le spectateur au cœur du championnat du monde de Formule 1, et reste une référence avec ses décors réels dans les circuits emblématiques (Monaco, Spa, Monza…). Il offre des séquences de course spectaculaires, filmées en caméra embarquée (déjà), qui ont révolutionné la captation du sport auto au cinéma et continuent d’influencer le genre. Trois Oscars (son, montage son, montage image) et un succès public au compteur, même si la trame narrative est un peu creuse pour ce chef-d’œuvre d’immersion (à l’époque). Notons au passage la présence d’Yves Montand et d’Eva Marie-Saint dans le casting dominé par James Garner.

Virages (Winning) – 1969

Ce drame sportif réalisé par James Goldstone autour du pilote Frank Capua doit beaucoup à sa star, Paul Newman, passionné de courses auto. Le film suit sa quête de victoire à l’Indianapolis 500, mêlée à une trahison sentimentale qui met en péril son union. Visuellement, il offre des images saisissantes du célèbre circuit, misant lui aussi sur l’immersion. Dommage que le scénario soit si prévisible, et même un peu bancal sur le plan dramatique. Le succès est correct au box-office, mais le film ne dépasse pas le statut de spectacle divertissant porté par une belle gueule de cinéma.

Dans l’enfer de Monza – 1970

Guido Malatesta exploite les bases du genre : les tensions, rivalités et passions qui animent une écurie de course, mêlant ambition, loyauté et drame humain. Giacomo Valli, jeune pilote entré comme troisième roue dans une écurie de Formule 1, où il affronte le champion en titre Ken Stark, entre rivalité sportive et triangle amoureux . Jugé comme un « film de série B », apprécié pour ses courses spectaculaires et la présence de pilotes comme Giacomo Agostini ou Graham Hill, il est critiqué pour son traitement superficiel des personnages.

Le Mans – 1971

Réalisé par Lee H. Katzin, le film nous plonge au cœur des 24 Heures du Mans en mêlant authenticité documentaire et fiction romancée. Capté lors de l’édition 1970 sur le vif, le film se distingue par des séquences de course immersives, filmées directement en piste, offrant une expérience visuelle exceptionnelle. Surtout, il se sert d’un grandiose Steve McQueen, pilote chevronné, comme tête de gondole. Aucun acteur n’arrivera jamais à sa hauteur dans ce genre. Il incarne Michael Delaney, marqué par un drame personnel et la compétition acharnée entre Porsche et Ferrari. Une fois de plus, le film est desservi par un scénario minimaliste, et le film est un demi-échec au box office. . Pourtant, avec des dialogues quasi inexistants dans les premières 40 minutes, le film ose une narration singulière. Le film est devenu culte, loué pour son réalisme, sa tension visuelle et son regard documentaire sur l’univers de l’endurance.

Cannonball – 1976 / L’équipée du Cannonball – 1979

Paul Bartel dévie le genre vers une comédie d’action déjantée qui transpose la mythique course clandestine Trans‑America Grand Prix – de Los Angeles à New York – dans une ambiance « road movie » anarchique. Un film à budget modeste avec David Carradine, et des caméos de Sylvester Stallone et Martin Scorsese. Le film est surtout célébré pour son ton « trash », son humour noir absurde et ses scènes de poursuite spectaculaires, parfois à la limite du parodique, pas très fin. Mais la franchise est lancée.

Et trois ans plus tard Hal Needham reprend le flambeau avec une comédie d’action déjantée, mais bien plus dingue: Burt Reynolds, Dom DeLuise, Roger Moore, Farrah Fawcett, Dean Martin, Sammy Davis Jr., Jackie Chan sont engagés dans une course folle de la côte Est à Los Angeles, truffée de gags absurdes, d’équipées burlesques et de caméos surprenants. C’est un carton (6e plus gros box-office 1981 aux États‑Unis) malgré des critiques assassines. Le film délirant et anarchique a pourtant su les faire taire en devenant culte et en ouvrant la voie aux futurs rois de la comédie, tels les Zucker Abrahams Zucker.

Bobby Deerfield – 1977

Enfin, un film sur ce sport qui sort des sentiers battus. Sydney Pollack met en scène Al Pacino en pilote de Formule 1 en plein questionnement après un accident fatal pour un collègue. Alors qu’il visite un rescapé dans une clinique en Suisse, il y rencontre Lillian Morelli (Marthe Keller), une jeune femme terminalement malade, et naît une romance aussi intense qu’éphémère. Le film se distingue par ses rares mais saisissantes séquences de course filmées pendant la saison 1976 de F1. Bon, la critique n’a pas été tendre. Le mélo bancal, le suspense réduit au minimum, l’émotion tire-larmes et le cynisme ambiant n’ont pas séduit. Pourtant, l’image, l’interprétation, le contraste entre la vitesse sur circuit et la lenteur d’une liaison sépulcrale en font un objet singulier dans le genre. Trop froid, trop psycho, trop philo peut-être. Mais, malgré ses failles, la possibilité d’un film différent sur le sujet.

La Coccinelle à Monte‑Carlo (Herbie Goes to Monte Carlo) – 1977

On ne la présente plus cette Volkswagen malicieuse. Vincent McEveety pour Walt Disney, voit la célèbre Volkswagen Herbie (Roméo dans la version française) participer à la course Paris–Monaco, tout en étant involontairement chargée d’un diamant volé caché dans son réservoir. Au fil de ce road-movie familial et comique, Roméo développe une romance inattendue avec Juliette, une Lancia lauréate du rallye. L’axe italo-allemand ressuscité en France… C’est charmant tout autant que simpliste. Et ça a marché auprès du public, avide de légèreté et de nostalgie.

Jours de Tonnerre (Days of Thunder) – 1990

Tony Scott cherche à appliquer son style visuel à une course NASCAR, avec Tom Cruise dans le rôle de Cole Trickle, jeune pilote talentueux mais impulsif, lancé dans une spirale de compétitions, de rivalités mécaniques et de romance avec une médecin incarnée par Nicole Kidman. Rien que ça. C’est un retour au genre, avec ses scènes spectaculaires, ses plans immersifs et un style nerveux. Hélas, le scénario est convenu avec ses archétypes trop hollywoodiens. Succès relatif au box office (surtout pour un Tom Cruise), le film partage pas mal de points communs avec le F1 de Brad Pitt : produit par Jerry Bruckheimer et doté d’une bande-son signée Hans Zimmer. Pour le reste, c’est tout aussi vide.

Michel Vaillant – 2003

Louis‑Pascal Couvelaire et Luc Besson transposent l’univers de la bande dessinée de Jean Graton dans une aventure autour des 24 Heures du Mans. Le film est gros fiasco financier malgré le marketing vantant des séquences de course tournées au Mans et des cascades véritablement réalisées sur piste. La faute à des personnages peu profonds, un récit parfois publicitaire et un scénario trop mécanique. Dommage parce que l’ambiance BD et l’image sont soignés, et Diane Kruger et Sagamore Stévenin ne sont pas ridicules. Mais l’ensemble est trop naïf pour convaincre et il remporte haut la main le titre de navet du genre.

Talladega Nights: The Ballad of Ricky Bobby – 2006

Adam McKay signe une comédie sportive drôlatique, parodiant l’univers de la NASCAR. Le film, salué pour ses scènes de course saisissantes, a rencontré un immense succès : plus de 163 M $ de recettes mondiales pour un budget de 72,5 M $ . Entre satire et farce, non dénué d’une critique sociale bienvenue, le film est transporté par ses performances marquantes, notamment celles de Will Ferrell dans le rôle de Ricky Bobby, mais aussi de Sacha Baron Cohen en pilote français gay. Bien sûr, le scénario est un peu prévisible, mais l’humour décalé, les dialogues punchys et l’ensemble burlesque prouvent qu’on peut allier les courses de voitures et le rire. Même Christopher Nolan adore!

Cars – 2006 / Cars 3 – 2017

John Lasseter transpose l’univers de la course automobile dans un monde peuplé de voitures anthropomorphes. Avec la vrombissante et arrogante Flash McQueen en vedette de la Piston Cup (inspirée de la NASCAR), qui se retrouve bloquée dans la ville oubliée de Radiator Springs, où il va découvrir l’amitié, l’humilité et l’héritage des anciennes générations de coureurs. C’est techniquement parfait, des paysages inspirés de la Route 66 à la minutie de sa recréation du sport auto, en passant par la modélisation des circuits, des sons moteurs et des mécaniques. Et c’est évidemment un carton (près de 462 M $ au box-office mondial). Plus classique et même plus sentimental que d’autres Pixar, il ose un mix d’action, de nostalgie, de culture automobile américaine et de messages intergénérationnels. Deux suites, des séries dérivées, et un merchandising massif) ont permis de faire durer le plaisir.

Mais si on veut vraiment un film de course automobile, c’est le troisième opus de la franchise qu’il faut voir. Réalisé par Brian Fee, le film marque un retour aux sources plus mature et émotionnel dans cette saga Pixar. Flash McQueen, confronté à une nouvelle génération de voitures ultra-technologiques, doit remettre en question sa place dans la course et transmettre son héritage à la jeune Cruz Ramirez. Plus introspectif, Cars 3, hommage à l’ADN du premier film, reprendses thématiques sur le vieillissement et la transmission. Et là encore une animation bluffante…

Rush – 2013

Et si le film parfait dans ce genre, c’était celui de Ron Howard? Le film retrace la célèbre rivalité entre James Hunt et Niki Lauda durant la saison de Formule 1 de 1976. Porté par Chris Hemsworth et Daniel Brühl, le film mêle une rare intensité dramatique, un réalisme technique prodigieux et une tension psychologique palpable, avec des scènes de course visuellement spectaculaires et fidèles à l’époque. Salué par la critique pour sa reconstitution historique et son équilibre entre action et introspection, Rush est considéré comme l’un des meilleurs films de sport automobile. Sans doute parce qu’il ne perd pas son authenticité au milieu de prises de vue qui nous accrochent à notre siège.

Le Mans 66 (Ford v Ferrari) – 2019

James Mangold élève également le niveau avec une autre rivalité, l’histoire vraie du match entre Ford et Ferrari autour des 24 Heures du Mans 1966, à travers le duo formé par l’ingénieur Carroll Shelby (Matt Damon) et le pilote Ken Miles (Christian Bale). Entre drame intime, business de requins et courses haletante, le film a même été nommé aux Oscars dans la catégorie suprême. Bâti sur un solide scénario qui n’oublie pas l’humain, tout en étant précis sur le récit industriel (et ses enjeux) et en montrant une belle passion pour l’automobile: aussi efficace qu’émouvant.

Gran Turismo – 2023

Sortie de piste pour Neill Blomkamp, qui s’inspire ici de la véritable histoire de Jann Mardenborough, un jeune gamer devenu pilote professionnel grâce à la GT Academy de Nissan alimentée par le jeu vidéo. Avec Archie Madekwe dans le rôle principal, le film se distingue par ses séquences de course tournées principalement en conditions réelles, intégrant des prises de vue embarquées immersives et un son moteurs percutant. Relativement rentabilisé grâce à un budget à 60M$, le film n’a pas vraiment convaincu, sans doute à cause d’un scénario convenu et une propagande de la marque trop visible. À trop vouloir formaté, on en arrive à un film insipide qui a même subit un sérieux backlash de la part des fans du jeu.

Ferrari – 2023

Le grand retour de Michael Mann est un biopic centré sur Enzo Ferrari (Adam Driver), confronté à une crise personnelle et professionnelle durant l’été 1957, entre les tensions matrimoniales, le deuil de son fils et la préparation de la Mille Miglia pour sauver son écurie. La direction visuelle élégante et exigeante – les scènes de course sont tournées en conditions réelles avec une précision technique impressionnante – permet au film de se distinguer tant avec son image qu’avec le son. Dommage que l’intrigue soit si linéaire et l’émotion si absente. Fiasco financier (budget pas loin des 100M$), le film a raté les oscars malgré une sélection remarquée à la Mostra de Venise.

Bonus : La plus grande course autour du monde – 1965

Un peu à part. Genre madeleine de Proust ou plaisir coupable mais bonheur pas coupable. Blake Edwards réalise une comédie burlesque et extravagante qui suit la compétition mythique de New York à Paris entre le héros impeccable “Le Grand Leslie” (Tony Curtis) et son rival machiavélique “Professeur Fatalitas” (Jack Lemmon), tous deux manipulés par une journaliste féministe (Natalie Wood) embarquée dans la course. Conçu comme un hommage cartoonesque au slapstick des années 1920, le film culmine notamment dans une scène légendaire de bataille de tartes –, l’une des plus longues et plus coûteuses de l’histoire du cinéma comique. À cause de son budget important, le film fut initialement un échec critique et commercial. Trop extravagant et très long (2h40). Et pourtant, le public n’était pas absent (6e au box office américain de l’année) et le film a glané des nominations aux Golden Globes et aux Oscars. Cependant, il a gagné au fil des années un statut culte, apprécié pour son ton cinglé, ses effets visuels colorés, ses belles voitures du début du siècle, sa relecture joyeuse des comédies muettes (Laurel et Hardy notamment) et une mise en scène ambitieuse et théâtrale. Sa folie douce, ses gags visuels et sa distribution quatre étoiles (n’oublions pas Peter Falk), sans oublier le discours féministe et la moquerie du patriarcat (déjà) en font sans doute la plus belle course du cinéma.