Cannes 2021 | 17 actrices-réalisatrices sur la Croisette

Cannes 2021 | 17 actrices-réalisatrices sur la Croisette

C’est un festival d’actrices-réalisatrices à Cannes cette année. Le ton a été donné dès la Palme d’or d’honneur pour Jodie Foster, qui compte quatre longs métrages au compteur: les intimistes Little Man tate et Home for Holidays, la comédie Le complexe du castor et le thriller Money Monster. Et c’est sans compter la réalisation d’épisodes de séries. Jodie Foster a d’ailleurs été citée deux fois aux Directors Guild of America Awards pour sa mise en scène d’un épisode de House of Cards et un autre d’Orange is the New Black.

Dans le jury, on croise Mélanie Laurent, auréolée d’un César du meilleur documentaire pour Demain, co-réalisé avec Cyril Dion. Depuis De moins en moins, son court-métrage en 2008, elle a tourné quatre films, dont Les adoptés, le très beau Respire et le très noir et américain Galvinston. En septembre, sur Amazon Prime, on pourra découvrir son adaptation du best-seller de Victoria Mas, Le bal des folles, et en janvier 2023, a priori en salles, The Nightingale, avec les sœurs Fanning.

Toujours dans le jury, Maggie Gyllenhaal est passée derrière la caméra cette année pour réaliser The Lost Daughter, adaptation du roman La figlia oscura (Poupée volée en français) signé Elena Ferrante. Pas encore de date de sortie pour ce film qui réunit Olivia Colman, Dakota Johnson et Peter Saarsgard.

Dans la compétition, les festivaliers pourront voir plusieurs vedettes féminines qui ont déjà expérimenté la réalisation.

Sophie Marceau, quasiment de tous les plans dans Tout s’est bien passé de François Ozon, son premier film à Cannes depuis 2009 (Ne te retourne pas, hors-compétition), a réalisé trois longs métrages (pas tout à fait convaincants) depuis vingt ans, après un essai dans le court en 1996: Parlez-moi d’amour (prix de la mise en scène à Montréal), La disparue de Deauville et Mlle Mills, une voisine parfaite.

En compétition également, avec La fracture de Catherine Corsini, Valeria Bruni Tedeschi est dorénavant une réalisatrice reconnue avec quatre films, un téléfilm et un documentaire à son actif. Mêlant un humour ironique, des situations cocasses et des mélodrames familiaux, elle met en scène des morceaux de sa vie au fil de ses récits dans une sorte de psychanalyse filmée souvent jubilatoire: Il est plus facile pour un chameau… (Prix Louis-Delluc du premier film, Prix du meilleur premier film à Tribeca), Actrices (Prix spécial du jury Un certain regard à Cannes), Un château en Italie (en compétition à Cannes) et Les estivants.

Hors-compétition, Emmanuelle Bercot présente cette année De son vivant, qui signe le grand retour du duo Catherine Deneuve – Benoît Magimel, qu’elle avait dirigés dans La tête haute (en compétition à Cannes et nommée aux César dans les catégories film, réalisation et scénario). L’actrice, prix d’inteprétation à Cannes pour Mon roi, avait aussi été récompensée sur la Croisette en tant que réalisatrice, avec un prix du jury du court métrage pour Les vacances en 1997. Depuis plus de vingt ans, elle enchaîne les longs métrages sur des sujets mêlant société et drame humain (Clément, Backstage, Elle s’en va, avec Deneuve, La fille de Brest). Elle a aussi co-scénarisé Polisse de Maïwenn, prix du jury à Cannes en 2011.

Valérie Lemercier est aussi une vétéran. La comédienne a réalisé six comédies plus ou moins bonnes, avec sa petite dose de mauvais goût et son talent certain du portrait caricaturé : Quadrille, Le derrière, Palais royal! (son plus gros succès), 100% cachemire, Marie-Francine et, Aline, inspiré de la vie de Céline Dion, et qui sera présenté aussi hors-compétition cette année à Cannes.

Encore plus expérimentée, Josiane Balasko, qui vient sur la Croisette pour Tralala des frères Larrieu. La coauteure du Splendid, est passée à la réalisation dès 1985 avec Sac de nœuds. Ont suivis Les keufs, Ma vie est un enfer (un peu plus ambitieux) et son meilleur film (et plus gros hit avec 4 millions d’entrées), Gazon maudit (1995, César du meilleur scénario, nommée pour la réalisation). Elle a aussi adapté deux de ses pièces de théâtre – Un grand cri d’amour, L’ex-femme de ma vie – avant de prendre un virage plus sociétal avec Cliente et Demi-sœur.

Il y a aussi des primo-réalisatrices françaises cette année dans les sélections. Charlotte Gainsbourg avec le documentaire sur sa mère Jane Birkin, Jane par Charlotte. Noémie Merlant, qui, après deux courts métrages, s’est lancée dans le long avec Mi iubita. Elle avait partagé l’affiche de Portrait de la jeune fille en feu avec Luana Bajrami qui a réalisé un court (En été mûrissent les baies) et un long (La colline où rugissent les lionnes). Aïssa Maïga a préféré le documentaire, coréalisé avec Isabelle Simeoni, avec Regard noir, explorant un peu plus la condition des noirs dans le monde de l’image. Enfin, Sandrine Kiberlain, déjà réalisatrice et scénariste du court Bonne figure il y a cinq ans, a les honneurs du 60e anniversaire de la Semaine de la Critique avec son premier long, Une jeune fille qui va bien. Un film surlequel elle travaille depuis des années…

Anaïs Volpé se dirige plus sûrement derrière la caméra que devant. La jeune actrice a déjà cinq courts, une série et deux longs dans les pattes. Elle sera l’une des talents à suivre à la Quinzaine des réalisateurs, avec Entre les vagues.

De son côté, avec Bonne mère à Un certain regard, Hafsia Herzi arrive avec son deuxième film, deux ans après Tu mérites un amour, primé à Angoulême, Stokholm et Bruxelles et sélectionné à la Semaine de la critique.

Enfin, à Cannes Classics, deux actrices-réalisatrices sont mises à l’honneur. Kinuyo Tanaka (1909-1977) pour La Lune s’est levée. A l’affiche de plus de 250 films, primée en tant qu’actrice à Berlin, elle a réalisé six films, devenant la seule femme cinéaste active durant l’âge d’or du cinéma japonais des années 1950. Son premier film, Lettre d’amour, fut en compétition à Cannes en 1954.

Et Ana Mariscal (1923-1995) sera présente avec son film Le chemin. Profitant de sa notoriété après avoir tourné une vingtaine de films depuis 1940 (sous la direction de Ignacio F. Iquino, Eusebio Ardavin, José Luis Sáenz de Heredia, Luis Lucia ou encore Rafael Gil), elle lance en 1953 sa société de production pour réaliser une dizaine de longs métrages dans des genres très variés, du drame à la comédie.

https://youtu.be/Z930oLKuosA