Premier « grand » festival français à renouer avec les joies du « présenciel », Annecy est de retour au bord du lac pour une célébration tout azimut du cinéma d’animation, des films sur grand écran, et de la 60e édition de la manifestation, reportée l’an dernier pour les raisons que l’on connait.
C’est le continent africain qui sera à l’honneur durant toute la semaine, permettant de découvrir le patrimoine, les oeuvres récentes et les projets d’une zone géographique en pleine effervescence. L’un des principaux temps forts sera d’ailleurs la rencontre (virtuelle, il n’a pas pu faire le déplacement) avec l’artiste sud-africain William Kentridge.
Côté compétitions, les festivaliers auront comme toujours de quoi faire entre les deux programmes de longs, les différentes sélections de courts et les films de commande, pour la télévision, ou à destination du jeune public.
Traditionnellement considéré comme le coeur du festival, même si son habituelle séance « officielle » se tient désormais en fin de matinée, au lieu d’ouvrir les réjouissances de l’après-midi comme c’était l’usage, le court métrage brillera particulièrement cette année avec des oeuvres marquantes des derniers mois et des retrouvailles attendues. On pense notamment à Georges Schwizgebel en compétition avec Darwin’s notebook, Ayce Kartal (qui avait remporté un César avec Vilaine fille) qui présente I gotta look good for the apocalypse, Franck Dion avec Sous la peau l’écorce, Paul Wenninger avec O ou encore Patrick Bokanowski en course dans la catégorie Off-Limits avec Hum Drum.
On est ravi également de retrouver des films vus dans d’autres festivals tels que Maalbek d’Ismaël Joffroy Chandoutis (Off-Limits), Opera de Erick Oh (compétition), There must be some kind of Way out of here de Rainer Kohlberger (Off Limits), Ecorce de Samuel Patthey et Silvain Monney (compétition), Cause of death de Jyoti Mystri (Off-Limits) et L’Art dans le sang de Joanna Quinn (compétition). A noter d’ailleurs qu’une accréditation grand public permet de suivre une partie du festival en ligne, et donc de découvrir depuis chez soi tous les courts métrages en lice.
Pour ce qui est du format long, le film le plus attendu de l’année est évidemment La Traversée de Florence Miailhe que l’on espérait à Cannes, et que l’on aura le bonheur de découvrir enfin puisqu’aucune des sections cannoises n’a eu l’audace de le sélectionner, malgré des échos extrêmement positifs.
Il suit deux enfants jetés seuls sur la route, et qui traversent tout le continent à la recherche d’un havre d’accueil et de liberté. On a déjà pu admirer lors des différentes présentations du projet le travail exceptionnel mené sur les couleurs, les contrastes et les mouvements, qui promettent une oeuvre d’une grande beauté formelle.
On se réjouit également de voir enfin sur grand écran Archipel de Félix Dufour-Laperrière, dont nous vous parlions au moment de Rotterdam : un film foisonnant, dense, urgent et presque fiévreux, qui nous saisit et nous emporte au rythme du fleuve Saint-Laurent dont il entreprend d’explorer les “mille îles”, réelles ou imaginaires. On pourra également voir Flee de Jonas Poher Rasmussen, label Cannes 2020, lauréat du Grand Prix à Sundance, et découvert lors du festival hybride Visions du Réel. Il s’agit d’un documentaire qui retrace le parcours extrêmement fort d’Amin, un réfugié afghan au Danemark, qui pendant 20 ans a caché le lourd secret lié à son arrivée en Europe.
Sont enfin attendues des oeuvres d’auteurs reconnus tels que Michaela Pavlatova qui présente son premier long métrage Ma famille afghane et Pierre Hébert, dont on découvrira Le Mont Fuji vu d’un train en marche.
Le grand rendez-vous du cinéma d’animation a donc réussi son pari de retrouver dès cette année une édition physique dans les meilleures conditions possibles, avec des festivaliers certes moins nombreux, mais un programme toujours aussi riche et excitant. A suivre toute la semaine sur Ecran Noir !