Cartoon Movie 2022 : le très attendu Unicorn Wars d’Alberto Vazquez se dévoile avant sa sortie

Cartoon Movie 2022 : le très attendu Unicorn Wars d’Alberto Vazquez se dévoile avant sa sortie

Traditionnellement, le Cartoon Movie est l’occasion de prendre le pouls de la production de longs métrages d’animation européens. On y découvre à la fois les nouveaux projets, présentés parfois sous la forme de simples concepts encore amenés à évoluer, et un avant-goût des films prévus sur les écrans dans les mois à venir.

Lors de l’édition 2022 qui s’est tenue à Bordeaux début mars ont ainsi été dévoilées plusieurs séquences de films attendus, tels que Les Secrets de mon père de Vera Belmont, Les Démons de mon grand-père de Nuno Beato, Yuku et les fleurs de l’Himalaya de Rémi Durin et Arnaud Demuyunck ou encore l’un des grands événements de l’année, le nouveau long métrage du réalisateur espagnol Alberto Vazquez, connu pour son oeuvre de courts métrages (Birdboy, Decorado dont nous vous parlions lors d’une rétrospective sur le festival de Cannes ou encore Homeless Home que nous évoquions à l’occasion de sa présentation au Festival d’Annecy, où il a d’ailleurs reçu le prix du jury) ainsi que pour un premier long sombre et puissant, Psiconautas, cosigné avec Pedro Rivera.

Son nouveau projet, Unicorn Wars, est une adaptation d’un autre de ses courts métrages, Sangre de Unicorno, à destination d’un public résolument ado-adulte. Il raconte en effet la guerre ancestrale que se livrent Oursons et Licornes au coeur de la forêt magique. On y suit notamment deux Oursons, frères rivaux, qui prennent part à la bataille et vont mettre au jour de lourds secrets liés à l’histoire de leur famille.

Le réalisateur, qui depuis sa première participation au Cartoon Movie décrit le film comme un mix de Bambi et Apocalypse now, explique avoir voulu se pencher « sur l’origine de toutes les guerres, à travers une anti-fable fantastique » mais aussi questionner des thèmes tels que « l’écologie, les religions, la maternité [ou encore] le fanatisme« .

Il promet au spectateur « 90 minutes d’images hallucinantes » et des « sentiments mitigés malgré l’humour du récit« , et au vu de la vingtaine de minutes que l’on a pu découvrir à Bordeaux, on le croit sur parole. Au fil de différentes séquences non continues, on a en effet pu plonger dans les différents univers esthétiques du récit qui passe de scènes très sombres, jouant avec les codes du film d’horreur, à des décors pastels et acidulés tout droit sortis des Bisounours, en passant par des séquences carrément psychédéliques.

Comme souvent dans son oeuvre, Alberto Vazquez s’empare à bras le corps de l’imagerie propre au monde du conte pour mieux révéler la noirceur de ses personnages. Ainsi, la fausse « mignonnerie » des Oursons, nommés « Caresse » ou « Pompon » et utilisant des flèches munies de coeur, crée un saisissant contraste avec les propos haineux qu’ils tiennent et les bains de sang qu’ils provoquent.

L’histoire semble également tenir ses promesses de satire au vitriol fustigeant toutes les formes d’extrémisme, le culte de la violence virile et le cynisme convulsif des dirigeants, le tout avec un mélange d’outrance gourmande et d’ironie corrosive qui devraient confirmer le talent d’Alberto Vazquez pour dresser le portrait (désespéré) de notre époque. Les producteurs Chelo Loureiro (Abano Producións), Iván Miñambres (UniKo) et Nicolas Schmerkin (Autour de Minuit) ont d’ailleurs souligné leur tristesse de constater que la sortie du film coïncidait avec un conflit international de grande ampleur comme celui qui se tient actuellement en Ukraine. Ce contexte risque en effet de donner une acuité toute particulière à ce récit de l’embrigadement d’une population pour l’amener à en exterminer une autre dans le seul but de servir les intérêts personnels d’une poignée de puissants, mais c’est évidemment son aspect terriblement atemporel et universel qui frappe le plus.

En attendant de connaître le festival audacieux où il fera sa grande première (de préférence dans une ville du sud de la France au mois de mai), nous vous invitons à vous faire une idée avec ce premier trailer, et à patienter en (re)découvrant le travail d’Alberto Vazquez dont certains films sont en ligne, à l’image de Sangre de Unicorno que nous vous proposons de voir ici.