
Alors que débute aujourd’hui la 78e édition du Festival de Cannes, c’est un véritable défilé de chanteuses parfois actrices que la Croisette s’apprête à accueillir. Explications.
Au carrefour entre le cinéma d’auteur et la culture populaire se trouve Cannes, usine à talents et à révélations sans pareilles dont l’impact économique et artistique n’est plus à prouver. Pas étonnant dès lors que, pour « faire le buzz », nombreux soient les sponsors qui, au fil des éditions, ont embarqué leurs égéries venues de l’industrie musicale pour des séjours tous frais payés (ou presque) sur la Croisette.
Un win-win absolu

Bien que les années passent, personne n’a véritablement oublié les apparitions sur le tapis rouge ou le photocall de Rihanna pour Chopard, Yseult pour L’Oréal Paris ou encore Kylie Minogue et Aya Nakamura pour Magnum. Alors quand, en plus de cela, ces mêmes chanteuses apparaissent au casting d’un film sélectionné, c’est le jackpot ! Izïa Higelin dans Rodin de Jacques Doillon, Vanessa Paradis dans Un couteau dans le cœur de Yann Gonzalez, Angèle dans Annette de Leos Carax, Selena Gomez dans Emilia Perez de Jacques Audiard ou Jennie de BLACKPINK dans la série The Idol de The Weekend… Autant d’exemples de chanteuses devenues (ou redevenues) comédiennes et qui ont permis de faire exploser l’impact d’un film ou d’une montée des marches cannoise.
De manière générale, la présence de chanteuses populaires au casting d’un film est un win-win absolu. Car même loin du tumulte de la Croisette, on se souvient très distinctement des participations de Whitney Houston dan Bodyguard, Dua Lipa dans Barbie ou encore de Lady Gaga dans A Star is Born. Fans et cinéphiles se retrouvent autour d’un même objet culturel, prêts à tout pour en faire un must-see – parfois sans véritablement discuter de la qualité de celui-ci.
Stars parmi les stars

Et cette année, à y regarder de plus près, la tendance va encore s’accentuer sur la French Riviera. En effet, présenté Hors compétition mais en ouverture du Festival, Partir un jour, premier long métrage d’Amélie Bonnin, est particulièrement attendu en raison de la présence de Juliette Armanet dans le rôle principal. L’interprète du « Dernier Jour du disco » incarne une restauratrice contrainte de retourner dans son village d’enfance suite à l’infarctus de son père et y recroise son amour de jeunesse (joué par Bastien Bouillon). L’occasion d’une comédie romantique et musicale (de Stromaë à 2Be3) dont on risque de parler quelques temps.
Et ce n’est pas la seule qui va faire les gros titres puisque Mylène Farmer, (oui, oui, la Mylène !) prêtera quant à elle sa voix à une intelligence artificielle un tantinet flippante dans Dalloway de Yann Gozlan. Le film est également présenté Hors compétition, et adapté du roman Les Fleurs de l’ombre de Tatiana de Rosnay. En bonus, la star, déjà jurée à Cannes, fera l’événement de la cérémonie d’ouverture.
Et la liste continue avec Elodie (soit Elodie di Patrizi, 35 ans et 3,7M d’auditeurs mensuels sur Spotify) ! La chanteuse italienne devrait faire des ravages dans Fuori de Mario Martone, biopic sur la comédienne – elle aussi italienne – Goliarda Sapienza (en Compétition).
Petites et grosses surprises

De son côté, après avoir enflammé la soirée de clôture de la Queer Palm 2024, Aloïse Sauvage revient sur la Croisette dans La Petite Dernière de Hafsia Herzi – en Compétition et pour la Queer Palm. Et elle ne sera pas la seule à faire des vagues puisque Kim Gordon, la Madonna britannique à qui l’on doit le tube « BYE BYE » a tout pour marquer le premier long métrage de Kristen Stewart, The Chronology of Water, sélectionné à Un Certain Regard. Il en va d’ailleurs de même pour Alana Haïm, tiers du groupe de frangines HAIM dont la réputation n’est plus à faire depuis que Taylor Swift les a adoubées. Dans The Mastermind de Kelly Reichardt (en Compétition), Alana fera face à un Josh O’Connor grimé en menuiser au chômage devenu voleur d’art amateur, dans le Massachusetts des années 1970. Tout un programme !
Et parce que le Festival de Cannes ne fait jamais les choses à moitié, impossible de ne pas mentionner Pomme. Après le succès mondial de « Ma Meilleure Ennemie » pour la BO de la série Arcane, elle campera une chanteuse (!) dans La Venue de l’Avenir, la nouvelle comédie de Cédric Klapisch (Hors compétition) qui voit quatre cousins qui ne se connaissent pas (Abraham Wapler, Vincent Macaigne, Julia Piaton et Zinedine Soualem) réunis par un héritage en Normandie. Wapler tombant amoureux de Pomme dans cette histoire entre deux époques. On retrouvera l’interprète-compositrice dans l’adaptation de Peau d’homme, face à Catherine Deneuve l’année prochaine.

Du côté des jurys, la chanteuse électro-pop Léonie Pernet vient grossir celui de la Queer Palm. Une petite consécration pour cette artiste ouvertement queer qui a déjà 4 EPs à son actif et signait l’année dernière la bande originale de la série d’Arte H24.
On retrouve aussi la chanteuse-actrice Camélia Jordana au Jury de la Cinéfondation / courts-métrages. Et c’est son amie Amel Bent qui fait office de surprise de dernière minute dans une édition sacrément enchantée ! Sélectionné à Cannes Première, Ma Frère de Lise Akoka et Romane Gueret remet l’interprète de « Ma philosophie » sur le devant de la scène par le biais d’une comédie sur le passage à l’âge adulte. Une aubaine pour celle qui dévoilera ce vendredi son 8e album studio, sobrement intitulé Minuit une. En attendant son premier court métrage en tant que réalisatrice, actuellement en préparation.